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La Grèce convoquée avant le G20

«La France et l'Allemagne ont décidé de convoquer Papandréou pour qu'on s'explique avant le G 20, Les Grecs doivent dire vite et sans ambiguïtés s'ils choisissent ou non de garder leur place dans la zone euro».

La Grèce convoquée avant le G20
Le Premier ministre grec, George Papandréou et son ministre des Finances, Evangelos Vénizelos, à Bruxelles. (Photo : AFP)
Les principaux dirigeants européens et le FMI ont convoqué mercredi à Cannes (France) le Premier ministre grec pour tenter de ramener le calme à la veille du sommet du G20 et ont laissé planer, pour la première fois, le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Le Premier ministre français François Fillon a résumé le message qui sera adressé à Georges Papandréou lors de ce mini-sommet de crise : «Les Grecs doivent dire vite et sans ambiguïtés s'ils choisissent ou non de garder leur place dans la zone euro».

Athènes a ébranlé l'Europe ainsi que les marchés financiers en annonçant lundi, à la surprise générale, sa décision de soumettre à un référendum à hauts risques le plan européen d'allègement de la dette grecque et d'endiguement de la crise de la zone euro. Après leur chute libre de la veille, les places boursières européennes et l'euro tentaient de rebondir mercredi, mais restaient en plein doute.

Georges Papandréou est attendu de pied ferme sur la Croisette de Cannes à 20h30 (19h30 GMT) par le Président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, les principaux dirigeants de l'UE et la patronne du Fonds monétaire international Christine Lagarde.

Auparavant, ce petit comité baptisé «groupe de Francfort» devait discuter de la Grèce, en l'absence de son dirigeant, dès 18h00.

La décision grecque a bouleversé toute la stratégie du groupe des vingt principaux pays riches et émergents (G20) dont les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent jeudi et vendredi sur la Côte d'Azur avec pour ambition au départ d'éviter au monde de replonger dans le marasme économique.

Les Européens devaient y présenter à leurs partenaires leur plan de sortie de crise adopté dans la douleur la semaine dernière à Bruxelles, dont le but était aussi de rétablir la confiance et de rassurer les Etats-Unis et les pays émergents, inquiets de voir les problèmes européens stopper la croissance mondiale. Mais la mise en oeuvre de ce plan est menacée par un «non» au référendum grec.

«Si référendum il doit y avoir, il faut que les termes de ce référendum soient clairs: entre la solidarité européenne qui est offerte en contrepartie d'efforts et le choix de la faillite nationale, il faut choisir», a lancé François Fillon.

«Nous avons besoin de clarté. C'est à cela que doit servir la réunion de ce soir», a déclaré pour sa part Angela Merkel.

C'est la première fois qu'une sortie d'un Etat de l'Union monétaire assortie de sa banqueroute, solution jusqu'ici totalement taboue, est aussi explicitement envisagée.

«Le problème c'est qu'aujourd'hui, dans le climat social et politique grec, quelle que soit la question, la réponse risque d'être +non+», souligne-t-on dans l'entourage d'un des dirigeants attendus mercredi à Cannes. «Sauf peut-être si on demande aux Grecs s'ils sont pour ou contre le chaos...»

Un responsable gouvernemental européen prévient: «Ce serait malheureux pour la Grèce, car leur sort en dehors de la zone euro serait bien pire que les solutions qu'on leur propose aujourd'hui. Mais s'ils le décident, eh bien, qu'ils en sortent!»

Lançant un «appel urgent et vibrant en faveur de l'unité nationale» en Grèce, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a aussi prévenu que les conséquences d'un rejet du plan «seraient imprévisibles», surtout pour les plus vulnérables.

Au contraire, a assuré Georges Papandréou, le référendum fournira un «message clair» sur l'appartenance de la Grèce à l'euro.

L'autre exigence des partenaires d'Athènes porte sur la date du référendum. Le mois de janvier a été évoqué à Athènes.

«Il serait utile que les doutes soient levés le plus vite possible sur la voie que la Grèce souhaite prendre», a estimé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Selon un responsable européen, le référendum «doit pouvoir se faire avant Noël».

D'ici là, les Européens espèrent que le Parlement grec adoptera le plan de sauvetage, sans attendre le référendum.

Autre pays en ligne de mire des marchés, l'Italie s'apprêtait mercredi à mettre la dernière main à un train de mesures anti-crise, lors d'un Conseil des ministres extraordinaire convoqué à 20h00 (19h00 GMT), juste à temps avant le début du G20 jeudi.

L'urgence grecque chamboule tous les efforts de la présidence française du G20 pour obtenir, de la part des grandes puissances émergentes, une participation claire à l'effort contre les risques de nouvelle récession et une contribution financière au fonds de secours de la zone euro. Ces derniers, Chine en tête, demandaient aux Européens de ramener le calme sur les marchés avant de se prononcer.

«Si j'étais chinois, je dirai +on en reparle après le référendum grec+», soupire un membre d'une délégation internationale.

A Pékin, le ministère des Affaires étrangères a dit espérer «que les Européens pourront honnêtement mettre en oeuvre ce plan pour résoudre la crise». «La Chine a été, et continuera à être, un investisseur important sur le marché européen», a-t-il néanmoins rassuré.

Le président chinois Hu Jintao, qui doit rencontrer Nicolas Sarkozy mercredi soir lors d'une pause du mini-sommet sur la Grèce, a redit qu'il souhaitait «sincèrement la stabilité de la zone euro et de l'euro».
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