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Tomates, poivrons... la campagne marocaine piétine sous l’effet du réchauffement climatique

La campagne des légumes d’hiver au Maroc, habituellement lancée fin septembre, ne commencera pas avant mi-novembre. Entre canicule, pertes de récolte et manque de semences, les producteurs font face à une situation inédite qui pourrait impacter durablement les exportations.

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Une fois de plus, le calendrier de la campagne marocaine de légumes précoces est chamboulé. À Agadir, cœur névralgique de la production destinée à l’export, les premiers légumes d’hiver ne sortiront de terre qu’à la mi-novembre, avec plus d’un mois de retard sur les habitudes du secteur. En cause : des conditions climatiques extrêmes durant l’été, qui ont perturbé l’ensemble du cycle agricole.



Mohamed Ait Elmkadem, directeur général du producteur-exportateur Orisud, évoque sans détour les conséquences du réchauffement climatique sur le terrain. « Le retard de cette saison est une manifestation évidente du changement climatique qui frappe le Maroc. Il a été aggravé cette année par des vagues de chaleur successives, notamment celle d’août, qui a compromis les plantations initiales », explique-t-il à la plateforme FreshPlaza.

Les semis de juillet et août, habituellement destinés à ouvrir la saison dès septembre, ont été largement détruits. Selon Ait Elmkadem, la chaleur extrême a non seulement entraîné la perte de jeunes plants, notamment de tomates et de poivrons, mais elle a également découragé de nombreux agriculteurs de replanter immédiatement, craignant la propagation de virus spécifiques à ces cultures dans des conditions de température élevées. À cela s’ajoute un facteur aggravant : la pénurie de semences. « Il est très difficile de se procurer les graines nécessaires, ce qui a encore repoussé la replantation. Certains n’ont pas encore pu relancer leur production, d’autres n’en sont qu’à leurs débuts, et plusieurs ont même dû convertir leurs serres vers d'autres cultures, faute de solutions », précise le producteur.

Les variétés les plus touchées sont les tomates segmentées (type allongé ou grappe) et les poivrons, tandis que la tomate ronde, plus rustique, semble mieux résister. Si le volume total exporté devrait être rattrapé sur la fin de saison, notamment en mars-avril, les impacts économiques à court terme pourraient être significatifs. Le démarrage tardif compromet l’exécution des contrats passés avec les distributeurs européens et risque d'entraîner une saturation soudaine des marchés à partir de décembre. « Beaucoup de volumes vont arriver en même temps, ce qui entraînera une baisse des prix. Il est peu probable que l’on assiste aux pics habituels de janvier-février », anticipe Ait Elmkadem.

Alors que le Maroc joue un rôle stratégique sur le marché européen des primeurs, notamment en période hivernale, ces perturbations interrogent sur la résilience du modèle agricole national face aux aléas climatiques. Pour les producteurs, cette saison s’annonce non seulement plus courte, mais aussi plus incertaine, tant sur le plan logistique que commercial. L’adaptation devient une nécessité urgente, dans un contexte où les anomalies météorologiques tendent à devenir la norme plutôt que l’exception.
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