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Deux millions d'enfants au travail pour aider leurs familles

Edison Guzman travaille de quatre heures du matin à environ midi... puis après une rapide toilette, se dépêche de rejoindre le collège. A 15 ans, cet adolescent aide son père depuis ses neuf ans à la pénible confection des briques, à l'instar de deux millions d'enfants péruviens qui travaillent durement pour aider leurs familles.

Deux millions d'enfants au travail pour aider leurs familles
Deux millions d'enfants au travail pour aider leurs famillesau Pérou. (Photo : www.unicef.fr)
Pour parvenir dans la zone de Huachipa, dans les environs de Lima, il faut emprunter des chemins poussiéreux, bordés de briqueteries avant d'atteindre enfin la "labranza", où se préparent les briques en adobe (terre séchée), installée sur un vaste terrain aride et divisé en "pampas", les parcelles dévolues au travail de chaque famille des alentours.

Reynaldo Guzman, 43 ans, vit depuis sept ans à Huancavelica, où il se consacre à l'agriculture en gagnant à peine de quoi vivre.

Sur ses six enfants, trois vont à l'école, dont Edison, 15 ans, qui étudie l'après-midi, les trois petites dernières demeurent avec leur mère. Comme les familles sont payées au nombre de briques fabriquées, tous travaillent pour en produire davantage.

Avec l'aide de son épouse, le rendement monte à quelque 2.000 briques par jour, à la moitié quand il est seul. Son employeur le paye 50 soles (17 dollars) pour 1.000 unités, soit jusqu'à 500 soles (174 dollars) par semaine, l'équivalent de ce qu'il gagnerait par mois s'il travaillait dans une briqueterie, assure-t-il.

Edison participe au processus complet de fabrication quand les plus petits aident déjà à "cantear" (retourner) : ils se mettent à genoux et prennent avec leurs petites mains les lourdes briques exposées au soleil et les retournent une par une pour qu'elles sèchent...

Ils "apportent du sable et arrosent. Quand il n'y a pas de classe ils n'ont rien à faire et il faut que je reste avec mes enfants", se justifie Reynaldo d'un air coupable.

Le travail suffit pour faire vivre sa famille, mais il ne croit pas que cela soit un choix d'avenir pour ses enfants. "Maintenant il n'y a même pas de terre. Il faut chercher un autre genre de travail" affirme-t-il.

Edison admet qu'il aimerait aller uniquement à l'école et pouvoir se lever plus tard. Il confie que parfois il a sommeil en classe mais entend continuer à étudier et devenir "chef cuisinier". "Ca me plairait", dit-il avec un sourire timide.

"Quand on leur demande, les enfants répondent toujours qu'il préfèrent étudier. Parce que le travail les empêche d'avoir accès à la récréation, au sport, à l'éducation, et à tous les jeux et fantaisies de leur âge", explique à l'AFP Alfredo Robles, le directeur d'ADEVI (Association de défense de la vie).

Cette ONG travaille dans cette zone depuis 1997 où elle dispose d'une cantine, propose principalement du soutien scolaire et des ateliers divers aux enfants, mais aussi des cours pour les adultes.

Peu à peu l'action de l'ONG a porté ses fruits et presque "la totalité des 2000 enfants de cette zone ont été scolarisés", explique-t-il en regrettant toutefois qu'un "petit groupe continue de travailler dès quatre heures du matin jusqu'à six heures avant d'aller à l'école". Cela leur pose des "problèmes d'attention et de psychomotricité".

Pour la mère de famille Maria Leiva, il n'est pas question que ses enfants restent des heures à la "pampa" où ses "enfants ‘retournent' une ou deux heures par jour et ne restent pas davantage à cause du climat et de la poussière. A cause de la pollution de la fumée des usines, ils souffrent des bronches et tombent vite malades".

Elle assure qu'elle préfère gagner moins d'argent mais que ses enfants étudient. "Je veux qu'ils aient un métier, c'est mon but".

Au Pérou, quelque deux millions d'enfants travaillent, un chiffre que le gouvernement a promis de réduire de moitié d'ici deux ans.
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