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Les Italiennes critiquées de toutes parts

Le gouvernement italien a essuyé une salve de critiques mardi venant entre autres d'organisations humanitaires, de l'Eglise catholique et de l'Onu, après les violents affrontements des derniers jours entre travailleurs immigrés et habitants de Rosarno en Calabre (sud).

Les Italiennes critiquées de toutes parts
Un membre d'une association anti-raciste lors d'une manifestation en soutien aux travailleurs immigrés de Rosarno et contre le gouvernement italien, à Rome (Photo : AFP)
Médecins sans Frontières (MSF) a critiqué l»'hypocrisie» des autorités nationales et locales sur la question des immigrés clandestins exploités comme saisonniers agricoles dans le sud du pays, une situation que l'ONG a dit dénoncer depuis 2003.

«Tout le monde -autorités et employeurs- est au courant des conditions misérables de ces immigrés», pour la plupart des clandestins «réduits à une situation qui ressemble à de l'esclavage», a déploré mardi devant la presse Loris de Filippi, responsable des projets de MSF en Italie.

Selon Alessandra Tramontano, une infirmière de MSF, à Rosarno depuis novembre pour assister les immigrés, ces ouvriers agricoles vivent dans des conditions «souvent pires que dans les camps de réfugiés en Afrique».

A Rosarno, les heurts entre immigrés et habitants se sont soldés par 67 blessés, dont 31 étrangers victimes d'une chasse à l'homme. Le calme n'est revenu qu'avec le départ de plus d'un millier d'entre eux.

Les journaux italiens ont multiplié les analyses après ces violences, évoquant le dur traitement infligé aux immigrés italiens à la fin du 19e siècle en France et en Suisse puis aux Etats-Unis, au début du 20e siècle.

Mais le chef du gouvernement Silvio Berlusconi n'a pas du tout abordé cette question depuis son retour à Rome lundi.

Pour le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, «ce qui s'est passé est injustifiable et mériterait les sanctions les plus fortes immédiatement parce que ce n'est pas l'image que nous souhaitons projeter de l'Europe».

Depuis Genève, les rapporteurs spéciaux de l'Onu pour les droits des migrants et contre le racisme Jorge Bustamante et Githu Muigai ont demandé aux autorités italiennes de prendre des mesures «vigoureuses» pour «combattre les croissantes attitudes xénophobes contre les travailleurs migrants».

L'Egypte a condamné ces violences qui ne sont selon Le Caire qu'«une facette des nombreuses violations auxquelles font face les immigrés et les minorités en Italie, y compris les minorités arabe et musulmane».

Les évêques italiens ont appelé à «dépasser les tentations xénophobes». Pour Mgr Bruno Schettino, responsable pour l'immigration de la Conférence des évêques italiens, les évènements de Rosarno illustrent «la faiblesse du système d'accueil et d'intégration» en Italie.

«L'Osservatore Romano», le journal du Vatican, a dénoncé «le racisme» en Italie, au lendemain de fortes déclarations du pape qui a rappelé dimanche qu'un «immigré est un être humain, différent de par sa provenance, sa culture et (ses) traditions, mais une personne à respecter qui a des droits et des devoirs».

Le Vatican s'est prononcé pour le droit des immigrés à obtenir la citoyenneté et à voter quand ils sont intégrés dans leur pays d'accueil.

«Un immigré avec un emploi régulier, qui paie des impôts, respecte les lois et traditions du pays qui l'accueille, en apprend la langue et veut s'intégrer au tissu social (...) remplit toutes les conditions pour aspirer à la vie administrative et politique de ce pays qui est sa nouvelle patrie», a affirmé Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour les migrants, au mensuel italien Jesus.
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