Une politique monétaire bien calibrée pourrait stimuler la croissance. Force est de constater cependant que, dans la réalité, ce n’est pas aussi simple. Si l’on regarde les faits, on s’aperçoit que ses effets restent limités, comme le soulignait Younes Aït Hmadouch, docteur en sciences économiques et professeur-chercheur en économie financière à la Faculté d’économie et de gestion de Kénitra, lors de son passage dans l’émission «L’Info en Face» de «Groupe Le Matin».
En effet, la politique monétaire, souvent perçue comme l’un des leviers majeurs pour dynamiser l’économie, peine à générer des effets tangibles sur la croissance. Mais pourquoi la politique monétaire ne crée-t-elle pas de croissance, alors que cela semble être l’un des leviers les plus évidents ? Younes Aït Hmadouch répond à cette question en se penchant sur «les liens complexes entre les outils monétaires, l’inflation et la réalité du terrain économique».
Ainsi, selon notre invité, plusieurs facteurs expliquent cette inefficacité. La première explication réside dans la nature même des outils utilisés par la Banque centrale pour influencer l’économie (taux d’intérêt, injections de liquidités...) Ces instruments peuvent jouer un rôle important dans la régulation des marchés financiers et dans la gestion de l’inflation, mais ils ne sont pas adaptés à la stimulation directe de la demande globale, notamment dans les secteurs non financiers. L’invité souligne que, bien que les politiques monétaires expansionnistes visent à rendre le crédit plus abordable et à encourager les investissements, ces mécanismes ont montré leurs limites dans des contextes économiques complexes comme celui du Maroc. Par exemple, lorsque les taux d’intérêt sont très bas, il devient plus facile pour les entreprises et les consommateurs d’emprunter. Cependant, cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation substantielle des investissements productifs ou une relance de la consommation, en particulier dans les secteurs clés de l’économie. La simple baisse des coûts de financement ne suffit pas à convaincre les entreprises de se lancer dans de nouveaux projets, surtout dans un contexte d’incertitude politique, économique et sociale.
Autre facteur limitant, les banques ne répercutent pas systématiquement et immédiatement les baisses du taux directeur sur leurs taux d’intérêt respectifs, soutient notre invité. Or, entreprises et ménages sont sensibles à ces variations de taux d’intérêt !
La question qui se pose alors est la suivante : dans un contexte où la politique monétaire semble avoir peu d’impact sur l’inflation domestique, quels leviers supplémentaires pourraient être utilisés pour stimuler la croissance et réduire les inégalités économiques ? Aït Hmadouch considère que la réponse réside dans une approche plus intégrée, alliant des réformes structurelles à des politiques budgétaires plus ambitieuses.
«Qui va vous donner la visibilité sur les secteurs qui ont des problèmes, les secteurs qui ont besoin de financement ? Bien sûr c’est le gouvernement, en l’occurrence le ministère de l’Économie et des finances. Nous avons donc besoin que la banque centrale coordonne avec le gouvernement pour pouvoir relancer l’économie. Nous ne pouvons pas avoir une politique monétaire qui est à côté», analyse l’expert. Point important à retenir, précise Aït Hmadouch, au Maroc, la politique budgétaire n’est pas responsable de l’inflation ! Cette dernière est structurelle et importée, insiste-t-il.
Ainsi, explique-t-il, le financement des investissements dans des secteurs clés peut créer une dynamique économique positive. De même, un renforcement du tissu économique et industriel à travers un soutien direct aux entreprises, en particulier aux PME, est nécessaire pour stimuler la production et l’emploi. En fin, il insiste sur la nécessité de développer l’offre exportable, encore faible. «Si nous avions une balance commerciale excédentaire, nos exportateurs profiteraient du passage au flottement du dirham. Mais avec une balance commerciale déficitaire, l’impact sur les importations reste négatif», analyse-t-il.
Il évoque également les notations de crédit du Maroc, qui sont un indicateur clé de la santé économique du pays sur les marchés financiers internationaux. Les agences de notation attribuent des notes qui influencent la perception des investisseurs et des créanciers à l’égard de la capacité du pays à honorer ses dettes. Une mauvaise notation peut entraîner une hausse des coûts d’emprunt et réduire la marge de manœuvre financière. Et, justement, ces notations sont souvent influencées, entre autres, par cette gestion de la dette publique, la solidité des institutions économiques et la capacité à mettre en œuvre des réformes structurelles. Un cercle infini !
Il mentionne aussi le rôle des institutions internationales, telles que le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, dans l’accompagnement du Maroc. Toutefois, souligne-t-il, ces institutions peuvent aussi poser des défis en termes de souveraineté économique, car elles exigent souvent des ajustements qui peuvent être impopulaires à l’intérieur du pays. «Il faut faire appel aux économistes marocains, à ceux qui connaissent bien le pays et qui ont une vision de ce qu’il faut faire. Nous avons de bons économistes au Maroc, mais il faut qu’ils soient davantage impliqués dans les processus de décision», recommande cet économiste.
Aït Hmadouch insiste sur le fait qu’une telle transformation nécessite une vision à long terme et un accompagnement adapté des entreprises et des citoyens. Il propose de mettre en place des incitations fiscales et des subventions pour encourager les petites entreprises à passer à la formalité, tout en réduisant les obstacles bureaucratiques qui découragent souvent les entrepreneurs.
En effet, la politique monétaire, souvent perçue comme l’un des leviers majeurs pour dynamiser l’économie, peine à générer des effets tangibles sur la croissance. Mais pourquoi la politique monétaire ne crée-t-elle pas de croissance, alors que cela semble être l’un des leviers les plus évidents ? Younes Aït Hmadouch répond à cette question en se penchant sur «les liens complexes entre les outils monétaires, l’inflation et la réalité du terrain économique».
Ainsi, selon notre invité, plusieurs facteurs expliquent cette inefficacité. La première explication réside dans la nature même des outils utilisés par la Banque centrale pour influencer l’économie (taux d’intérêt, injections de liquidités...) Ces instruments peuvent jouer un rôle important dans la régulation des marchés financiers et dans la gestion de l’inflation, mais ils ne sont pas adaptés à la stimulation directe de la demande globale, notamment dans les secteurs non financiers. L’invité souligne que, bien que les politiques monétaires expansionnistes visent à rendre le crédit plus abordable et à encourager les investissements, ces mécanismes ont montré leurs limites dans des contextes économiques complexes comme celui du Maroc. Par exemple, lorsque les taux d’intérêt sont très bas, il devient plus facile pour les entreprises et les consommateurs d’emprunter. Cependant, cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation substantielle des investissements productifs ou une relance de la consommation, en particulier dans les secteurs clés de l’économie. La simple baisse des coûts de financement ne suffit pas à convaincre les entreprises de se lancer dans de nouveaux projets, surtout dans un contexte d’incertitude politique, économique et sociale.
L’effet limité des politiques monétaires sur l’inflation
Un autre problème soulevé par Aït Hmadouch réside dans la gestion de l’inflation. La politique monétaire est souvent utilisée pour la contrôler, en augmentant ou en réduisant les taux d’intérêt. Or, l’efficacité d’une telle démarche dépend largement aussi de facteurs extérieurs. Et c’est là que les choses se compliquent. Ces facteurs externes (fluctuations des prix des matières premières et des denrées alimentaires importées...) exercent une pression considérable sur l’inflation. Et ils échappent au contrôle de la Banque centrale, ce qui rend les ajustements des taux d’intérêt moins efficaces pour maîtriser l’inflation.Autre facteur limitant, les banques ne répercutent pas systématiquement et immédiatement les baisses du taux directeur sur leurs taux d’intérêt respectifs, soutient notre invité. Or, entreprises et ménages sont sensibles à ces variations de taux d’intérêt !
La question qui se pose alors est la suivante : dans un contexte où la politique monétaire semble avoir peu d’impact sur l’inflation domestique, quels leviers supplémentaires pourraient être utilisés pour stimuler la croissance et réduire les inégalités économiques ? Aït Hmadouch considère que la réponse réside dans une approche plus intégrée, alliant des réformes structurelles à des politiques budgétaires plus ambitieuses.
L’importance d’une politique budgétaire active
Faut-il faire converger la politique monétaire et la politique budgétaire pour booster la croissance ? Notre invité répond par l’affirmatif à cette question posée par son hôte, Rachid Hallaouy. Une politique budgétaire plus active et plus ciblée pourrait compenser les faiblesses de la politique monétaire. En effet, si la politique monétaire se limite à la gestion de la masse monétaire, la politique budgétaire a un rôle beaucoup plus direct à jouer dans la relance de l’économie.«Qui va vous donner la visibilité sur les secteurs qui ont des problèmes, les secteurs qui ont besoin de financement ? Bien sûr c’est le gouvernement, en l’occurrence le ministère de l’Économie et des finances. Nous avons donc besoin que la banque centrale coordonne avec le gouvernement pour pouvoir relancer l’économie. Nous ne pouvons pas avoir une politique monétaire qui est à côté», analyse l’expert. Point important à retenir, précise Aït Hmadouch, au Maroc, la politique budgétaire n’est pas responsable de l’inflation ! Cette dernière est structurelle et importée, insiste-t-il.
Ainsi, explique-t-il, le financement des investissements dans des secteurs clés peut créer une dynamique économique positive. De même, un renforcement du tissu économique et industriel à travers un soutien direct aux entreprises, en particulier aux PME, est nécessaire pour stimuler la production et l’emploi. En fin, il insiste sur la nécessité de développer l’offre exportable, encore faible. «Si nous avions une balance commerciale excédentaire, nos exportateurs profiteraient du passage au flottement du dirham. Mais avec une balance commerciale déficitaire, l’impact sur les importations reste négatif», analyse-t-il.
Dette publique : une gestion à réviser !
L’invité de l’émission explique que la dette publique est un facteur important à prendre en compte lorsqu’il s’agit de la croissance économique. La dette, notamment vis-à-vis des créanciers internationaux, représente une contrainte majeure pour le gouvernement, car elle limite la capacité à mener des politiques budgétaires expansives ou de soutenir des projets d’envergure. Cette situation impose au pays une gestion rigoureuse de ses finances publiques pour éviter des tensions qui pourraient nuire à sa stabilité économique.Il évoque également les notations de crédit du Maroc, qui sont un indicateur clé de la santé économique du pays sur les marchés financiers internationaux. Les agences de notation attribuent des notes qui influencent la perception des investisseurs et des créanciers à l’égard de la capacité du pays à honorer ses dettes. Une mauvaise notation peut entraîner une hausse des coûts d’emprunt et réduire la marge de manœuvre financière. Et, justement, ces notations sont souvent influencées, entre autres, par cette gestion de la dette publique, la solidité des institutions économiques et la capacité à mettre en œuvre des réformes structurelles. Un cercle infini !
Il mentionne aussi le rôle des institutions internationales, telles que le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, dans l’accompagnement du Maroc. Toutefois, souligne-t-il, ces institutions peuvent aussi poser des défis en termes de souveraineté économique, car elles exigent souvent des ajustements qui peuvent être impopulaires à l’intérieur du pays. «Il faut faire appel aux économistes marocains, à ceux qui connaissent bien le pays et qui ont une vision de ce qu’il faut faire. Nous avons de bons économistes au Maroc, mais il faut qu’ils soient davantage impliqués dans les processus de décision», recommande cet économiste.
Cryptomonnaie marocaine : traçabilité et faibles commissions sont de mises !
Comment perçoit notre spécialiste la possible création d’une monnaie digitale par la Banque centrale ? Il insiste sur l’importance de rendre cette monnaie digitale compétitive : «Si l’on veut que l’adoption de la monnaie digitale réussisse, il faut permettre à ces Marocains qui vont l’utiliser d’avoir moins de coûts, moins de commissions», recommande-t-il. Car, rappelle Aït Hmadouch, si les cryptomonnaies ont attiré un grand nombre de personnes, c’est aussi en raison de l’absence de commissions et d’intermédiation. Les défis liés à la traçabilité des transactions sur la blockchain sont également à l’ordre du jour. C’est pourquoi une solution de traçabilité devra être mise en place pour assurer une meilleure régulation. En ce qui concerne l’intégration des cryptomonnaies dans le système financier marocain, il n’est pas exclu de voir la future monnaie virtuelle marocaine aux côtés d’autres cryptomonnaies. Le défi qui se pose est de généraliser l’utilisation de cette monnaie marocaine digitale.Informel et inclusion financière ne font pas bon ménage !
Faire adopter une monnaie digitale de la Banque centrale aux acteurs de l’informel est très difficile, soutient notre invité. Or, une adoption massive pourrait non seulement faciliter les paiements, mais aussi intégrer les citoyens et les entreprises de l’informel dans un système économique plus transparent et plus régulé.Aït Hmadouch insiste sur le fait qu’une telle transformation nécessite une vision à long terme et un accompagnement adapté des entreprises et des citoyens. Il propose de mettre en place des incitations fiscales et des subventions pour encourager les petites entreprises à passer à la formalité, tout en réduisant les obstacles bureaucratiques qui découragent souvent les entrepreneurs.