Plus de 190 pays étaient réunis lundi à Varsovie pour donner un nouvel élan à la lutte contre le changement climatique et poser les bases de l'accord de 2015, lors d'un nouveau cycle de négociations aux accents dramatiques après le typhon Haiyan.
«Nous nous rassemblons aujourd'hui avec, sur nos épaules, le poids de nombreuses réalités qui donnent à réfléchir» (...) comme «l'impact dévastateur du typhon Haiyan», le plus puissant à avoir jamais touché terre , a déclaré la responsable climat de l'Onu, Christiana Figueres, devant les délégations du monde entier.
«Les prochaines générations vont devoir mener une bataille immense», et «ce qui se joue ici dans ce stade n'est pas un jeu», a-t-elle lancé, faisant référence au stade de Varsovie où a lieu la conférence annuelle de l'Onu jusqu'au 22 novembre.
«Il n'y a pas deux équipes, mais l'intégralité de l'humanité. Il n'y a ni gagnant, ni perdant. Nous allons tous gagner, ou tous perdre», a-t-elle averti.
En séance plénière d'ouverture, le délégué philippin a marqué les esprits en déclarant, la voix étranglée par l'émotion, qu'il allait jeûner durant la conférence. «Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture (...), je vais commencer un jeûne volontaire pour le climat», et «je m'abstiendrai de manger durant cette conférence jusqu'à ce que des résultats significatifs soient en vue», a déclaré Naderev Sano.
«Ce que mon pays traverse est une folie. La crise climatique est une folie. Nous pouvons arrêter cette folie ici, à Varsovie», a-t-il dit. «Mon pays refuse d'accepter qu'une 30e conférence ou une 40e conférence soit nécessaire pour résoudre le changement climatique». La conférence de Varsovie est la 19e.
Les discussions s'annoncent tendues
La Communauté internationale s'est fixé comme objectif de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Or, si rien n'est fait, la température pourrait encore croître de près de 5°C d'ici à la fin du siècle, et les événements extrêmes se multiplier, ont rappelé en septembre les experts du climat du Giec.
Le lien entre cyclones et changement climatique est un point âprement discuté entre climatologues qui s'attendent cependant à des événements de plus en plus violents liés à la hausse de la température des océans.
Varsovie lance deux années de négociations qui doivent déboucher en 2015, à Paris, à un accord global, ambitieux et légalement contraignant de réduction de gaz à effet de serre (GES), à l'origine du réchauffement, qui entrerait en vigueur à partir de 2020.
Pour l'heure, le seul texte limitant les GES est le protocole de Kyoto, mais il ne concerne que les pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont jamais ratifié, et ne couvre désormais que 15% des émissions totales.
Le prochain accord, qui prendrait le relais du Protocole de Kyoto, doit concerner cette fois les Etats-Unis et les grands pays émergents dont la Chine, premier pollueur au monde.
Les discussions s'annoncent très tendues sur le niveau de contrainte légale du texte ou encore les engagements que devront prendre les économies émergentes qui brandissent leur droit au développement et la responsabilité des pays industrialisés dans le réchauffement.
Christiana Figueres a appelé les délégations présentes à Varsovie à «clarifier les éléments du nouvel accord qui modèlera les agendas climatiques, économiques et de développement après 2020», et à progresser sur le dossier de l'aide financière pour aider les pays du sud à faire face au changement climatique.
Les pays du Nord ont promis 100 milliards de dollars d'aide par an d'ici à 2020, or les pays du Sud ne voient rien venir et craignent qu'il ne s'agisse que de promesses creuses.
En cours de la deuxième semaine de négociations, les délégations seront rejointes par les ministres des pays représentés pour s'entendre sur un texte qui sera adopté au terme de cette conférence.
La prochaine conférence de l'Onu sur le climat aura lieu fin 2014 à Lima, avant Paris qui sera désignée officiellement à Varsovie comme capitale hôte en 2015.