La prise d'otages dans un complexe gazier à In-Amenas, au sud-est d'Algérie, est la preuve que les terroristes sont «encore présents et peuvent encore frapper», a affirmé jeudi Mohamed Benhammou, directeur du Centre marocain des études stratégiques.
Dans une déclaration à la MAP, l'analyste politique a estimé que l'attaque par un groupe «lourdement armé» d'une base pétrolière à l'intérieur du territoire algérien est «la preuve que les terroristes sont encore présents et peuvent encore frapper».
«Le groupe est intervenu avec des combattants qui sont sur le sol algérien (...) donc le phénomène du GSPC qui a été exporté dans la région et qui a régionalisé le terrorisme algérien n'a pas été éradiqué», a dit Benhammou, universitaire, chercheur en sciences politiques et spécialiste des questions sécuritaires et des groupes terroristes dans les régions d'Afrique du Nord et du Sahel.
«Cette page du terrorisme en Algérie qu'on pensait qu'elle était tournée semble malheureusement ne l'avoir pas été complètement», a-t-il ajouté.
Le deuxième scénario est que «ces groupes se soient déplacés du nord du Mali jusqu'à In-Amenas, pour perpétrer leur attaque, sur une route de plusieurs centaines de kilomètres» où sont disséminées des bases de l'armée algérienne, notamment dans la région de Tamanrasset.
Le chercheur marocain a jugé très grave que ces groupes se soient déplacés librement sur toute cette partie du territoire algérien sans être repérés.
«Nous sommes dans une zone désertique difficilement contrôlable, où il y a une absence totale de l'Etat, mais aussi dans une zone où il y a une population abandonnée à son propre sort», a-t-il expliqué, avant d'ajouter : «nous sommes aussi face à des systèmes politiques qui manquent de bonne gouvernance».
«Le problème aujourd'hui, a souligné Benhammou, est un problème qui menace la sécurité collective et qui menace la stabilité de toute la région», déplorant qu’»à force de vouloir instaurer une certaine tutelle sur des pays de la région, on a fini par nous léguer cette situation qui, aujourd'hui, plonge la région dans l'incertitude».
Pour lui, «on ne peut pas répondre à cette situation explosive dans le Sahel sans des stratégies stratifiées (...) qui débarrassent la région de plusieurs problèmes créés et de conflits chroniques imposés depuis plusieurs décennies».
A ce propos, a-t-il fait remarquer, «les camps de Tindouf aujourd'hui représentent un carrefour et un point où les groupes extrémistes violents et les groupes criminels qui sont actifs dans la région se croisent».
Ces camps offrent «un refuge pour les combattants terroristes de plusieurs groupes, nous sommes dans une zone qui semble être une zone de non-droit et qui représente une menace réelle», a-t-il indiqué.
«Il est certain que maintenir cette zone de non-droit représente aujourd'hui un danger supplémentaire pour la sécurité et la stabilité dans la région», a-t-il conclu.
