La commission régionale des droits de l'Homme Casablanca-Settat a organisé dimanche à Mohammedia un débat sur «Le rôle des forums régionaux de droits de l'Homme dans le contexte arabe actuel».
Les intervenants à ce débat ont plaidé pour l'adoption d'une démarche de proximité dans la stratégie de promotion des droits de l'homme, laquelle stratégie doit refléter les aspirations des citoyens et les réalités locales et spécifiques de chaque région.
Lors de cette rencontre débat, organisée en partenariat avec l'association «Réseau Espace Libre de la citoyenneté, la formation et du développement», l'accent a été mis sur la nécessité d'associer les citoyens à l'élaboration de toute stratégie de préservation des droits économiques, politiques et culturels des populations, et ce, pour faire des droits de l'Homme un levier de développement humain et non pas un concept abstrait.
C'est en l'espèce l'avis du militant tunisien Abdelbasset Ben Hassan, président du Conseil d'administration de l'Institut arabe des droits de l'homme (IADH), qui estime que la promotion des droits de l'Homme n'est pas l'apanage des élites politiques et intellectuelles mais doit sortir des salons feutrés pour être au plus près des revendications des populations. Il considère, à ce propos, que l'élaboration d'une stratégie de promotion des droits de l'Homme ne doit pas se faire en suivant à la lettre les réalisations et les expériences en occident mais plutôt en tenant compte des spécificités locales et des réalités de chaque pays arabe tout en s'inspirant des valeurs universelles.
D'où, pour lui, la nécessité d'adopter une approche participative proche des réalités de la société et de doter les organisations de défense des droits de l'homme de tous les moyens nécessaires au renforcement et à la pérennité de leur action tant sur le plan organisationnel que celui de la formation. Et d'appeler les militants des droits de l'Homme à s'inscrire en phase avec les mutations qui traversent actuellement les pays arabes en participant à la réforme des lois et des institutions et aussi en proposant des alternatives juridiques et législatives fondées sur les fondamentaux et les conventions internationales sur le registre des droits de l'Homme.
Revenant inéluctablement sur les acquis de la révolution tunisienne, il a tenu à faire remarquer que cette révolution a non seulement fait tomber l'absolutisme dans sa conception matérielle mais aussi dans son entendement moral qui excluaient les valeurs universelles de droits de l'Homme. Tout en soulignant que cette révolution a permis aux tunisiens de croire à nouveau aux droits de l'Homme et de démontrer que l'absolutisme n'est pas une fatalité, il a fait savoir que les militants tunisiens de droits de l'Homme se sont bien engagés au lendemain de la révolution à refonder et réformer l'arsenal juridique et législatif et ce, en se basant sur les fondamentaux de la transparence, l'équité, l'indépendance de la justice et aussi en veillant à réduire les marges qui séparaient auparavant les droits politiques et civiques de ceux à caractère économique, social et culturel.
De même, son collègue à l'Institut arabe des droits de l'homme, le militant égyptien Mustapha Yousri, a appelé pour une refondation des rapports entre les citoyens et le pouvoir, plaidant pour des relations apaisées fondées sur une participation réelle des citoyens dans la définition et l'élaboration des politiques publiques. Il a, aussi, appelé les organisations de droits de l'Homme à promouvoir une véritable culture des droits de l'Homme qui puise son essence et ses fondements dans les besoins et les revendications des populations, les incitant à mieux comprendre le message de la jeunesse.
Tout en appelant à dépasser la logique de confrontation idéologique, il a préconisé l'adoption d'une stratégie de travail sectorielle traitant une à une les problématiques et non pas une approche globale qui risque de privilégier un champ de réforme sur l'autre.
Sur tout un autre registre, Ahmed Berdouhi, acteur associatif membre de la commission régionale des droits de l'Homme Casablanca-Settat, a livré les conclusions de son enquête sur «la situation des populations précarisées à Mohammedia : le cas des étudiants africains».
Présidée par Soumicha Riyaha, la commission régionale des droits de l'Homme Casablanca-Settat est composée de 30 membres de différentes appartenances et sensibilités auxquels s'ajoute un représentant régional de l'institution du médiateur.
