Menu
Search
Jeudi 18 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 18 Décembre 2025
Menu
Search

Nouvelle version du processus de Barcelone

Le lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM) lors du Sommet de Paris, en présence des chefs d'Etat et de gouvernement de plus de 40 pays représentant l'Union européenne (UE) et le pourtour méditerranéen, a suscité de multiples interrogations sur la finalité, voire l'utilité de ce "nouveau-né", et sur les chances de sa réussite à la lumière des disparités et écarts aussi bien économiques que sociaux qui séparent ses pays.

Nouvelle version du processus de Barcelone
L'Union pour la Méditerranée lancée à Paris sous le signe de la paix. (Photo : AFP)
Ces interrogations ont accompagné ce projet depuis qu'il était encore en gestation en tant qu'idée farouchement défendue par le Président français, Nicols Sarkozy, lors de sa campagne électorale ou à Tanger lors de sa visite officielle au Maroc, il y a une année et demie, pour que ses contours prennent enfin forme dans l'"Appel de Rome pour la Méditerranée" qui se limitait dans un premier temps aux pays des rives nord et sud de la Méditerranée, qu'unissent des liens géographiques, culturels et civilisationnels qui ne se sont jamais démentis.

Cette approche, qui paraissait dans un premier temps audacieuse et avant-gardiste, dans la mesure où elle se proposait de faire de la "chose méditerranéenne" une question centrale en termes d'édification de nouvelles structures et institutions, outre la création d'une Banque méditerranéenne destinée au financement des projets qui seront concrétisés dans le cadre de cette Union, a fini, au fil des temps, par perdre en intensité après le refus catégorique de certains pays de l'UE de financer ces projets, conjugué à l'indifférence de certains pays du sud du pourtour méditerranéen.

En effet, la partie européenne a refusé le financement d'un projet qui ne pouvait bénéficier à l'ensemble des pays de l'UE, un refus réaffirmé par le Conseil de l'Europe lors de sa réunion en mars dernier, qui plus est, a adopté une approche révisée du premier projet, en le baptisant "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée" avec pour objectif de reprendre le Processus de Barcelone pour en faire un véritable partenariat Nord-Sud.

D'autre part, les différends se sont exacerbés entre certains pays du Sud à cause, entre autres, du conflit israélo-arabe qui a constitué, en plus d'autres entraves, un obstacle devant le succès du Processus de Barcelone.

D'un cadre initialement réservé aux pays riverains, cet espace s'est mué, pour cause de ces obstacles, en un vaste projet baptisé "Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranéenne". Le débat s'est alors focalisé à nouveau sur ce processus, ses acquis et les dysfonctionnements qui l'ont émaillé.

Les uns considéraient ce processus comme une valeur-ajoutée au regard des acquis réalisés au profit des pays du Sud et du Nord, alors que d'autres émettaient des réserves ou s'y opposaient carrément arguant que ce processus n'a pu concrétiser les attentes des pays du Sud et qu'il n' y avait pas lieu de le relancer.

C'est également une position, qui corrobore les appels de certains pays qui estiment qu'avant de penser à un partenariat méditerranéen, il faudrait aider les pays du sud à relever le défi du développement, à travers le lancement d'un véritable "plan Marshall", à l'instar de celui appliqué, après la 2e Guerre mondiale, par les Etats-Unis en Europe.

Tous ces financements devraient en principe être assurés par l'UE et les pays riches du sud de la Méditerranée, le but étant de permettre aux pays de cette région de se soustraire à la pauvreté et au sous-développement, en les dotant des infrastructures nécessaires, qui devraient être accompagnées de programmes de réformes et d'ajustements afin qu'elle soit en mesure de tisser des partenariats et s'engager dans des projets communs avec d'autres pays, encore plus avancés tels ceux de l'UE.

Cette vision pessimiste est développée par certains pays de la rive nord vis-à-vis des certaines questions cruciales, telle la migration. Malgré le fait que la déclaration de Paris insiste sur la libre circulation des personnes entre les deux rives, elle n'écarte pas pour autant l'approche purement sécuritaire qui a conditionné et qui conditionne toujours le traitement par les pays européens de cette question épineuse, préjudiciable aux relations entre le Nord et le Sud de la Méditerranée d'une part et entre les pays du Nord et ceux du Sud du continent africain, vu le nombre important d'Africains qui cherchent, sous l'emprise de la pauvreté dans leurs pays d'origine, à rallier l'Europe.

La grande crainte est de voir les pays méditerranéens du Sud se transformer en une ceinture sécuritaire, qui protège l'Europe contre tous les maux qui peuvent venir du sud de la Méditerranée avec leurs ramifications, comme la migration, le crime organisé, le trafic de drogue, le terrorisme, etc.

On reproche même à l'Europe de vouloir éviter de traiter la question de la migration selon une approche claire et globale, en intégrant la dimension humaine et en adoptant des politiques socio-économiques de co-développement profitant aux deux rives de la Méditerranée.

Cette position se nourrit également des différends existant entre les pays du sud, notamment le différend artificiel qui oppose les deux pays frères et voisins, le Maroc et l'Algérie. Ce différend a longtemps hypothéqué l'avenir de toute une région et paralysé la dynamique de son développement. Si cette intégration maghrébine avait été réalisée, les pays du Maghreb auraient constitué une force de proposition et de négociation lors du sommet sur l'UPM.

Le conflit arabo-israélien reste également un des problèmes les plus difficiles qui continuera à entraver tout projet visant le développement du bassin méditerranéen, tant qu'une solution juste et définitive n'est pas trouvée pour résoudre ce différend sur lequel se sont brisées les ambitions du processus de Barcelone.

Le débat et la polémique qui ont accompagné le projet de l'UPM, alors qu'il se cherche encore la voie à emprunter pour la mise en place des mécanismes de son fonctionnement et du financement de ses projets, renseignent sur la difficulté de l'entreprise dans un bassin de 3.000 années d'histoire qui n'a pas toujours été un havre de paix. Ils augurent d'un retour en force de cet espace sur la scène internationale comme une communauté régionale capable de créer une dynamique de développement dans les pays du Sud, à condition, bien entendu, que l'enthousiasme manifesté par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays qui ont lancé l'Union pour la Méditerranée, reste de rigueur.
Lisez nos e-Papers