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Des milliers de Palestiniens vivent dans la hantise de perdre leur maison

Salim Hamed Jaber secoue la tête avec colère lorsqu'il se remémore le moment où les soldats israéliens sont venus lui remettre un ordre de destruction de sa petite maison accrochée à un terrain aride au nord de Naplouse.

Des milliers de Palestiniens vivent dans la hantise de perdre leur maison
Al-Aqaba, qui compte 300 habitants, est une des localités qui pourraient disparaître à la suite d'ordres de démolition. (Photo : www.info-palestine.net)
"Vivre sous occupation, c'est avoir un éclat de verre dans la gorge", explique ce vieil homme de 85 ans. Il fait partie des milliers de Palestiniens dont la maison est menacée de destruction par les autorités israéliennes.

La plupart de ces ordres ont été émis à l'encontre de Palestiniens qui ont construit sans avoir obtenu un permis, que les autorités israéliennes distribuent au compte-goutte.

Salim Hamed Jaber ne peut pas comprendre pourquoi quelqu'un veut détruire sa maison de quatre modestes pièces construite de brique et taule ondulée.

Les troupes israéliennes ont expliqué aux habitants du village d'Al-Aqaba que l'armée a besoin des terrains pour des entraînements car la région ressemble d'un point topographique au sud du Liban, où l'armée israélienne a mené une offensive contre la milice chiite du Hezbollah durant l'été 2006.

Mais pour Salim Hamed Jaber, tout cela ne le regarde pas.

"C'est une injustice", explique cet ancien fonctionnaire revenu passer sa retraite dans son village natal.

Al-Aqaba, qui compte 300 habitants, est une des localités qui pourraient disparaître à la suite d'ordres de démolition.

Les villageois et les responsables de l'Onu précisent que 35 des 45 bâtiments sont visés par des ordres des démolition, y compris un jardin d'enfants, un dispensaire construit grâce à une aide étrangère et une mosquée.

Parmi les donateurs figurent la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, le Japon, la Norvège et les Etats-Unis. Au total le village a reçu 818.000 dollars de fonds étrangers depuis 1999.

"Certains pays donateurs ont affirmé que si les ordres de démolition étaient appliqués, ils financeraient la reconstruction", affirme le maire, Sami Sadr, assis dans ce qu'il appelle un "bureau" et qui se résume à un banc placé à l'ombre d'un caroubier à côté d'une pancarte sur laquelle est inscrit: "le Conseil du village. Bienvenue à Al-Aqaba".

A la suite du rejet d'un appel contre les destructions présenté devant la Cour suprême, le maire projette de se rendre à Washington le mois prochain pour plaider la cause du village devant le Congrès.

Selon un rapport rendu public mardi par le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies dans les territoires palestiniens (OCHA), plus de 3.000 bâtiments et maisons palestiniens sont menacés de destruction par Israël en Cisjordanie.

"Au moins dix petites communautés à travers la Cisjordanie sont menacées d'être déplacées en raison du nombre élevé d'ordres de démolition", a précisé OCHA.

Ces maisons sont situées en zone dite "C" de la Cisjordanie, entièrement contrôlée par Israël, qui y a détruit plus de 1.600 bâtiments entre janvier 2000 et septembre 2007.

"Ces refus de permis à une aussi large échelle fait craindre l'existence d'une politique spécifique des autorités d'encourager un +transfert silencieux+ des populations palestiniennes de zone C", a indiqué de son côté l'ONG israélienne La Paix Maintenant dans un récent rapport.

A titre de comparaison, La Paix Maintenant indique qu'entre 2000 et 2007, 2.900 ordres de démolitions ont été émis concernant des colonies israéliennes mais que seuls 7% d'entre eux ont été appliqués.

"Les enfants sont fréquemment affectés par la démolition de leur maison et le déménagement de leur famille", a ajouté OCHA.

Le maire confirme que les enfants demandent souvent à leur instituteur : "quand vont-ils (les Israéliens) venir détruire notre maison?".

M. Sadr, 58 ans, raconte qu'il a été grièvement blessé durant un exercice militaire israélien alors qu'il se trouvait dans un champ à l'âge de 16 ans.

"Nous continuerons à construire. Nous n'avons pas le choix. C'est notre terre", proclame-t-il.
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