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Qu'il soit faible ou fort, l'euro reste mal aimé

En 2000, le tout jeune euro était au plus bas face au dollar, et les Cassandre ne donnaient pas cher de l'avenir de cette "monnaie de singe". Sept ans plus tard il est toujours là et cette fois plus fort que jamais, mais les Européens restent nombreux à se lamenter.

Qu'il soit faible ou fort, l'euro reste mal aimé
La richesse de l'euro a, toujours été, attirée par les gens qui prennent des risques avec l'argent des autres, mais tout spécialement lorsque les impôts sont bas. (Photos : quebecogres.info/ www.20minutes.fr)
Le 1er janvier, la monnaie unique va célébrer son 9e anniversaire dans un climat d'inquiétude paradoxal.

La zone euro ne cesse de s'élargir. Malte et Chypre rejoignent les 13 autres pays utilisateurs de l'euro qui, au niveau international est de plus en plus prisé : il s'est encore apprécié cette année de jusqu'à 14% face au billet vert à presque 1,50 dollar, terminant finalement l'année à 1,4585 dollar lundi, vers 22H00 GMT, ce qui représente une progression d'environ 10,50%.

Depuis son lancement en 1999, la hausse atteint 26%, et depuis son record de faiblesse à l'automne 2000 (0,82 dollar), l'euro a grimpé de 76%!.

Du coup, plusieurs pays de l'Opep, comme l'Iran, le Venezuela ou l'Equateur sont favorables à ce que le Cartel abandonnent le dollar déclinant comme monnaie de référence pour ses transaction en pétrole, au profit de la devise européenne.

Mais plutôt que d'en tirer un sentiment de fierté, les Européens sont préoccupés par la vigueur de leur monnaie. Si elle permet de limiter leur facture énergétique en dollars, elle handicape aussi certains exportateurs et pèse par contrecoup sur la croissance.

L'industrie aéronautique européenne, avec des groupes comme EADS ou Dassault aviation, dont les coûts sont en euros mais qui vend ses produits en dollars, menace à présent de transférer une partie de sa production vers d'autres cieux.

"Nous ne pouvons supporter un tel écart en produisant et en achetant en zone euro. La démarche naturelle va être la délocalisation dans des zones dollar ou à bas coût, comme cela à été fait par l'industrie automobile", a prévenu le président de Dassault aviation Charles Edelstenne.

"L'euro est aux yeux du public et de certaines personnalités politiques responsable de tout et de son contraire. A son lancement, il était responsable de l'inflation. Aujourd'hui, l'euro est responsable du ralentissement de la conjoncture", souligne dans une étude Patrick Artus, économiste de la banque Natixis.

Mais à ses yeux "le responsable n'est pas l'euro, c'est le dollar", qui fait les frais de la fragilité d'une économie américaine ayant vécu à crédit du reste du monde pendant trop longtemps, ajoute-t-il.

Problème: les gouvernements de la zone sont largement impuissants. Ils viennent de lancer une offensive pour réclamer à la Chine qu'elle laisse sa monnaie s'apprécier plus vite, afin que l'euro ne soit pas le seul à absorber l'impact de la baisse du dollar. Mais Pékin répond qu'il ne se laissera pas forcer la main.

Pour la monnaie américaine, la difficulté est encore plus grande car les Etats-Unis, en dépit de leurs déclarations officielles récurrentes en faveur d'"un dollar fort", s'accommodent pleinement de la faiblesse de leur monnaie. Elle soutient leurs exportations à un moment où la croissance du pays ralentit.

Le manque de cohésion des Européens sur le sujet ne les aide pas non plus au niveau international.

Alors que la France, préoccupée par un déficit commercial record, sonne depuis des mois le tocsin sur l'euro fort, l'Allemagne, qui jouit d'importants excédents commerciaux, mais aussi des pays comme les Pays-Bas ou l'Autriche refusent de dramatiser.

Les dissensions européennes sont tout aussi évidentes à propos de la Banque centrale européenne, gardienne de l'euro. La France lui reproche de maintenir des taux d'intérêt trop élevés par un souci exagéré de contenir l'inflation, et par là de contribuer à faire grimper la monnaie unique.

L'Allemagne défend au contraire le travail de la BCE, héritière de la très orthodoxe Bundesbank. "Je m'engage résolument pour l'indépendance de la BCE", répète à l'envi la chancelière Angela Merkel.
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