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Fidel Castro, un portrait contrasté dressé

Messianique, brillant, ambitieux, assoiffé de pouvoir : Fidel Castro, pour les exilés anticastristes de Miami dont certains ont combattu à ses côtés lors de la Révolution cubaine de 1959 avant de tomber en disgrâce, est avant tout une personnalité contrastée.

Fidel Castro, un portrait contrasté dressé
Fidel Castro comme quelqu'un d'«autoritaire et sans scupules, c'est seulement le pouvoir qui l'intéressait, pas du tout l'argent». (Photos : fr.wikipedia.org/ socio13.wordpress.com)
Fidel Castro, qui a annoncé sa décision de quitter le pouvoir, "est un homme trompeur, espiègle, à la forte personnalité. Il a su manipuler tous ceux qui l'ont entouré, malheureusement pour le pire. Et ceux qui restent au pouvoir sont très loin de pouvoir se substituer à lui", déclare Huber Matos, ancien commandant de la Révolution entré en dissidence qui a passé 20 ans dans les geôles cubaines et vit aujourd'hui à Miami.

Les prisonniers politiques? Les exécutions? "Fidel n'a jamais tergiversé. S'il faut fusiller, il fusille", raconte pour sa part Eloy Gutierrez Menoyo, autre grande figure de la Révolution (1959), qui a passé 22 ans en prison à Cuba avant de s'exiler à Miami puis de revenir dans l'île en 2003.

Il a revu le leader cubain en 1995 lors d'un entretien qu'il qualifie de "cordial et ouvert". Ils n'ont parlé ni du passé, ni des années de prison "seulement de l'avenir", dit Menoyo.

"Eloy, qu'est ce que tu as les cheveux longs", s'est exclamé Fidel Castro en le saluant.

Antonio Jorge, professeur de relations internationales à l'université internationale de la Floride (FIU), a étudié adolescent aux côtés de Fidel Castro, au collège jésuite de Belen à La Havane.

"Il avait déjà une vision messianique, historique. La mission de sa vie était de combattre l'impérialisme des Etats-Unis", se souvient Jorge, gardant le souvenir d'un adolescent "turbulent, volontaire, intelligent et bagarreur".

"Il adorait déclamer les classiques", raconte Jorge qui fut un temps conseiller au ministère des Finances lors du premier gouvernement après la Révolution.

"Nous nous sommes rendu compte de ses intentions lorsqu'on lui a demandé de tenir des élections et Fidel a lancé sa fameuse réplique : ‘Des élections? Pour quoi faire?'".

Fidel Castro a été "le premier dissident de la Révolution cubaine", assure quant à lui Gutierrez Menoyo. "Lorsque j'étais en prison, il m'envoyait de temps en temps un émissaire pour me proposer un plan de réhabilitation, c'est à dire pour me demander que je fasse mon mea culpa", dit-il.

"Mais moi je disais à l'émissaire ‘dis à Fidel que celui qui doit se réhabiliter, c'est lui'", raconte Gutierrez Menoyo, libéré en 1986 grâce aux démarches du chef du gouvernement espagnol de l'époque Felipe Gonzalez.

"La personnalité de Fidel a marqué sa vie politique", affirme Antonio Veciana, un des fondateurs du groupe paramilitaire anticastriste Alfa 66.

Il a étudié attentivement le personnage et assure avoir organisé deux attentats manqués contre lui en 1961 à la Havane et au début des années 70 au Chili.

Tous ses actes était «pensés, analysés», dit-il, décrivant Fidel Castro comme quelqu'un d'"autoritaire et sans scupules".

"C'est seulement le pouvoir qui l'intéressait, pas du tout l'argent", ajoute-t-il.

Sa famille, sa vie privée, ses amours ont toujours été secrets, nimbés de mystère.

Alina Fernandez, 51 ans, fille naturelle du leader cubain, également exilée à Miami où elle anime un programme de radio, raconte qu'il était "impossible d'avoir une relation personnelle normale avec lui". "Il pensait toujours à ses occupations, aux affaires du gouvernement. Avec sa famille, sa relation était sporadique", dit-elle.
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