Le club d'équitation Al-Fayçal, situé au bord de la mer dans la ville de Gaza, accueille chaque jour «environ 50 personnes des deux sexes, avec une moyenne d'âge de 8 à 40 ans», explique Samir Salamé Saad, gérant de la société «Beautiful Life», qui a acheté il y a quelques mois ce club fondé en 2003.
Le centre équestre occupe une superficie de 10 dounams (100 hectares) et possède 60 chevaux, dont une partie importée via les tunnels de contrebande avec l'Egypte, au prix de blessures physiques et psychologiques pour les animaux. «Nous manquons de médicaments à cause du blocus (israélien) qui affecte les chevaux locaux, dont le nombre est en diminution constante à cause des décès», explique Samir Saad, qui a créé l'école d'équitation au sein du club.
Cinq entraîneurs, dont un de niveau international, proposent des leçons et des compétitions à des élèves âgés de 8 à 20 ans.
L'équitation est un sport d'élite «très cher», reconnaît Samir Saad, qui affirme proposer «des prix de 20% inférieurs à ceux des pays voisins».
Avant le blocus israélien en 2006, «le club demandait 300 shekels (60 euros, 78 dollars) ou plus» pour deux semaines de cours, précisé Ola Abou Safiya, 18 ans, qui monte depuis cinq ans. «Maintenant ils ne prennent plus que 150 (30 euros ou 40 dollars) parce qu'ils tiennent compte des conditions économiques à Gaza».
Concours sans chevaux
«C'est mon loisir favori depuis que mon père m'a amenée et que j'ai monté pour la première fois. Ce jour-là était effrayant», confie la jeune fille, étudiante en psychologie, qui rêve à présent d'enseigner les sports équestres à son tour. «Il n'y a pas de différence entre les garçons et les filles en ce qui concerne l'équitation», se réjouit-elle.
«Mon père et ma mère m'ont encouragée à monter à cheval, nous avions une petite écurie et mon père était passionné, il voulait que ses enfants excellent en équitation», raconte Hanane Abou Nada, 28 ans, avocate et mère de deux enfants.
«On me dit 'Tu es voilée, comment peux-tu monter à cheval? C'est inconcevable', mais je voudrais insister sur l'idée qu'une fille voilée est comme n'importe quelle fille qui pratique son loisir. Il ne faut pas la critiquer, au contraire les Palestiniens devraient être fiers de nous», plaide-t-elle. Elle se dit «fière» d'être entraînée par Omar al-Mamlouk, l'entraîneur international du club, et aspire à participer à des compétitions internationales «et à représenter (son) pays, la Palestine».
Selon Omar Al-Mamlouk, la division depuis 2007 entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, respectivement gouvernées par le Hamas et le Fatah du Président palestinien Mahmoud Abbas, «a beaucoup influé sur l'équitation et a arrêté nos participations (aux compétitions) à l'étranger, grâce auxquelles nous pouvions atteindre le niveau de nos frères arabes».
«A cause de la division, alors que la Fédération palestinienne d'équitation est active en Cisjordanie et à Ramallah, nous en avons été exclus, bien que nous ayons un plus grand nombre de chevaux pour le saut et la course, ainsi que de cavaliers», déplore-t-il. «Si la division cesse, nous pourrons coopérer avec nos frères en Cisjordanie», espère-t-il.
«Jusqu'à présent, toutes nos compétitions sont locales», relève Samir Saad: «Nous avons participé à des championnats à l'étranger il y a dix ans en Jordanie et dans les pays du Golfe avec nos cavaliers, mais sans chevaux parce que nous ne pouvons pas les faire sortir» de Gaza.
