Les États-Unis ont renforcé les soupçons pesant sur les rebelles pro-russes accusés d'avoir abattu un avion de Malaysia Airlines dans l'Est de l'Ukraine, un drame qui a fait près de 300 morts et provoqué une vague d'indignation à travers le monde.
Sur place, près de la frontière russe, les premiers observateurs internationaux sont arrivés. Les pompiers locaux ont marqué d'un bâton surmonté d'un petit chiffon blanc les emplacements des restes humains des victimes, disséminés sur plusieurs kilomètres carrés.
Sous une pluie fine, les secouristes se sont activés pour rassembler les effets des victimes : des cartes d'un jeu de Sept familles ou un guide touristique Lonely Planet «Bali and Lombok», autant de signes d'un départ en vacances.
Les corps de 182 des 298 passagers et membres d'équipage ont été récupérés.
Au Pays-Bas, d'où le Boeing 777 était parti, le crash a pris l'ampleur d'un drame national - au moins 154 victimes étaient néerlandaises.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Frans Timmermans est arrivé à Kiev avec une équipe de 15 enquêteurs, mais il a dit à la radio publique NOS ignorer s'il se rendrait sur place. «Je ne veux marcher sur les plate-bandes de personne», a-t-il déclaré.
Conséquence immédiate de la catastrophe : l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a «recommandé fortement» vendredi d'éviter le survol de l'est de l'Ukraine et celui de la Crimée.
Évoquant un drame «atroce», le Président Barack Obama a souligné que l'avion qui assurait le vol Amsterdam-Kuala Lumpur avait été touché par un missile sol-air tiré «depuis un territoire contrôlé par les séparatistes prorusses».
«Cette tragédie révoltante montre qu'il est temps que la paix et la sécurité soient rétablies en Ukraine», a-t-il lancé, dénonçant une nouvelle fois l'attitude de Moscou et soulignant combien les enjeux étaient importants «pour l'Europe, et pas simplement pour les Ukrainiens».
Lors d'une conversation téléphonique, Obama et le Premier ministre britannique, David Cameron «se sont entendus pour maintenir la pression (sur Moscou) dans les semaines à venir s'il n'y a aucun progrès vers une désescalade».
Auparavant, Samantha Power, ambassadrice américaine à l'Onu, avait énuméré, devant le Conseil de sécurité, les soupçons pesant sur les rebelles, évoquant l'utilisation d'un missile russe Bouk de type SA-11. Elle a souligné que des séparatistes «avaient été repérés» jeudi matin en possession de ce type de système de défense antiaérienne près de l'endroit où l'avion s'est écrasé.
Le Pentagone, par la voix de son porte-parole, le contre-amiral John Kirby, a jugé qu'il «fallait vraiment être très naïf pour penser (qu'un tel missile) peut être utilisé par les séparatistes sans un minimum de soutien et d'assistance technique russes».
L'enquête internationale sur la catastrophe n'a pas encore vraiment commencé sur place, malgré l'arrivée d'une trentaine d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et de quatre représentants de l'agence de l'aviation ukrainienne.
Le Président Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont souligné, lors d'une conversation téléphonique, la nécessité de garantir aux enquêteurs «un accès complet, illimité et sécurisé» au site sur lequel l'avion s'est écrasé.
