Les acquis de la nouvelle Constitution marocaine et les apports du texte constitutionnel en matière de démocratie, de droits fondamentaux et de libertés, ont été mis en avant, mardi à Lisbonne, lors d'une conférence organisée par le Centre européen des études de l'histoire constitutionnelle.
La Loi fondamentale plébiscitée lors de la consultation référendaire du 1er juillet 2011 et fruit d'une démarche participative inédite a couronné un processus enclenché depuis les années 90, a indiqué Nadia Bernoussi, professeur de droit constitutionnel à l'Ecole nationale d'administration, lors de cette rencontre organisée en partenariat avec l'ambassade du Maroc au Portugal, dans le cadre d'un cycle de conférences sur les nouvelles Constitutions dans plusieurs pays.
Elle a ainsi relevé les apports de la Loi fondamentale qui a notamment consacré la séparation des pouvoirs, le renforcement des prérogatives du gouvernement, l'indépendance de la justice et la bonne gouvernance, faisant remarquer que la nouvelle Constitution reconnaît le caractère pluriel de l'identité marocaine avec ses affluents arabe, amazigh, hassani, africain et hébraïque, notamment.
La révision constitutionnelle a apporté une rupture au niveau du procédé d'élaboration et du contenu, a souligné Nadia Bernoussi, lors de cette conférence à laquelle a pris part l'Ambassadeur du Maroc au Portugal, Karima Benyaich.
Le texte constitutionnel a été élaboré dans le cadre de la Commission consultative de révision de la Constitution, une commission plurielle et pluridisciplinaire jouissant d'une triple légitimité technique, politique et démocratique, a ajouté Nadia Bernoussi qui était membre de cette Commission.
Au niveau du contenu, la Constitution opère un esprit nouveau, accorde une place de choix aux droits fondamentaux et revisite la séparation des pouvoirs, a-t-elle dit, relevant qu'au niveau quantitatif, 60 articles sur les 180 articles que compte le texte sont consacrés à l'individu.
La constitutionnaliste s'est particulièrement attardée sur les droits consacrés par la Constitution aux femmes notamment en instaurant le principe de la parité en droits économiques, politiques et sociaux et en prohibant la discrimination envers elles.
Elle a, en outre, tenu à préciser où se situe la révision de la Constitution marocaine par rapport au «Printemps arabe» et d'annuler quelques prénotions et idées reçues selon lesquelles le «Printemps arabe» s'est produit dans des pays comme la Tunisie, l'Egypte et la Libye qui ont connu des révolutions et que le Maroc n'a pas connu de «Printemps arabe».
Nadia Bernoussi, également vice-présidente de l'Association internationale de droit constitutionnel et de l'Académie internationale de droit constitutionnel a, à ce propos, fait observer qu'il n'y a pas de déterminisme historique, mais au contraire les transitions démocratiques dans de grands pays se sont faites sans violence et sans révolution.
Ont, notamment, pris part à cette conférence le directeur du Centre européen des études d'Histoire constitutionnelle, Fernando Larcher, le président de la Société historique de l'Indépendance du Portugal, José Alarcao Troni, le président du cercle d'amitié Portugal-Maroc, Manuel Pechirra ainsi que plusieurs chercheurs et juristes portugais.
