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Davos déclare la guerre

Des experts en santé et nutrition ont appelé à Davos à des actions concrètes et urgentes pour lutter contre l'obésité.

Davos déclare la guerre
A Davos, des experts appellent à lutter contre la pandémie d'obésité. (Photo : AFP)

●  «Si les choses continuent ainsi, il pourrait y avoir dans 20 ans de 50 à 60% de la population mondiale adulte en surpoids», Linda Fried, doyenne de l'Ecole Mailman de Santé publique de Columbia, 

●  «Regardez tout l'argent qui va dans la production du maïs et du sirop de maïs, comparé aux subventions distribuées à la production de fruits et légumes», Marc Van Ameringen, directeur exécutif de l'Alliance mondiale pour une meilleure nutrition (GAIN)

●  «L'éducation a aussi son rôle à jouer dans la lutte contre le surpoids», Paul Bulcke, patron du géant agroalimentaire suisse Nestlé

Avec quelque 1,4 milliard de personnes de plus de 20 ans en surpoids, l'obésité est devenue une quasi pandémie mondiale exigeant des actions concrètes et urgentes, ont expliqué le week-end à Davos des experts en santé et nutrition.

Leur inquiétude est telle qu'ils estiment que ce fléau doit désormais être combattu par les responsables politiques au même titre que le tabagisme.

A l'échelle mondiale, le nombre de cas d'obésité a doublé depuis 1980, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le surpoids concerne aujourd'hui 1,4 milliard de personnes de 20 ans et plus, parmi lesquelles plus de 200 millions d'hommes et près de 300 millions de femmes sont obèses.

Surpoids et obésité sont ainsi le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial. Au moins 2,8 millions d’adultes en meurent chaque année.

En outre, le surpoids et l'obésité, résultats d'un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées, provoquent une augmentation des cas de diabète, accroissant les risques cardiaques, soulignent les experts.

«Si les choses continuent ainsi, il pourrait y avoir dans 20 ans de 50 à 60% de la population mondiale adulte en surpoids», a averti la doyenne de l'Ecole Mailman de Santé publique de Columbia, Linda Fried, lors d'une table ronde du Forum de Davos, qui a réuni cette semaine en Suisse les dirigeants de l'élite politique et économique mondiale.

«Si le surpoids et l'obésité étaient des maladies contagieuses, on parlerait de pandémie», a-t-elle estimé, soulignant que ce phénomène mondial prend rapidement de l'ampleur.

Mais il faut avant tout cesser de blâmer uniquement les obèses, ont souligné les experts, mettant en avant l'importance des conditions de vie.

Pour la vice-présidente du département Accès au sport de Nike, Lisa MacCallum Carter, l'obésité est liée à la «crise de l'inactivité», résultat de l'urbanisation croissante dans le monde.

Selon la dirigeante, les citoyens américains sont ainsi 32% moins actifs qu'en 1967, tandis que la génération actuelle de Chinois est devenue 45% moins active que celle qui l'a précédé.

Autrefois considérés comme des problèmes propres aux pays à hauts revenus, le surpoids et l’obésité augmentent ainsi de façon spectaculaire dans les pays à faibles ou moyens revenus, surtout en milieu urbain.

Les experts ont donc appelé les politiques à changer d'attitude. Le directeur exécutif de l'Alliance mondiale pour une meilleure nutrition (Gain), Marc Van Ameringen, a dénoncé les pays qui, comme les Etats-Unis, attribuent des subventions au secteur de l'industrie alimentaire, favorisant par exemple la production de sirop de maïs, un édulcorant et épaississant utilisé dans les aliments préparés.

«Regardez tout l'argent qui va dans la production du maïs et du sirop de maïs, comparé aux subventions distribuées à la production de fruits et légumes», a-t-il dit.

Pour le patron du géant agroalimentaire suisse Nestlé, Paul Bulcke, l'éducation a aussi son rôle à jouer dans la lutte contre le surpoids. Un facteur également souligné par MacCallum Carter, invitant les politiques à favoriser l'activité physique des enfants tant à l'école qu'à la maison.

Le surpoids concerne près de 43 millions d’enfants de moins de cinq ans dans le monde, selon l'OMS, pour qui l'obésité de l’enfant est associée à un risque accru de décès prématuré et d’incapacité à l’âge adulte. 

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