Solar Impulse, l'avion solaire suisse, redécollera de nouveau jeudi matin de Rabat vers Ouarzazate, après avoir fait demi-tour la semaine dernière en raison de conditions météorologiques défavorables, a indiqué mercredi la société suisse Solar Impulse et l'Agence marocaine de l'énergie solaire (Masen), dans un communiqué.
«L'avion redécollera jeudi matin de l'aéroport de Rabat-Salé et devra atterrir vers 23h00 (22h00 GMT) à l'aéroport de Ouarzazate», selon la même source.
Mercredi dernier, l'avion solaire fut contraint de faire demi-tour vers Rabat, après avoir volé moins de 8 heures en direction d'Ouarzazate, en raison «de turbulences et de forts vents de face non prévu entre Casablanca et Marrakech».
L'appareil piloté par André Borschberg avait rencontré «des turbulences et de forts vents de face non prévu entre Casablanca et Marrakech», avait souligné Mazen.
Très fragile, cet appareil en fibre de carbone -qui a le poids d'une petite berline- est mû par quatre moteurs électriques, d'une puissance de 10 chevaux chacun, alimentés par 12.000 cellules photoélectriques couvrant son immense aile.
«L'aviation solaire, une piste d'avenir à défricher»
Faire voler un avion uniquement par l'énergie solaire, de jour comme de nuit, relevait, il y a quelques années à peine, de la pure utopie. Avec Solar Impulse, l'avion expérimental qui a pulvérisé tous les records en matière d'aviation solaire, c'est une nouvelle ère qui commence pour ce domaine tellement nouveau qu'il en devient périlleux.
Le prototype qui allie grandeur, légèreté et résistance et emploie une technologie photovoltaïque innovante lui permettant de rester dans le ciel le maximum de temps, a repoussé les limites de l'impossible en cumulant les prouesses, en termes de durée de vol, d'altitude et de distance parcourue, faisant ainsi date dans l'histoire d'un secteur resté longtemps hermétique
Abstraction faite d'initiatives isolées qui ont été surtout le fait de particuliers, l'histoire de l'aviation solaire est demeurée une page blanche. C'est à partir des années 70, juste après le choc pétrolier, qu'ont eu lieu les premières tentatives de faire voler un avion mû par l'énergie solaire, lesquelles n'ont pas fait long feu, faute de ressources financières et de technologies appropriées, mais aussi et surtout d'ambition et de crédibilité.
Il fallait attendre jusqu'en 2001 pour voir fabriqué un modèle avancé présentant une envergure de plus de 82 mètres pour un poids d'à peine 800 kg. Le drone Helios, développé par l'agence spatiale américaine NASA, a réalisé un exploit en survolant le Pacifique à une altitude de plus de 32 km, avant de s'écraser en 2003 lors d'un vol d'essai. Aujourd'hui, le record du monde au niveau d'autonomie de vol d'un avion solaire est détenu par le drone anglo-américain Zephyr, ayant passé dans le ciel 14 jours sans interruption, en 2010. Mais jamais un avion habité n'a pu atteindre un tel niveau de performance. Et pour cause, au défi de rendre l'appareil durable en augmentant sa capacité de stockage du rayonnement solaire, s'ajoute, pour ce type d'avions, un autre consistant à rendre le pilote durable, comme l'expliquait André Borschberg, co-pilote et co-fondateur de Solar Impulse, peu après l'atterrissage de l'engin suisse à l'aéroport de Rabat-Salé.
Le manque de confort à bord des avions solaires conçus pour être les plus légers possible, la difficulté de les manipuler et leur très faible vitesse de vol (70 km/h en moyenne pour Solar Impulse) rendent ardue la tâche du pilote pour qui chaque vol devient une épreuve d'endurance physique et morale et un pari à relever. André Borschberg concède qu'il s'agit d'une contrainte considérable pour Solar Impulse qui va tenter en 2014 un tour du monde, premier du genre.
De même, l'extrême vulnérabilité des avions solaires aux aléas climatiques et au trafic aérien et leur coût de fabrication élevé limitent considérablement l'espoir de les voir un jour utilisés comme moyen de transport à part entière. Si les promoteurs de Solar Impulse ne cessent de répéter que leur objectif n'est pas de développer une filière de transport aérien solaire, mais plutôt de sensibiliser à l'immense potentiel économique, environnemental et technologique des énergies renouvelables, il n'empêche que leur success story est de nature à stimuler la recherche dans les applications aéronautiques de la technologie solaire.
Parmi celles-ci, l'exploration scientifique constitue une importante piste à creuser. Un projet pionnier a été d'ores et déjà mis sur pied par l'Agence spatiale européenne qui projette d'envoyer un avion solaire baptisé Sky Sailor, en mission d'exploration de Mars. Solar Impulse a démontré qu'avec comme unique ressource le rayonnement solaire, on peut accomplir des progrès environnementaux, technologiques et scientifiques en faisant comme les oiseaux : voler sans polluer.
