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Le 7e art africain conclave du débat à Salé

«Les obstacles auxquels fait face le cinéma africain au centre d'un débat au Festival international du film des femmes à Salé».

Le 7e art africain conclave du débat à Salé
Le conclave de Salé, a souligné d'entrée que la présence des femmes dans le domaine du cinéma ne date pas d'aujourd'hui mais remonte bel et bien à la création du 7e art.
Les intervenants à un débat sur les cinéastes africains et marocains à propos de leurs expériences en matière d'écriture scénaristes, qui s'est déroulé, jeudi dans le cadre de la 5e édition du Festival international du film des femmes à Salé, ont souligné d'entrée que la présence des femmes dans le domaine du cinéma ne date pas d'aujourd'hui mais remonte bel et bien à la création du 7e art.

Participant à ce débat, le réalisateur ivoirien Fadika Kramo Lancine, qui a passé en revue l'évolution du cinéma sur le Continent africain, notamment le Mouvement vert dans les années 70 constitué de cinéastes venant de grandes écoles de cinéma, a rappelé que ce cinéma était «engagé», «politique» et marqué par «une prise de parole et d'expression individuelle».

Il s'agissait d'«un miroir grossissant pour que les gens puissent se regarder mais par le biais du rire», a-t-il expliqué, en tenant à préciser que ce mouvement appelé également «l'¿il vert» n'était nullement une révolte contre les anciens cinéastes africains.

Mettant l'accent ensuite sur le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) créé en 1969 au Burkina Faso, Kramo Lancine a indiqué qu'il constituait un rendez-vous incontournable du Continent africain et un espace de combat et d'engagement politique.

De son côté, la comédienne africaine venant également de la Côte d'Ivoire, Naki Sy Savané, a plaidé pour un cinéma africain d'envergure, affirmant que «le cinéma qui réussit est celui qui a des têtes d'affiche».

«Pourquoi devrait-ton continuer à agir individuellement, au moment où il serait plus bénéfique pour nous, cinéastes africains, de se mettre ensemble ?», s'était-elle interrogée.

D'autres participants, qui se sont penchés sur le problème de la langue véhiculée dans le cinéma africain, ont estimé, quant à eux, que cette question de travail en commun se pose partout, plus particulièrement au niveau de la réalisation de films, dans la mesure où, ont-ils rappelé, «ils existent plusieurs Afriques : l'Afrique française, l'Afrique arabe, l'Afrique anglophone l'Afrique lusophone...etc., qui entravent l'établissement d'un pool de réalisateurs.

D'autres intervenants ont, en revanche, estimé que le problème de la langue dans le cinéma africain n'est pas déterminant par rapport aux autres difficultés qu'il rencontre, notamment le manque d'infrastructures, «la pauvreté» des scénarios, la carence des studios, l'absence de coachs, le nombre réduit de grandes écoles de cinéma.

Dans une déclaration à la MAP, la réalisatrice camerounaise Francine kemegni a affirmé que «la langue française est une bénédiction puisque nous avons 253 langues, ce qui suppose autant de traditions et de cultures».

Par conséquent, a-t-elle estimé, «si un casting national pouvait se faire, on pourra utiliser le français comme moyen d'unifier les différentes tribus».

Le sociologue et anthropologue Mohamed Dahane (Faculté des Lettres de Rabat) est allé loin, pour sa part, dans l'analyse en estimant que «le problème de la langue n'en est pas un» du moment où, a-t-il tenu à rappeler, le cinéma est un «langage universel» qui s'exprime par les images.

«Le cinéma n'a-t-il pas été muet au départ ?», a-t-il argué. En témoigne la majorité des cinéastes italiens qui tournent en muet et dont les films marchent, a-t-il renchéri, étayant son propos par le cinéaste français Jean-Luc Godard qui disait que la langue de Dante passe à travers l'image dans le cinéma italien.

Quoique ces nombreuses difficultés auxquelles fait face le cinéma africain, la réalisatrice marocaine Farida Belyazid demeure fière non seulement du travail accompli par les cinéastes africaines mais optimiste quant à l'évolution du cinéma sur le continent africain et maghrébin : «Je préfère parler d'espoir», a-t-elle dit.

Même son de cloche, chez la jeune réalisatrice marocaine Selma Bergach qui reste convaincue que les défis dans ce domaine peuvent être relevés et qu'il faut se donner les moyens pour faire aboutir ses projets.

«Les problèmes ne sont pas seulement d'ordre financier mais la volonté reste de mise en la matière», a-t-elle affirmé sans ambages.

Suite à ce débat, ont été rendus deux hommages respectivement à la chef décoratrice et artiste plasticienne Fatima Alaoui Bel Hassan, et à la comédienne ivoirienne et présidente du Festival Miroirs et cinémas d'Afrique à Marseille, Naky Sy Savané.

Pour ce métier «de chair et de sang» où les cinéastes se brûlent l'âme, un appel a été lancé, en guise de conclusion, pour l'instauration d'une collaboration entre les cinéastes africains et maghrébins et l'approfondissement des histoires portées par des images.
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