Menu
Search
Vendredi 19 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 19 Décembre 2025
Menu
Search

Le destin d'un fleuve mémoire de Rabat et Salé

L'oued Bouregreg a vu son histoire, depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours, étroitement liée à celle des villes jumelles de Rabat et Salé, dont il fit la fortune et fut longtemps délaissé avant de subir les transformations spectaculaires en cours.

Le destin d'un fleuve mémoire de Rabat et Salé
Le fleuve oublié d'oued Bouregreg est devenu, au fil du temps, le dépositaire de la mémoire et du patrimoine des deux cités. (Photo : www.skyscrapercity.com)
Ce fleuve oublié est devenu, au fil du temps, le dépositaire de la mémoire et du patrimoine des deux cités.

C'est le destin de ce Oued et de son port, qui a connu naguère une activité militaire, corsaire, commerciale et diplomatique accrue, que le gérontologue Robert Chastel a relaté dans son dernier ouvrage «Une Histoire d'eau. Rabat, Salé et l'Oued Bouregreg» qu'il a voulu «un livre d'art et d'histoire consacré à l'histoire de Rabat, Salé et l'oued Bouregreg».

Ce livre de 456 pages agrémentées de 625 photos dont beaucoup sont inédites, est venu couronner un quart de siècle de recherches et de compilation de documents et d'illustrations glanés au Maroc et ailleurs pour «reconstituer un puzzle historique sur 28 siècles».

«En 1984, un vieux monsieur dont le père avait travaillé au port en 1913, me remit un lot de photographies stupéfiantes. Je comptai 25 bateaux dans l'estuaire et sur le fleuve. Qu'en est il aujourd'hui me suis-je demandé ? et c'est ce destin du fleuve, du port dans la 2è moitié du XIXe siècle, depuis le Sultan Moulay Hassan 1er jusqu'à aujourd'hui que j'ai voulu relater», confie-t-il à la MAP.

Le destin d'un fleuve
L'ouvrage, explique Robert Chastel, retrace le processus de création de la ville de Rabat avec les Almohades, le destin de Salé avec les Mérinides, la piraterie des Corsaires de Salé, ou encore l'activité portuaire du Bouregreg et le rôle qu'il a joué dans l'histoire des deux villes et, par-là, du Maroc.

Dans un style désormais connu du public après «Rabat-Salé vingt siècles de l'Oued Bouregreg» (1993), «Témoignages et chuchotement, histoire de Casablanca des origines à 1952» (2006) et «Archives photographiques, Casablanca 1900-1912» (2007), Robert Chastel raconte Rabat et Salé, les habitants et leur quotidien, les fontaines et leur histoire et les barcassiers qui se font de plus en plus rares, mais formule, néanmoins un reproche pour ce qu'il appelle le «laisser aller» et «la négligence» qui ont causé la dégradation de ce fleuve et de son environnement.

«Je me suis attaché à ce fleuve comme à un grand vieillard fragile qui m'a raconté tout ce que je vous en ai dit (à) pour le tirer, pour un temps, de l'oubli», écrit Robert Chastel comme pour expliquer cette amitié particulière et cette complicité qui le lient à ce fleuve qu'il sent «triste et languide».

Lifting historique de la vallée du Bouregreg
Outre les photos prises par l'auteur lui-même, les autres illustrations, les commentaires et anecdotes, Robert Chastel propose des graphiques, des statistiques et des études comparatives sur l'activité portuaire d'antan, mais également des travaux d'aménagement lancés dans la vallée et les objectifs tracés par les autorités.

Aujourd'hui, les choses ont changé. Rabat sort de son ornière sous l'impulsion de S.M. le Roi Mohammed VI, «qui se profile comme le Roi Bâtisseur du 3e Millénaire» et qui lui a redonné vie à travers de grands projets d'urbanisation qui sont en fait un véritable lifting de la ville.

En effet, le 7 janvier 2006, le Souverain a donné le coup d'envoi des travaux d'aménagement des rives du Bouregreg, les perspectives globales étant la protection de l'environnement avec la fermeture des décharges de l'Oulja et de Akreuch, la réhabilitation des carrières et le reboisement des collines depuis l'estuaire jusqu'au barrage de Sidi Mohammed Ben Abdellah, la restitution de la navigabilité du fleuve avec l'épurement des eaux polluées outre la construction d'un port fluvial et la création d'un nouveau pont routier reliant Rabat à Salé, d'un tunnel sous la kasbah des Oudayas et la mise en service du tramway prévue en 2010.

Rabat retrouve ainsi une activité portuaire et se trouve tournée vers le tourisme maritime. La courbe d'évolution est, de fait, régulière et monte de manière graduelle, estime l'auteur qui se définit comme «R'bati de cœur» qui ne peut «que se réjouir des travaux d'aménagement initiés pour accomplir le lifting historique de la vallée du Bouregreg».

Et de conclure qu'«à l'aube de grandes mutations qui projettent le Bouregreg et les deux cités dans un brillant devenir, je veux léguer aux R'batis et Slaouis un travail de mémoireàde leur mémoire rajeunie».

Passionné d'histoire et de photographie anciennes, le docteur Robert Chastel de la Faculté de médecine de Marseille (France), exerce à Rabat depuis 1966. Dès ces années, il éprouvera de l'intérêt pour l'histoire du Maroc.

Sa prochaine aventure dans l'histoire et la mémoire marocaine a déjà un nom: «Chellah Maroc antique».
Lisez nos e-Papers