Les parcours de pâturage au Maroc couvrent une superficie globale de 53 millions de ha, dont 65% (35 millions de ha) sont situés dans les régions du sud du pays, selon une étude présentée, mercredi à Agadir, dans le cadre d’une journée scientifique sur «La transhumance dans les zones de l’arganier».
Cette étude, élaborée par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, fait ressortir que ces superficies comportent 10 groupes écologiques et 64 systèmes de pâturage et plus de 4.000 espèces végétales et contribuent à hauteur de 30% à l’alimentation du bétail, soit l’équivalent de 8,75 millions de DH, sachant que cette contribution peut aller de 70 à 90% dans les Hauts plateaux et les zones montagneuses.
Elle relève que le phénomène de la transhumance dans les régions du sud a subi des mutations profondes en raison de la succession des années de sécheresse, l’exploitation intensive du couvert végétal et forestier (argan, plantes médicinales et aromatiques), l’utilisation croissante des camions pour le transport des troupeaux et le labourage sauvage des parcours en l’absence de mécanismes d’organisation et de régulation des mouvements des troupeaux transhumant entre les zones agricoles et leur zones d’origine avec tout le cortège de litiges et de différends qui s’en suit.
Soucieux de juguler ce genre de contraintes précisément, le ministère a consacré, dans le cadre du programme de lutte contre la sécheresse entre 2011 et 2013, un montant de près de 154 millions de DH destiné aux régions de Souss-Massa-Drâa, Lâayoune-Sakia Al Hmara, Guemim-Smara et Oued Eddahab-Lagouira, en plus de la mobilisation, au titre de la même période, d’une enveloppe de 400 mille DH pour le programme de développement de la filière cameline dans les trois dernières régions.
L’étude préconise aussi une série de mesures, dont la création de commissions régionales et provinciales mixtes chargées d’organiser et de coordonner le mouvement des troupeaux durant les saisons de transhumance, la facilitation d’accès et de répartition des transhumants, la limitation des têtes de troupeaux autorisés à paître, l’aménagement des parcours et la régénérescence du couvert végétal dans les zones détériorées.
Elle propose également la délimitation des itinéraires empruntés par les troupeaux, l’agrégation des éleveurs dans des coopératives professionnelles, la valorisation des produits locaux à travers la création d’unités d’engraissement et d’abattoirs modernes dans le respect de la qualité et la mise en place d’unités de stockage des aliments de bétails pour prémunir les éleveurs contre les répercussions de la sécheresse.
Sur le plan juridique, l’étude suggère l’élaboration d’une loi spécifique aux pâturages devant réguler et définir les modalités de gestion des parcours, y compris la transhumance, et des pactes d’élevage au niveau des régions cibles pouvant servir de plate-forme pour l’ensemble des acteurs concernés par cette problématique.
Initiée par l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA), cette journée d’étude a été ponctuée par la projection d’un documentaire sur la transhumance et la présentation des résultats des études menées, dans ce sens, par le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime et le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification.
Les travaux de ce séminaire, qui s’est déroulé dans le nouveau siège de la Chambre régionale d’agriculture Souss-Massa-Drâa, ont été marqués par la présence du ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, du Haut-commissaire aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification, Abdeladim El Hafi, du wali de la région Souss-Massa-Drâa, gouverneur de la préfecture d’Agadir-Ida Outanane, des gouverneurs de la préfecture et provinces d’Inezgane-Aït Melloul, de Taroudant et de Tata, du président du Conseil régional, de présidents des associations professionnelles et d’autres acteurs locaux.
