Les résultats de cette étude menée en Australie, qui seront présentés fin mai à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology à Chicago, ont le potentiel de diminuer la fréquence et les coûts de cette forme de cancer la plus commune chez les personnes à peau claire, estiment ces chercheurs.
Nettement moins fréquents, les mélanomes sont une forme plus grave de cancer de la peau, qui n'ont pas fait l'objet de cette recherche.
La nicotinamide est sans risque, pas chère et peut s'acheter sans ordonnance.
«C'est la première indication solide qu'il est possible de réduire les cancers de la peau avec une simple vitamine couplée à une bonne protection contre le soleil», a indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique la Dr Diona Damian, professeur de dermatologie à Sydney en Australie, qui a mené cet essai clinique.
«Nous espérons que ces résultats auront une application clinique immédiate», a-t-elle affirmé, soulignant «que les personnes à haut risque de développer un cancer de la peau devront continuer à se faire suivre par leur dermatologue».
Ces chercheurs ont recruté 386 personnes qui avaient déjà eu au moins deux cancers de la peau (non-mélanome) au cours des cinq années précédentes, considérées de ce fait comme à haut risque.
La moitié a pris 500 milligrammes par jour de nicotinamide pendant un an et l'autre partie un placebo.
A la fin de cette période, le groupe traité avec de la nicotinamide a eu 23% moins de cancer de la peau. Six mois après avoir arrêté de prendre cette vitamine, le risque était le même dans les deux cohortes, a précisé la Dr Damian.
L'échantillon de cette étude est représentatif des patients qui développent ce type de cancer de la peau. D'une moyenne d'âge de 66 ans, les deux-tiers étaient des hommes, les femmes étant moins affectées.
Outre le fait de réduire l'incidence des cancers de la peau qui ne sont pas des mélanomes, le groupe soumis à la nicotinamide a vu le nombre de kératoses actiniques, des lésions cutanées pouvant devenir cancéreuses, diminuer de 20% après neuf mois.
Les rayons ultraviolets du soleil endommagent l'ADN et suppriment le système immunitaire de la peau qui aide à éliminer les cellules affectées avant qu'elles ne deviennent cancéreuses, expliquent les chercheurs.
La nicotinamide doperait la capacité des cellules à réparer les dommages subis par l'ADN et protégerait le système immunitaire, selon des recherches menées sur des souris et de précédentes études cliniques.
Malgré des campagnes intensives pour sensibiliser le public à la nécessité de se protéger du soleil, la fréquence des cancers de la peau continue à augmenter dans le monde.
Aux Etats-Unis, environ cinq millions de personnes sont traitées annuellement pour un cancer de la peau qui n'est pas un mélanome.