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Kinshasa en pleine mue pour le sommet

Balayeurs dans les rues, poubelles, routes refaites et façades repeintes: Kinshasa, ou du moins son quartier résidentiel de la Gombe, se fait une beauté pour le sommet de la Francophonie, les 13 et 14 octobre.

En juin, une banderole nostalgique a été postée sur le Boulevard du 30 Juin, la principale artère de la capitale de la République démocratique du Congo. Son message : «Kin redevient belle. Méritons-la». Un clin d'œil aux années 70, où la capitale du Zaïre du Président Mobutu Sese Seko (1965-1997) était surnommée «Kin la belle».

Aujourd'hui, après une décennie de conflits, marqués par deux guerres et plusieurs vagues de pillages qui ont laissée la ville abîmée, un panneau en appelle directement au civisme des quelque 10 millions de Kinois. «La beauté de Kinshasa, c'est moi», prône-t-il.

A la Gombe, la commune du nord de Kinshasa, balayeurs et peintres s'agitent depuis des semaines et des poubelles, rares d'ordinaire, ont été installées.

Le siège du Parlement, qui accueillera le sommet, a été entièrement rénové. De même, une grande tour datant de l'ère Mobutu a été transformée par ses nouveaux propriétaires chinois en «Hôtel du fleuve», un établissement de luxe dont les illuminations, la nuit, rappellent Las Vegas.

Les Chinois sont aussi à la manœuvre pour refaire les routes. Partenaire privilégié de Kinshasa depuis l'élection de Joseph Kabila en 2006, Pékin avait obtenu en 2007 un contrat qui avait défrayé la chronique : la Chine, prête à investir massivement dans les zones minières en Afrique, accordait un prêt de quelque 9 milliards de dollars à Kinshasa, en partie remboursable par des titres miniers.

Le deal prévoyait qu'en échange d'une mainmise sur le sous-sol congolais, les entreprises chinoises construiraient plus de 10.000 km de routes et de chemins de fer, ainsi que des universités, hôpitaux et complexes hôteliers.

Les chantiers, lancés depuis près de quatre ans dans la capitale, ont connu un coup de fouet à l'approche du Sommet de la Francophonie. Alors qu'avec les embouteillages, il fallait parfois jusque 4 heures pour relier l'aéroport à la Gombe, une entreprise chinoise a bitumé plusieurs dizaines de kilomètres d'une gigantesque six voies, et le cœur administratif devrait bientôt être accessible en 30 minutes...

«Mais qu'attendaient-ils depuis tout ce temps? critique Pitchen, un docker de 31 ans. Ils ont attendu que des hautes personnalités viennent pour s'activer à réhabiliter les routes. Regardez, le travail est bâclé : ça, c'est quelle route avec des nids de poule?».

«Qu'on réhabilite les routes, c'est bien. Mais quand ces travaux entraînent des coupures d'eau, ce n'est pas bon. On ne peut plus faire les tâches ménagères. On a même perdu deux enfants du quartier qui tentaient de puiser de l'eau dans la rivière», déplore pour sa part Elise, une enseignante.

Selon Michel Mousseme, un des responsables du comité d'organisation du sommet, 21 millions de dollars ont été dépensés pour embellir la ville, et recevoir les délégations d'officiels et de journalistes. On mobilise les Kinois à l'aide de logos, drapeaux, affiches, et même d'un journal du sommet.

A l'approche du sommet, des cortèges de voitures et de motards circulent en ville, sirènes à l'appui, pour se préparer au convoyage des invités. La sécurité a été renforcée. Outre les policiers, des militaires de la garde républicaine, chargée de la protection du président, sont postés un peu partout. Poignards au coté, kalachnikov à l'épaule, parfois même un lance-roquettes.

Une partie des policiers est affectée à l'opération «Kinshasa propre», lancée en mai et qui a été marquée par des destructions brutales de restaurants et marchés clandestins. Le marché artisanal, dit «aux valeurs» et surnommé «marché aux voleurs», où les bibelots en ivoire abondaient malgré l'interdiction mondiale de ce commerce, a été rasé.

Un village de la Francophonie devrait accueillir les vendeurs de curiosité: un stand est loué 500 dollars pour deux jours. Dissuasif, dans un pays où deux tiers des habitants gagnent 1,25 dollar par jour, selon la Banque mondiale. 

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