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La région la plus riche inflige une gifle à Evo Morales

La région de Santa Cruz, la plus riche de la Bolivie, a célébré dimanche soir un vote massif en faveur de son autonomie, une gifle pour le président socialiste Evo Morales qui a aussitôt dénoncé un scrutin illégal.

La région la plus riche inflige une gifle à Evo Morales
Le Président bolivien Evo Morales prend la parole durant une conférence de presse au palais présidentiel à La Paz. (Photo : AFP)
Plusieurs milliers d'habitants fêtaient leur victoire dans les rues, au moment même où le chef de l'Etat condamnait ce référendum, émaillé par des incidents qui ont fait plus d'une vingtaine de blessés.

Selon les sondages réalisés par la télévision, les électeurs ont approuvé à près de 86% l'autonomie de cette région de l'est, poumon économique du pays avec les principaux gisement de gaz.

Les premiers résultats partiels, publiés par la Cour électorale de Santa Cruz, confirment cette tendance dans la capitale régionale, où vit la moitié de la population. Plus de huit électeurs sur dix y ont voté en faveur de l'autonomie, selon 2O% des bulletins dépouillés.

Figure de proue de l'opposition libérale, Santa Cruz conteste la nouvelle Constitution défendue par M. Morales, premier président amérindien de Bolivie, qui prône une redistribution des richesses au profit de la population défavorisée des Andes.

Lors d'une allocution télévisée solennelle depuis son palais présidentiel de La Paz, M. Morales a fustigé cette "initiative séparatiste", tout en insistant sur le niveau élevé de l'abstention.

"Cette consultation illégale et anticonstitutionnelle n'a pas eu le succès espéré par certaines familles", a-t-il déclaré, en référence aux entrepreneurs et grands propriétaires terriens de la région.

L'asbtention aurait atteint 25%, selon la chaîne de télévision nationale privée PAT. Un chiffre qui n'a toutefois pas été confirmé officiellement.

La crise politique attise la fracture ethnique entre les autochtones des hauts plateaux montagneux et la population des plaines agricoles, en majorité d'origine européenne ou métisse.

Trois autres provinces prospères ont prévu d'organiser un référendum similaire en juin prochain. Avec Santa Cruz, elles représentent plus des deux tiers de la richesse nationale.

Conscient de l'enjeu, M. Morales a formulé un appel au dialogue aux gouverneurs des régions pour "une véritable autonomie basée sur la nouvelle Constitution".

Le président bolivien a reçu le soutien de son ami vénézuélien Hugo Chavez, bête noire des Etats-Unis, qui a fustigé une "agression de l'empire (américain)" au cours de son programme télévisé dominical "Allo Président".

La journée électorale, qui faisait craindre une explosion de violence, n'a été que légèrement perturbée par des affrontements, déclenchés par les partisans de M. Morales, qui ont brûlé des urnes et des bulletins de vote.

Les incidents les plus graves se sont produits dans la banlieue misérable de la capitale régionale Santa Cruz, où des groupes radicaux ont tenté en vain de prendre d'assaut un centre de vote.

"Ce référendum a été fomenté par les patrons pour nous voler nos ressources et les offrir aux multinationales étrangères", a déclaré à l'AFP Luis Flores, un artisan de 40 ans, sympathisant du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti présidentiel.

Mais les échauffourées n'ont pas gâché la fête qui devait durer toute la nuit sur la place principale de la ville.

"Aujourd'hui, c'est la démocratie qui a triomphé!", a lancé depuis une estrade le gouverneur de Santa Cruz, Ruben Costas, devant une forêt de drapeaux vert et blanc, les couleurs de la région.

"Autonomie, autonomie", criait-on dans le public, rassemblé au milieu d'un concert de klaxons et de feux d'artifice.

"Nous sommes fous de joie car nous avons donné une leçon de démocratie sans violence", a déclaré à l'AFP Luis Alberto Roca, un psychiatre de 63 ans.
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