Le 5 mars 2007, ce libraire du célèbre marché aux livres de Moutanabi, à Bagdad, était assis devant son magasin quand un kamikaze a précipité son camion bourré d'explosifs dans la ruelle.
Trente personnes ont été tuées, dont le fils et le frère d'Abdoul Rahman.
Haut-lieu de la vie intellectuelle de la capitale irakienne, le marché aux livres de Moutanabi a été en grande partie détruit. Des dizaines de boutiques ont été ravagées, leur précieuse marchandise est partie en fumée.
Ouvert sur la rive est du Tigre en 1932 par le roi Fayçal II, le marché qui porte le nom du célèbre poète Aboul Taïeb al-Moutanabi (915-965), était réputé dans tout le monde arabe.
Huit mois après l'attentat, débris et murs grêlés d'impacts témoignent encore de la terrible explosion. De nombreuses librairies restent fermées, rideau de fer baissé en devanture.
L'attaque a fait fuir les écrivains, poètes, artistes, intellectuels et simple amoureux des lettres qui avaient l'habitude de se rassembler entre les étals de livres et aux terrasses des cafés voisins.
Mais quelques bulldozzers et engins de terrassement ont fait leur apparition dans la ruelle. Les premiers ouvriers sont arrivés début novembre, après l'octroi par le gouvernement d'un budget de 5,7 millions de dollars pour la réhabilitation du marché.
"J'espère qu'ils vont restaurer la rue Moutanabi fidèlement, c'est le visage intellectuel de l'Irak", explique Abdoul Rhaman.
Pour cet ancien juge à la retraite, reconverti en libraire par amour des livres, cette reconstruction arrive "trop tard". Les clients ont quasiment disparu depuis l'attentat, déplore-t-il.
Quelques librairies ont cependant rouvert leurs portes, au milieu des vendeurs ambulants de CD qui slaloment sur les trottoirs entre les passants.
Al-Shabandar, le café le plus célèbre du marché, reste porte-close, mais des artisans ont déja entamé les travaux.
Avec la relative amélioration de la sécurité que connaît Bagdad depuis la fin de l'été, les libraires du marché de Moutanabi -désormais interdit à la circulation automobile- vivent un peu moins dans la crainte d'un attentat.
A demi-mot, ils avouent encore hésiter à mettre en vitrine les ouvrages politiques et religieux qui pourraient froisser les susceptibilités, et provoquaient une nouvelle attaque d'extrémistes.
"Ce serait imprudent", confie Abdoul Rahman, dont le barbe noire s'est tachée de blanc depuis la mort de son fils. "Mais une librairie est comme une pharmacie qui vend toutes sortes de médicaments. Nous sommes neutres", souligne-t-il.
Moustafa Mohammed, 27 ans, venu à Moutanabi pour imprimer des faire-parts de mariage, n'a pas pu résister au plaisir d'acheter un petit manuel pour apprendre "l'anglais en sept semaines".
"La sécurité s'est améliorée. Cela faisait des mois que je ne pouvais pas mettre les pieds ici. Mais cette amélioration reste relative", avance-t-il, prudent, se disant écoeuré par le "terrorisme aveugle".
"Nous vivons toujours dans la peur", assure un autre libraire, qui refuse de donner son nom. Il se souvient encore de ces hommes en uniformes de la police, circulant dans d'imposants 4X4, venus l'an dernier arrêter le propriétaire de la librairie Al-Qairawan. "Son cadavre mutilé a été retrouvé quelques jours plus tard".
Sur le perron de son magasin, assis entre les piles de livres sur l'Islam, d'histoire, de poésie ou d'informatique, Abdoul Rahman observe au jour le jour l'avancée des travaux.
Il attend avec appréhension l'arrivée de l'hiver. Le froid, l'ont prévenu les médecins, risque de le faire souffrir, avec les morceaux de métal toujours enfoncés dans sa chair.
Trente personnes ont été tuées, dont le fils et le frère d'Abdoul Rahman.
Haut-lieu de la vie intellectuelle de la capitale irakienne, le marché aux livres de Moutanabi a été en grande partie détruit. Des dizaines de boutiques ont été ravagées, leur précieuse marchandise est partie en fumée.
Ouvert sur la rive est du Tigre en 1932 par le roi Fayçal II, le marché qui porte le nom du célèbre poète Aboul Taïeb al-Moutanabi (915-965), était réputé dans tout le monde arabe.
Huit mois après l'attentat, débris et murs grêlés d'impacts témoignent encore de la terrible explosion. De nombreuses librairies restent fermées, rideau de fer baissé en devanture.
L'attaque a fait fuir les écrivains, poètes, artistes, intellectuels et simple amoureux des lettres qui avaient l'habitude de se rassembler entre les étals de livres et aux terrasses des cafés voisins.
Mais quelques bulldozzers et engins de terrassement ont fait leur apparition dans la ruelle. Les premiers ouvriers sont arrivés début novembre, après l'octroi par le gouvernement d'un budget de 5,7 millions de dollars pour la réhabilitation du marché.
"J'espère qu'ils vont restaurer la rue Moutanabi fidèlement, c'est le visage intellectuel de l'Irak", explique Abdoul Rhaman.
Pour cet ancien juge à la retraite, reconverti en libraire par amour des livres, cette reconstruction arrive "trop tard". Les clients ont quasiment disparu depuis l'attentat, déplore-t-il.
Quelques librairies ont cependant rouvert leurs portes, au milieu des vendeurs ambulants de CD qui slaloment sur les trottoirs entre les passants.
Al-Shabandar, le café le plus célèbre du marché, reste porte-close, mais des artisans ont déja entamé les travaux.
Avec la relative amélioration de la sécurité que connaît Bagdad depuis la fin de l'été, les libraires du marché de Moutanabi -désormais interdit à la circulation automobile- vivent un peu moins dans la crainte d'un attentat.
A demi-mot, ils avouent encore hésiter à mettre en vitrine les ouvrages politiques et religieux qui pourraient froisser les susceptibilités, et provoquaient une nouvelle attaque d'extrémistes.
"Ce serait imprudent", confie Abdoul Rahman, dont le barbe noire s'est tachée de blanc depuis la mort de son fils. "Mais une librairie est comme une pharmacie qui vend toutes sortes de médicaments. Nous sommes neutres", souligne-t-il.
Moustafa Mohammed, 27 ans, venu à Moutanabi pour imprimer des faire-parts de mariage, n'a pas pu résister au plaisir d'acheter un petit manuel pour apprendre "l'anglais en sept semaines".
"La sécurité s'est améliorée. Cela faisait des mois que je ne pouvais pas mettre les pieds ici. Mais cette amélioration reste relative", avance-t-il, prudent, se disant écoeuré par le "terrorisme aveugle".
"Nous vivons toujours dans la peur", assure un autre libraire, qui refuse de donner son nom. Il se souvient encore de ces hommes en uniformes de la police, circulant dans d'imposants 4X4, venus l'an dernier arrêter le propriétaire de la librairie Al-Qairawan. "Son cadavre mutilé a été retrouvé quelques jours plus tard".
Sur le perron de son magasin, assis entre les piles de livres sur l'Islam, d'histoire, de poésie ou d'informatique, Abdoul Rahman observe au jour le jour l'avancée des travaux.
Il attend avec appréhension l'arrivée de l'hiver. Le froid, l'ont prévenu les médecins, risque de le faire souffrir, avec les morceaux de métal toujours enfoncés dans sa chair.
