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Fouad Siniora, un 1er ministre résolu dans l'adversité

Le Premier ministre sortant libanais Fouad Siniora, que la majorité a décidé mardi soir de maintenir à la tête du gouvernement, a traversé en trois ans les turbulences les plus graves vécues par son pays depuis la guerre civile.

Fouad Siniora, un 1er ministre résolu dans l'adversité
Fouad Siniora englobe Bernard Kouchner à son arrivée à un déjeuner au Palais du gouvernement à Beyrouth. (Photo : AFP)
Cet homme déterminé mais modeste, âgé de 64 ans, se disait pourtant las de la vie politique et désireux de se mettre à l'écart.

"Je crois que le temps est venu d'un changement. Si celà ne tenait qu'à moi, je voudrais partir. J'en ai assez", confiait-il récemment à l'AFP.

Economiste de formation, ami d'enfance et ancien bras droit de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, Fouad Siniora était sorti de l'ombre après l'assassinat de ce dernier, le 14 février 2005.

Il avait été propulsé chef du gouvernement né de la victoire de la coalition antisyrienne aux législatives du printemps 2005.

Depuis, les épreuves se sont enchaînées : attentats en chaîne contre des représentants du bloc antisyrien, offensive israélienne sur le Liban à l'été 2006, bras de fer avec l'opposition, menée par le Hezbollah chiite, violences intercommunautaires les plus sanglantes depuis la guerre civile (1975-90), avec 65 morts début mai.

Pendant 18 mois, à la tête d'un gouvernement amputé des six ministres d'opposition, il a fait face au puissant Hezbollah depuis le Grand Sérail, le palais gouvernemental, cerné de barbelés et de blocs de béton pour le séparer du campement géant dressé au coeur de Beyrouth en signe de fronde.

"Vous savez, tout est dans la tête, et là, je n'étais pas assiégé", disait-il samedi, le doigt pointé sur la tempe.

Pour éviter que le pays ne s'embrase, début mai, il a pourtant dû plier face au Hezbollah, lorsque le gouvernement a annulé deux mesures qui visaient le parti chiite, et avaient déclenché la flambée de violence.

Et l'accord de sortie de crise conclu à Doha le 21 mai n'a pu voir le jour qu'au prix d'un recul du gouvernement face à l'opposition, qui disposera d'une minorité de blocage dans la prochaine coalition.

Le gouvernement Siniora aura en revanche réussi à imposer, contre l'avis de l'opposition, la création d'un tribunal international sur l'assassinat de Rafic Hariri, imputé à la Syrie par l'actuelle majorité alors que Damas a toujours protesté de son innocence.

En juillet 2005, Fouad Siniora avait pris la tête du premier gouvernement associant le Hezbollah, avant de devenir la bête noire du parti chiite qui l'a accusé de ne pas l'avoir soutenu lors de l'offensive israélienne en 2006.

En pleine guerre, devant les ministres arabes des Affaires étrangères, le Premier ministre, les yeux embués, avait lancé un appel ému en faveur du Liban, un épisode critiqué par ses adversaires comme un signe de faiblesse.

Soutenu par les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, "marionnette" aux mains des Américains pour ses détracteurs, il avait été rendu responsable de la dette de 41 millions de dollars accumulée par le Liban alors qu'il était ministre des Finances (1992-1998 puis 2000-2004). Il a été accusé de corruption et gaspillage d'argent public en 1998, puis blanchi par le Parlement.

Bourreau de travail, de son propre aveu, il a réalisé d'importantes réformes, dont l'instauration de la TVA et la modernisation du ministère des Finances.

Né le 19 juillet 1943 à Saïda, dans le sud du Liban, la ville d'origine de Rafic Hariri, il est diplômé de gestion et d'économie de l'Université américaine de Beyrouth et parle couramment l'anglais.

Musulman sunnite et homme pieux, M. Siniora, marié et père de trois enfants, est féru de littérature et de poésie arabes. Il est passionné de musique orientale et joue même du oud, le luth oriental.
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