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La Yugo, l'orgueil yougoslave, tire sa révérence

Dans l'un des ateliers d'assemblage de l'usine Zastava, à Kragujevac (centre de la Serbie), l'émotion est palpable chez les ouvriers qui mettent la main aux derniers exemplaires de la Yugo, celle qui fut un temps l'orgueil de l'industrie automobile yougoslave.

La Yugo, l'orgueil yougoslave, tire sa révérence
Un travailleur de la Serbie de l'usine automobile Zastava, sur la ligne de la production, à Kragujevac. (Photo : AFP)
Les tout derniers exemplaires du véhicule doivent sortir de l'usine cette semaine, clôturant ainsi tout une histoire industrielle dont se souvient avec nostalgie Janko Jankovic, 44 ans.

Cet ouvrier, à Zastava depuis des décennies, se souvient : "C'est dur, j'ai participé au montage de la cinquième Yugo. A l'époque, j'étais encore un apprenti stagiaire. Et me voici, près de 30 ans plus tard, en train de monter la dernière, c'est un moment émouvant".

Près de 800.000 exemplaires du véhicule ont été produits depuis 1980. Son prix peu élevé valut très rapidement à la Yugo une très grande popularité dans l'ensemble de l'ex-Yougoslavie.

Les responsables de la compagnie ressortent d'anciens catalogues vantant ses résultats à l'exportation. La Yugo a trouvé des marchés dans pas moins de 74 pays à la fin des années 80, comme l'Inde et l'Egypte, et même les Etats-Unis où elle se vendait au prix de 3.990 dollars, malgré certains commentaires peu amènes sur cette voiture venue de l'Est.

Le magazine Time l'avait inclue un jour dans la liste des "pires véhicules de tous les temps".

Cela ne l'a pas empêchée d'avoir son heure de gloire au cinéma, apparaissant dans quelques films de Hollywood et notamment dans "Die Hard III", avec Bruce Willis.

Développée sur le concept de la Fiat 127, cette petite cylindrée avait été conçue pour devenir une voiture familiale, bon marché, économique et accessible à tous.

La dernière Yugo doit être de couleur rouge, indique-t-on à l'usine Zastava, comme pour souligner symboliquement le nom original de l'usine à Kragujevac "Zavodi Crvena Zastava" (Etablissements Drapeau Rouge).

Sur la portière arrière, les ouvriers chargés de la peinture ont collé une bande sur laquelle on peut lire: "Dernière Yugo, adieu, c'est fini".

"C'est dur, après toutes ces années passées en compagnie de cette voiture, de savoir qu'elle passe à la trappe", soupire Mirko Ilic, 50 ans, en observant les derniers exemplaires proches de la finition.

La fin de la Yugo était scellée avec l'accord signé fin septembre entre le gouvernement serbe et le groupe italien Fiat portant sur des investissements de 700 millions d'euros dans l'usine Zastava.

Mais l'éclatement sanglant de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 et les sanctions internationales à l'encontre du régime de Slobodan Milosevic ont porté aussi un coup fatal à l'usine Zastava, jadis le fleuron de l'industrie automobile yougoslave, et, à terme, à ses modèles.

Car l'usine Zastava a exporté ses modèles un peu partout dans le monde, notamment en Afrique.

"Nous explorons avec le gouvernement serbe la possibilité de poursuivre la production par exemple en Egypte où notre modèle Zastava 128 a eu beaucoup de succès, mais cela n'est qu'une idée pour l'instant", indique Radomir Petrovic, directeur de Zastava Automobili.

Reconnaissant qu'une époque à l'usine de Kragujevac était irrévocablement close, M. Petrovic tient néanmoins à rassurer les dizaines de milliers de propriétaires d'une Yugo quant à l'entretien de leurs voitures.

"Tous ceux qui ont une Yugo, même celui qui achètera ce dernier exemplaire, n'ont rien à craindre. Nous allons assurer auprès des entreprises partenaires de notre usine la production d'une quantité suffisante de pièces détachées".
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