Les négociateurs sur le climat, réunis à Bonn, se sont inquiétés mercredi de la lenteur des progrès en vue d'un projet d'accord global visant à limiter le réchauffement climatique, à trois jours de la fin des discussions officielles avant la grande conférence de l'Onu à Paris début décembre.
«La bonne nouvelle est que nous avons un texte complet, ce qui est important pour toutes les parties», a dit dans l'après-midi à l'AFP, Christiana Figueres, la secrétaire de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (Cnuccc).
«Il est complet, mais moins concis, moins cohérent, et moins clair (qu'en début de semaine, ndlr). Or il nous faut ces quatre ‘C’. Alors les parties travaillent pour le rendre de nouveau clair, cohérent et concis», a-t-elle résumé, rappelant qu'il reste «deux jours et demi» avant la fin de la session.
Le matin, des négociateurs avaient appelé à un sursaut dans les tractations, ralenties par des batailles de procédures et demandes d'amendements.
«Je suis préoccupée par ce qui remonte des groupes de travail», a dit la négociatrice française, Laurence Tubiana, en séance plénière, reflétant la frustration partagée au sein des délégations.
«Je ne pense pas que ce mode de travail va nous conduire où nous devons être à la fin de la semaine. Il faut se ressaisir», a-t-elle prévenu. «Nous ne pouvons pas attendre» la conférence de Paris pour faire des compromis, selon elle.
Si les ministres voyaient l'état d'avancement de la rédaction du projet, «beaucoup de délégués perdraient probablement la moitié de leurs salaires immédiatement», a ajouté Artur Runge-Metzger, médiateur d'un des groupes de travail.
Les représentants des 195 pays ont pour mission de finaliser un projet d'accord rapprochant les positions et clarifiant les points de divergence que seuls les gouvernements pourront trancher à la conférence COP 21 de Paris (30 novembre-11 décembre).
Frustrations
Les contraintes de temps génèrent des frustrations, selon un autre médiateur, le Suisse Franz Perrez. «Soit les parties sont dépitées de voir que nous n'allons pas assez vite, soit elles sont dépitées parce qu'elles n'ont pas le temps de regarder les propositions dans le détail», a-t-il relevé en plénière. Mais «nous devons nous mettre d'accord sur des compromis», a-t-il exhorté.
Selon l'ambassadrice sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, parlant au nom des pays en développement et émergents du groupe G77, qui représentent une vaste majorité de la population mondiale, «nous sommes à un moment crucial et il y a de nombreux points sur lesquels les parties ne sont pas si éloignées». Aussi elle a appelé les parties à ne plus «ajouter de texte ou de nouvelles idées à ce stade».
Pour Alden Meyer, du centre de recherche américain Union of Concerned Scientists, «ce n'est pas une crise mais il y a du travail à faire».
«Tout le monde reconnaît qu'il faut aller un peu plus vers les autres», a-t-il dit, regrettant aussi que les ONG, au statut d'observateur, aient été exclues à la demande du Japon, des groupes de travail : «Nous aurions pu contribuer à favoriser des compromis».
Venu à Bonn mardi, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui présidera la COP 21, avait appelé à «avancer à Bonn pour avoir un succès à Paris».
La communauté internationale vise à limiter le réchauffement à +2° par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Au-delà de ce seuil, la science prévoit des impacts irréversibles du réchauffement climatique sur les espèces, les océans ou encore les économies. Mais les discussions achoppent toujours notamment sur la répartition des efforts à faire entre pays riches et pays pauvres pour parvenir à cette limitation.
Selon un rapport de l'Agence américaine océanique et atmosphérique, publié mercredi, le mois dernier a été le mois de septembre le plus chaud sur la planète enregistré depuis le début des relevés, en 1880.
