Existe-t-il un mode d’emploi pour créer de l’emploi ? Selon Mohamed Chiguer, docteur en économie et analyste économique, invité de Rachid Hallaouy, lundi 16 décembre, il n’existe pas de formule magique pour la création d’emplois. «On ne décrète pas la création d’emplois, mais on crée les conditions nécessaires», précise-t-il. Les politiques basées sur des subventions ou des aides sont jugées inefficaces, et le «Plan Émergence» est sévèrement critiqué comme étant un gaspillage de ressources. «Mobiliser 14 milliards de DH pour soutenir l’emploi, c’est plus du gaspillage qu’autre chose», déclare Chiguer.
«Au Maroc, les entrepreneurs ne cherchent pas à développer leur entreprise par peur de problèmes administratifs ou fiscaux», explique-t-il. Cette approche conservatrice empêche la création de valeur ajoutée et restreint la croissance des entreprises. Selon une étude, les petites entreprises préfèrent rester petites pour éviter les complications administratives.
Pour changer cette dynamique, il est essentiel que l’État joue un rôle plus actif en définissant des besoins clairs pour l’emploi, sans tomber dans le piège des recommandations des institutions internationales qui ne tiennent pas compte des réalités marocaines. «Le gouvernement doit cesser de suivre des recommandations des institutions internationales qui ne tiennent pas compte de nos réalités économiques», souligne Chiguer. L’invité appelle à une refonte complète des politiques publiques pour intégrer l’économie informelle et offrir des opportunités d’emploi durables.
L’entreprise, publique ou privée, doit-elle œuvrer pour la création d'emplois ? Mohamed Chiguer répond sans ambiguïté que sa priorité est de maximiser le profit, sans égard particulier à l’augmentation du nombre de salariés. Selon lui, la logique économique de l’entreprise est de rester compétitive, d’où l’investissement dans l’automatisation et la robotisation pour accroître la productivité. «Chaque fois que l’effectif salarié augmente son rendement, on réduit les personnels pour maximiser la productivité.»
Cette démarche, dictée par une quête incessante de compétitivité, peut conduire à des licenciements, surtout dans un contexte où les entreprises cherchent à moderniser leurs processus pour rester compétitives sur un marché globalisé. Ces restructurations peuvent détruire des emplois. Les chiffres témoignent de cette réalité: le secteur formel ne représente que 3,6 millions d’emplois déclarés à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), soit 12,73% de la population en âge d’activité. L’essentiel des emplois se trouve ainsi en dehors des entreprises structurées, dans l’informel ou dans des formes de sous-emploi. «Nous avons une économie dominée par un capitalisme patrimonial, pas par l’entrepreneuriat», conclut-il.
Pour Mohamed Chiguer, la priorité devrait être de rester compétitive tout en intégrant des approches plus inclusives pour l’emploi, notamment via l’adoption de nouvelles technologies. Cependant, il met en garde contre le piège de l’automatisation qui, sans politique de reconversion et de formation adéquate, risque d’exclure les travailleurs des évolutions technologiques. «L’automatisation ne doit pas uniquement conduire à des suppressions d’emplois, mais être accompagnée par des politiques de reconversion et de formation.» Chiguer critique également la vision stratégique limitée des entreprises marocaines qui ne parviennent pas à anticiper les mutations technologiques et leurs impacts sur l’emploi. «Les entreprises marocaines manquent souvent d’une vision de long terme qui intègre les mutations technologiques et leurs impacts sur l’emploi.» Cette incapacité à se projeter dans le futur conduit à une gestion par à-coups, sans véritables stratégies pour s’adapter aux changements économiques.
Quel levier économique utilise le Maroc : soutien à l’offre ou à la demande ? Notre expert qualifie la politique économique actuelle du Maroc de «position hybride» qui ne permet ni de stimuler suffisamment l’offre, ni de répondre complètement à la demande. Inefficace selon lui, cette approche se traduit par un déséquilibre structurel, avec une économie trop centrée sur la consommation. Pour notre invité, les politiques de soutien au Maroc n’ont pas suffisamment promu l’offre productive et les investissements structurels capables de créer de la richesse durable et des emplois stables et bien rémunérés.
Pour sa part, explique l'invité, l’État réduit son recrutement pour se conformer aux recommandations des institutions financières internationales, ce qui impacte directement le taux de chômage. De son côté, le secteur privé n’arrive pas à créer suffisamment d’emplois, avec seulement 60 à 70.000 nouveaux emplois par an, alors que la destruction d’emplois est beaucoup plus élevée. Cette situation souligne une incapacité à absorber la demande croissante de travail sur le marché. Le tissu économique marocain est caractérisé par une domination des très petites et petites entreprises qui, bien que représentant 93% du tissu économique, créent moins d’emplois que les grandes unités moyennes.
Cette faiblesse structurelle est aggravée par un manque de confiance dans les institutions et un cadre bureaucratique complexe, ce qui freine l’expansion et le développement des entreprises. Les réformes économiques marocaines n’ont pas su adapter une vision stratégique claire pour répondre aux défis économiques actuels. L’économie marocaine continue de faire face à une pression démographique importante et à une incapacité à absorber les flux migratoires de la main-d’œuvre, ce qui exacerbe le problème du chômage.
Pour surmonter ces défis, il est important de reconsidérer la structure économique du pays et de promouvoir une approche plus inclusive qui intègre le secteur privé et le public dans une stratégie de croissance durable.
«Au Maroc, les entrepreneurs ne cherchent pas à développer leur entreprise par peur de problèmes administratifs ou fiscaux», explique-t-il. Cette approche conservatrice empêche la création de valeur ajoutée et restreint la croissance des entreprises. Selon une étude, les petites entreprises préfèrent rester petites pour éviter les complications administratives.
Quels leviers pour dynamiser l’emploi ?
Pour notre invité, il est impératif de s’appuyer sur des diagnostics économiques objectifs et de réformer en profondeur l’économie à travers des solutions à long terme. Il propose que l’État définisse des besoins clairs à travers une approche «zéro budget», en intégrant notamment des secteurs tels que l’éducation, la santé ou la sécurité. Cette approche doit repenser complètement les structures économiques pour inclure l’économie informelle, qui représente une part importante de l’activité économique. Les politiques actuelles manquent de clarté et se fondent sur des diagnostics erronés. Quelque «40% du PIB marocain repose sur la consommation, ce qui reflète un déséquilibre structurel», note-t-il.
La majorité des petites entreprises, pour sa part, adopte une approche patrimoniale, limitant sa croissance et sa capacité à créer de l’emploi. La structuration économique actuelle pose également un défi majeur. «Nous manquons d’un seuil critique de capital pour faire grossir les moyennes et grandes entreprises.» Avec 300.000 nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année, le Maroc doit absorber ces jeunes tout en remédiant à la mauvaise structure économique. L’économie marocaine est mal structurée et ne peut pas absorber efficacement ces nouveaux arrivants. Le manque de capital et de confiance dans le secteur privé entrave la création d’emplois à valeur ajoutée.Pour changer cette dynamique, il est essentiel que l’État joue un rôle plus actif en définissant des besoins clairs pour l’emploi, sans tomber dans le piège des recommandations des institutions internationales qui ne tiennent pas compte des réalités marocaines. «Le gouvernement doit cesser de suivre des recommandations des institutions internationales qui ne tiennent pas compte de nos réalités économiques», souligne Chiguer. L’invité appelle à une refonte complète des politiques publiques pour intégrer l’économie informelle et offrir des opportunités d’emploi durables.
L’entreprise, publique ou privée, doit-elle œuvrer pour la création d'emplois ? Mohamed Chiguer répond sans ambiguïté que sa priorité est de maximiser le profit, sans égard particulier à l’augmentation du nombre de salariés. Selon lui, la logique économique de l’entreprise est de rester compétitive, d’où l’investissement dans l’automatisation et la robotisation pour accroître la productivité. «Chaque fois que l’effectif salarié augmente son rendement, on réduit les personnels pour maximiser la productivité.»
Cette démarche, dictée par une quête incessante de compétitivité, peut conduire à des licenciements, surtout dans un contexte où les entreprises cherchent à moderniser leurs processus pour rester compétitives sur un marché globalisé. Ces restructurations peuvent détruire des emplois. Les chiffres témoignent de cette réalité: le secteur formel ne représente que 3,6 millions d’emplois déclarés à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), soit 12,73% de la population en âge d’activité. L’essentiel des emplois se trouve ainsi en dehors des entreprises structurées, dans l’informel ou dans des formes de sous-emploi. «Nous avons une économie dominée par un capitalisme patrimonial, pas par l’entrepreneuriat», conclut-il.
Pour Mohamed Chiguer, la priorité devrait être de rester compétitive tout en intégrant des approches plus inclusives pour l’emploi, notamment via l’adoption de nouvelles technologies. Cependant, il met en garde contre le piège de l’automatisation qui, sans politique de reconversion et de formation adéquate, risque d’exclure les travailleurs des évolutions technologiques. «L’automatisation ne doit pas uniquement conduire à des suppressions d’emplois, mais être accompagnée par des politiques de reconversion et de formation.» Chiguer critique également la vision stratégique limitée des entreprises marocaines qui ne parviennent pas à anticiper les mutations technologiques et leurs impacts sur l’emploi. «Les entreprises marocaines manquent souvent d’une vision de long terme qui intègre les mutations technologiques et leurs impacts sur l’emploi.» Cette incapacité à se projeter dans le futur conduit à une gestion par à-coups, sans véritables stratégies pour s’adapter aux changements économiques.
Quel levier économique utilise le Maroc : soutien à l’offre ou à la demande ? Notre expert qualifie la politique économique actuelle du Maroc de «position hybride» qui ne permet ni de stimuler suffisamment l’offre, ni de répondre complètement à la demande. Inefficace selon lui, cette approche se traduit par un déséquilibre structurel, avec une économie trop centrée sur la consommation. Pour notre invité, les politiques de soutien au Maroc n’ont pas suffisamment promu l’offre productive et les investissements structurels capables de créer de la richesse durable et des emplois stables et bien rémunérés.
Pourquoi les réformes économiques entreprises depuis les années 1990, y compris le plan émergence, n’ont-elles pas donné de résultats significatifs ?
Chiguer critique le manque de vision à long terme intégré à ces réformes, ce qui a empêché leur succès. Il fait également référence à une approche économique dominée par le capitalisme, qui n’a pas été bien assimilée par la bourgeoisie marocaine. Cette dernière préfère encore une démarche patrimoniale plutôt que d’investir dans l’entrepreneuriat, ce qui freine la croissance économique.Pour sa part, explique l'invité, l’État réduit son recrutement pour se conformer aux recommandations des institutions financières internationales, ce qui impacte directement le taux de chômage. De son côté, le secteur privé n’arrive pas à créer suffisamment d’emplois, avec seulement 60 à 70.000 nouveaux emplois par an, alors que la destruction d’emplois est beaucoup plus élevée. Cette situation souligne une incapacité à absorber la demande croissante de travail sur le marché. Le tissu économique marocain est caractérisé par une domination des très petites et petites entreprises qui, bien que représentant 93% du tissu économique, créent moins d’emplois que les grandes unités moyennes.
Cette faiblesse structurelle est aggravée par un manque de confiance dans les institutions et un cadre bureaucratique complexe, ce qui freine l’expansion et le développement des entreprises. Les réformes économiques marocaines n’ont pas su adapter une vision stratégique claire pour répondre aux défis économiques actuels. L’économie marocaine continue de faire face à une pression démographique importante et à une incapacité à absorber les flux migratoires de la main-d’œuvre, ce qui exacerbe le problème du chômage.
Pour surmonter ces défis, il est important de reconsidérer la structure économique du pays et de promouvoir une approche plus inclusive qui intègre le secteur privé et le public dans une stratégie de croissance durable.