Son visage sillonné par les rides ne laisse plus transparaître aucune émotion, simplement une immense lassitude.
Cette grand-mère qui a trop de petits-enfants pour pouvoir les compter ne sait pas si elle pourra un jour retourner dans la maison qu'elle a abandonnée en catastrophe sous les bombes, dans son petit village au cœur du district de Buner, l'un des trois où l'armée a lancé une vaste offensive il y a trois semaines contre les Taliban.
Cette opération militaire a fait fuir plus de 1,1 millions d'habitants de ces districts qui encadrent la vallée de Swat, ce site autrefois le plus touristique du pays et tombé dans les mains des talibans alliés à Al-Qaïda il y a près de deux ans.
Ces déplacés s'entassent désormais dans des camps précaires, comme celui de Jalala, dans le district voisin de Mardan, où Rehmat Noor et sa famille ont trouvé refuge dans une école désaffectée.
"Je suis trop faible pour bouger, même quand je prie", souffle cette femme dont les yeux s'emplissent de larmes. "Je suis dépressive, insomniaque, j'ai des douleurs partout et la migraine ne me quitte plus", poursuit-elle, se lamentant sur le sort de ce bout de vie qu'elle a abandonné là-bas : "La saison des moissons est venue mais nous ne sommes pas là, nos maisons, nos biens sont à la merci de n'importe qui".
Les déplacés de Jalala sont intarissables sur les conditions épouvantables de leur périple. La fuite sous les raids aériens de l'armée, les nuits dehors, les parents pétrifiés qui tentent de protéger des enfants qui hurlent, les emplois perdus et, surtout, l'incertitude de retrouver sa vie, son chez-soi.
Mais ils n'avaient plus le choix, ils ne pouvaient plus tenir, entre les bombardements sans discrimination de l'armée et les horreurs perpétrées par les talibans, qui décapitent la moindre personne soupçonnée d'être un "espion" à la solde des Etats-Unis ou des forces pakistanaises.
Même s'ils rentrent un jour, les blessures psychologiques seront longues à cicatriser, estime le docteur Atta-ur-Rehman.
"Ils sont mentalement affectés, souffrent de dépression et d'insomnies", énonce-t-il, ajoutant: "Ils n'ont plus aucune assurance quant à leur sécurité, leur avenir... D'ailleurs, ils n'ont plus d'avenir", lâche le médecin, qui a laissé son cabinet à la hâte pour apporter les premiers secours aux déplacés de Jalala, avec pour seuls médicaments des anti-douleurs, dans un camp d'environ 6.000 personnes.
En dehors de l'école désaffectée, les gens s'y entassent par 15 dans des tentes, sans électricité, sous une chaleur étouffante, et dans un environnement infesté de mouches, scorpions et serpents.
Tous les parents disent qu'ils ne parviennent pas à apaiser leurs enfants qui font des cauchemars. Ni à les soigner quand ils souffrent de fortes diarrhées en raison de l'absence d'eau dans de rares latrines dans un état indescriptible.
Les bébés sont laissés nus, à cause de la chaleur mais aussi par manque de vêtements. "Quand surgissaient les hélicoptères ou des hommes armés, ils hurlaient et pleuraient des heures durant", raconte Shabana, qui berce sa fille de deux ans, affaiblie par la diarrhée, sous une tente envahie par une odeur insoutenable d'excréments.
Cette grand-mère qui a trop de petits-enfants pour pouvoir les compter ne sait pas si elle pourra un jour retourner dans la maison qu'elle a abandonnée en catastrophe sous les bombes, dans son petit village au cœur du district de Buner, l'un des trois où l'armée a lancé une vaste offensive il y a trois semaines contre les Taliban.
Cette opération militaire a fait fuir plus de 1,1 millions d'habitants de ces districts qui encadrent la vallée de Swat, ce site autrefois le plus touristique du pays et tombé dans les mains des talibans alliés à Al-Qaïda il y a près de deux ans.
Ces déplacés s'entassent désormais dans des camps précaires, comme celui de Jalala, dans le district voisin de Mardan, où Rehmat Noor et sa famille ont trouvé refuge dans une école désaffectée.
"Je suis trop faible pour bouger, même quand je prie", souffle cette femme dont les yeux s'emplissent de larmes. "Je suis dépressive, insomniaque, j'ai des douleurs partout et la migraine ne me quitte plus", poursuit-elle, se lamentant sur le sort de ce bout de vie qu'elle a abandonné là-bas : "La saison des moissons est venue mais nous ne sommes pas là, nos maisons, nos biens sont à la merci de n'importe qui".
Les déplacés de Jalala sont intarissables sur les conditions épouvantables de leur périple. La fuite sous les raids aériens de l'armée, les nuits dehors, les parents pétrifiés qui tentent de protéger des enfants qui hurlent, les emplois perdus et, surtout, l'incertitude de retrouver sa vie, son chez-soi.
Mais ils n'avaient plus le choix, ils ne pouvaient plus tenir, entre les bombardements sans discrimination de l'armée et les horreurs perpétrées par les talibans, qui décapitent la moindre personne soupçonnée d'être un "espion" à la solde des Etats-Unis ou des forces pakistanaises.
Même s'ils rentrent un jour, les blessures psychologiques seront longues à cicatriser, estime le docteur Atta-ur-Rehman.
"Ils sont mentalement affectés, souffrent de dépression et d'insomnies", énonce-t-il, ajoutant: "Ils n'ont plus aucune assurance quant à leur sécurité, leur avenir... D'ailleurs, ils n'ont plus d'avenir", lâche le médecin, qui a laissé son cabinet à la hâte pour apporter les premiers secours aux déplacés de Jalala, avec pour seuls médicaments des anti-douleurs, dans un camp d'environ 6.000 personnes.
En dehors de l'école désaffectée, les gens s'y entassent par 15 dans des tentes, sans électricité, sous une chaleur étouffante, et dans un environnement infesté de mouches, scorpions et serpents.
Tous les parents disent qu'ils ne parviennent pas à apaiser leurs enfants qui font des cauchemars. Ni à les soigner quand ils souffrent de fortes diarrhées en raison de l'absence d'eau dans de rares latrines dans un état indescriptible.
Les bébés sont laissés nus, à cause de la chaleur mais aussi par manque de vêtements. "Quand surgissaient les hélicoptères ou des hommes armés, ils hurlaient et pleuraient des heures durant", raconte Shabana, qui berce sa fille de deux ans, affaiblie par la diarrhée, sous une tente envahie par une odeur insoutenable d'excréments.