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L'Afrique aussi vulnérable qu'aux négociations

Des heures de grands débats et de conciliabules. Pour les délégués africains, les négociations sur le climat à la conférence de l'Onu à Poznan apportent une bonne dose de frustration et de faibles espoirs de voir leurs tourments rapidement pris en compte.

L'Afrique aussi vulnérable qu'aux négociations
Les sécheresses et les inondations ainsi que les pluies et les périodes sèches hors saison portent atteinte au bien être de millions d'Africains. (Photo : www.idrc.ca)
L'Afrique, qui ne compte que pour 7,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est aussi le continent le plus exposé aux impacts du réchauffement (sécheresses, inondations, migrations).

"De qui se moque-t-on? des générations futures? des pays les plus pauvres? ou est-ce un manque d'imagination? En tout cas on ne perçoit pas de réelle volonté de faire avancer le débat", lâche le principal négociateur gabonais, Etienne Massard Makaga, qui ne découvre pourtant pas à Poznan (Pologne) les dures réalités du multilatéralisme.

Il évoque une véritable "crise de confiance" entre pays industrialisés et pays en développement, les premiers refusant de mettre les financements sur la table et les autres "de faire la moindre concession parce qu'ils se sentent floués".

D'ici vendredi pourtant, les 189 pays présents devront avoir lancé la phase active de négociation d'un nouvel accord global, qui devra être conclu dans un an à Copenhague. A la veille de l'arrivée des ministres, certains chefs de délégations avouaient être en train de durcir les discours de leurs patrons.

"Les ministres vont taper du poing sur la table", prédisait ainsi le représentant de la République démocratique du Congo Kasulu Seya Mahongo, s'avouant "très frustré" du résultat de Poznan, en dépit d'avancées sur la prise en compte de la forêt, considérable réservoir de carbone.

L'an dernier, le Plan d'action de Bali appelait les pays industrialisés à prendre des "engagements" ambitieux contre l'effet de serre et les pays en développement à conduire des "actions" en ce sens.

En échange, ils doivent bénéficier d'aides à l'adaptation de leur territoire et de transferts de technologie. Mais ces deux chapitres n'ont pas décollé à ce jour.

Pierre Oyo, de la délégation de Brazzaville, reconnaît que "sur la finance on voudrait que ça avance plus vite. Mais c'est surtout une question de volonté politique".

Son pays comme d'autres attend avec impatience des fonds pour engager les indispensables mesures d'adaptation, par exemple l'adoption de semences plus résistantes aux fortes pluies ou aux longues périodes sèches.

"Le lac Tchad est en train de disparaître aux yeux de tous. Depuis 30 ans, la sécheresse pousse les éleveurs vers le sud", rappelle le délégué du Tchad, Moussa Tchitchaou. "Mais en dix ans (de négociations), on n'a pas trouvé une solution".

Si l'Afrique peine à se faire entendre, c'est aussi faute d'organisation structurée de ses équipes. Contrairement à l'Alliance des petites îles, les négociateurs africains sont peu nombreux et peu visibles.

"La plupart des délégations comptent deux personnes et ces négociations tout au long de l'année nous coûtent une fortune" -au moins huit semaines sont, déjà, prévues en 2009 avant la conférence de Copenhague-, se plaint le représentant de Guinée (Conakry) Joseph Sylla.

Les "grandes" délégations arrivent fortes de dizaines de membres afin de pouvoir suivre toutes les négociations parallèles. Les pays africains se retrouvent représentés par le G77, coalition de 130 pays dont la Chine et les grands émergents, aux intérêts peu partagés par le Mali ou le Cameroun.

"L'Afrique est la victime innocente du changement climatique, indiquait mercredi Brice Lalonde, l'ambassadeur de France pour le climat. Il faut répondre à cette situation injuste afin que les négociations lui profitent enfin".
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