Des experts d'Afrique de l'Ouest réunis, lundi à Dakar dans le cadre d'un atelier régional sur le blanchiment des capitaux ont jugé «insuffisante» la volonté politique affichée par les gouvernements africains dans la lutte contre ce fléau intimement lié aux différents trafics illégaux.
«Beaucoup d'efforts restent à faire en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux en Afrique. La volonté politique des Etats est insuffisante. Or, sans cette volonté politique, il est impossible de venir à bout de ce fléau», a affirmé à l'ouverture de cette rencontre, Amsatou Sow Sidibé, ministre-conseiller auprès du Président de la République du Sénégal.
La corruption, un facteur commun dans les divers types de blanchiment de capitaux, est un «véritable cancer pour les pays africains» qui hypothèque le développement et met en péril les systèmes financiers d'Afrique de l'Ouest, a-t-il dit à l'entame de cette manifestation, organisée par le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba).
Pour plusieurs intervenants et experts à cette rencontre, le blanchiment de capitaux est un fléau pour les pays africains qui gangrène les Etats et constitue une source d'insécurité compte tenu du financement du terrorisme issu généralement des fonds issus d'activités illégales ou criminelles.
Les participants à la rencontre de Dakar, destinée à la sensibilisation des organisations de la société civile, ont appelé à une forte implication des intervenants de la société civile contre ce fléau afin d'exiger des Etats une lutte farouche contre le blanchiment de capitaux.
Le blanchiment de capitaux en Afrique de l'Ouest a pris une plus forte ampleur avec l'implantation, durant ces dernières années, de réseaux de trafic des drogues dures à destination de l'Europe.
Selon un rapport de l'Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime organisé (Onudc), les cartels de drogues dures en provenance de l'Amérique latine déploient une impressionnante logistique sur l'Afrique de l'Ouest qui sert de zone de transit des stupéfiants à destination de l'Europe.
Les narcotrafiquants sont désormais dotés de gros moyens tels que des bateaux-containers, des cargos, des avions de capacité et même d'engins submersibles pour débarquer sur les côtes africaines des tonnes de stupéfiants, selon l'organisation qui révèle aussi un lien étroit entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme dans la région du Sahel.