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Tourisme : la SMIT dévoile son plan d’action triennal

La Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) prévoit de débourser près de 3 milliards de dirhams sur les trois prochaines années afin de remplir sa part du marché dans la stratégie nationale pour le développement du tourisme. Villages touristiques, incubateurs thématiques, projets d'animation, lits additionnels, programme d'appui aux TPME... les détails.

Les trois prochaines années seront bien remplies pour la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT). Le plan d’action dévoilé par son directeur général, Imad Barrakad, annonce en effet un programme assez chargé ainsi que la mobilisation d’importants moyens pour promouvoir l’investissement au niveau des principales filières et écosystèmes touristiques promus par la feuille de route 2023-2026. Ce plan d’action concentre les efforts et les ressources sur 5 chantiers prioritaires liés à l’attractivité des destinations et des produits.
Le premier chantier est relatif à l’amélioration de l’attractivité des territoires concernés par les différentes filières touristiques déjà identifiées. Sa réalisation mobilisera une enveloppe de 1 milliard de DH destinée à accompagner la mise en place des prérequis de développement de ces filières, particulièrement les prérequis d’animation.

Programme d’appui aux TPME : 800 MDH déjà engagés

La SMIT prévoir d’accélérer le déploiement du programme d’appui aux TPME, un projet visant à accompagner le développement d’une industrie d’animation dans les 12 régions du Maroc. Doté d’un budget d’un milliard de DH, ce programme cible pas moins de 1.500 TPME (existantes ou à créer). À ce stade, le déploiement du programme est déjà bien avancé, puisqu’à ce jour 9 Conseils de régions ont délibéré et décidé la création de sociétés de développement régional (SDR), avec l’appui de la SMIT, pour la promotion des investissements et la gestion de leur destination. Un engagement budgétaire de plus de 800 millions de dirhams sous forme d'incitations (sous forme de subventions) en faveur de ces activités, a été acté à ce jour dans le cadre du programme Moukawala Siyahiya. «Ces SDR seront de vrais incubateurs de développement des projets touristiques dans le cadre des circuits ou des produits qui ont été développés», commente le DG de la SMIT.

Villages touristiques intégrés : 200 MDH mobilisés par la SMIT

Le plan d’action 2024-2026 prévoit aussi la concrétisation du projet des villages touristiques intégrés, pour lequel 200 millions de DH (MDH) seront mobilisés par la SMIT. D’ailleurs, ce deuxième chantier prioritaire a déjà franchi quelques pas vers sa réalisation : une liste préliminaire de 16 villages a été identifiée et la structuration financière ainsi que le mode de déploiement ont été définis. Selon le planning de la SMIT, les premières conventions de partenariat portant sur le financement et la mise en œuvre du programme seront signées courant 2024 et concerneront 8 villages.

Incubateurs thématiques : les appels d’offres lancés avant fin mars

L’autre chantier phare du plan d’action de la SMIT est la mise en place de 3 plateformes nationales d’incubation thématiques autour de trois grands produits. «Sur les trois prochaines années, on ambitionne d'avoir 100 investisseurs dans la gamification de l’expérience touristique, 60 investisseurs dans les services digitaux aux hôtels et 200 investisseurs dans la gastronomie marocaine», souligne-t-il. «Pour le développement de ces plateformes, nous mobiliserons plus de 160 millions de DH. Les primes d’investissement peuvent aller jusqu'à 400.000 DH pour des projets qui seraient assez intéressants, soit quasiment 50% du montant de l'investissement, mais à condition que le projet soit réalisé dans les trois prochaines années», précise le responsable, ajoutant que les appels d'offres seront lancés avant fin mars.
Parmi les activités qui pourraient être appuyées dans le cadre de l’incubateur «Gastronomie», on peut citer la création de lieux gastronomiques dans les espaces patrimoniaux et lieux insolites, les restaurants dans les musées et espaces d’exposition, les kiosques de restauration dans les places publiques, les food trucks dans les artères animées et fréquentées, les expériences culinaires avec réalité virtuelle, les restaurants avec du cooking show, les restaurants immersifs...

L’incubateur «Gaming» sera quant à lui dédié aux activités de type «Escape Game» dans des bâtisses de la médina ou la ville, «Explore Game» géolocalisés, géocaching et jeux de piste, réalité augmentée dans les sites patrimoniaux, application de parcours de visite virtuelle, bornes de réalité virtuelle, cinéma 5D et 7D, simulateur indoor flyview, salle de jeux réalité augmentée... Des chefs-lieux ont été choisis pour porter le développement de ces offres : la destination Fès pour la gastronomie, la destination Marrakech pour le gaming et la destination Agadir pour la digitalisation des services hôteliers.

Projets-locomotives : le parc à thème de Marrakech pas avant 2030

Le quatrième chantier porte sur le développement de 14 projets locomotives de grande animation, ayant pour objectif d’atteindre les paris stratégiques attribués à chacune des filières dans le cadre de la feuille de route nationale pour le tourisme. «Ces projets locomotives ont été conçus pour être des points d'inflexion dans le développement de chaque territoire. Nous avons mis en place un planning de développement séquencé sur les trois prochaines années», explique Imad Barrakad.
La SMIT assurera la promotion de ces projets à travers l’identification du foncier, la réalisation des études de faisabilité préliminaires et du montage financier, la recherche de financement auprès des partenaires publics et/ou privés pour la contractualisation de l’exécution desdits projet, tout en assurant l’accompagnement et le monitoring de leur réalisation. Le processus de promotion de ces projets a été déjà engagé avec la signature de mémorendums avec des investisseurs d’envergure.

La liste des projets-locomotives comprend : la Station verte de l’Oukaïmden, un Dino Parc à Azilal, un parc d'attraction familial à Casablanca, l’extension du parc OFEC à Casablanca, un centre de conférences et d’exposition à Marrakech, un parc à thème à Marrakech, les projet intégrés de développement des parcs nationaux d’Ifrane, du Toubkal et de Souss-Massa, un complexe sportif à Saïdia, une zone intégrée de vols en montgolfières au nord d’Agafay, une Marketplace de produits (priorité Agadir), l’Institut du monde méditerranéen à Tanger et la station verte «Nature» intégrée à Béni Mellal.

Mais le projet le plus grandiose de la liste reste sans conteste ce parc d'attraction thématique à 3 milliards de DH qui sera édifié à Marrakech sur 200 hectares. «Ce projet est très compliqué à réaliser. Nous avons déjà signé deux NDA avec de grands donneurs d'ordres internationaux qui sont aujourd'hui en train d'étudier la faisabilité du projet. Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que les discussions avec eux sont bien avancées. La prochaine étape sera de mobiliser le foncier. Il y a eu des réunions avec les autorités locales et avec les propriétaires du foncier, et nous sommes en train d'avancer là-dessus», fait savoir le DG de la SMIT, précisant que le projet ne verra probablement pas le jour avant 2030.

Capacité d’accueil : une hausse de 5% à l’horizon 2026

Dans le cadre du cinquième chantier prioritaire, la SMIT poursuit la consolidation de l’offre hôtelière et appuie la création de nouvelles capacités. «Les hôtels qui existent aujourd’hui sont suffisants pour accueillir les 17,5 millions de visiteurs attendus à l’horizon 2026. Ce qu’il faut, c’est améliorer leurs performances, notamment à travers une mise à niveau», assure M. Barrakad. Dans ce sens, plus de 62.000 lits ont été recensés comme nécessitant une intervention, dont plus de 12.000 lits fermés. Le taux de fermeture étant plus prononcé au niveau d’Agadir et d’Ouarzazate, les efforts ont été concentrés sur ces deux destinations. Ces efforts se sont soldés par la reprise de plusieurs actifs par de nouveaux investisseurs-gestionnaires de renommée internationale.
On peut citer «l’ex-Club Med» qui a été repris par la filiale du groupe TUI et l’hôtel palais des roses d’Agadir repris par «Pickalbatros» pour la destination d’Agadir. D’autres actifs ont été repris par des investisseurs marocains tels que le groupe Kabbaj KMR pour l’hôtel Kasbah et d’autres investisseurs sont en cours de négociation avec les vendeurs.

Pour Ouarzazate, les opérations de reprises ont été réalisées en partenariat avec les propriétaires. Ainsi, le projet Farah El Janoub a été repris par le groupe ABS Al Kabida, l’hôtel Mercure a été repris par le groupe Amoushka, les hôtels de Tichka Salam et Riyad Salam sont en train d’être repris par un investisseur marocain et enfin l’hôtel Belere saisi et dont la vente devrait être opérée dans les prochaines semaines.

«Le produit CAP Access mis en place par le Fonds Mohammed VI et les Fonds sectoriels tourisme annoncés par le Fonds souverain devraient permettre d’accélérer la reprise des hôtels fermés et/ou en déclin», signale Imad Barrakad. «La Charte d’investissement mise en place par le gouvernement en 2023 devrait profiter aux investisseurs souhaitant reprendre les actifs en difficulté», ajoute-t-il. Selon les estimations, le secteur devrait compter environ 329.000 lits touristiques à l'horizon 2026, soit une capacité additionnelle de 40.000 lits par rapport à 2023, représentant une hausse de 5%.
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