«La biomasse de l’olivier pourrait constituer une solution alternative pour combler le déficit énergétique mondial après transformation par les technologies de cogénération et de gazéification, en permettant la production d’une quantité non négligeable d’énergie verte», a-t-il souligné lors d'un atelier international sur «Elaboration de l’huile d'olive de qualité et gestion des coproduits de l'olivier».
Il a précisé que «deux kg de noyaux représentent l’équivalent de l’énergie d’un litre de gasoil, soit presque 10 Kw, un chiffre très intéressant pour valoriser le potentiel énergétique de cette biomasse, représentant ainsi des avantages environnementaux et économiques indéniables pour cette filière», a-t-il expliqué.
Les grignons d'olive (humide et épuisé), la pulpe, les noyaux, pâte sans noyaux et bois de taille, constituent la biomasse de l'olivier et sont autant de sous-produits qui ouvrent la voie à de nouveaux usages à intérêt croissant pour les technologies de transformation en énergie, a-t-il relevé.
Cette énergie présente des avantages énormes, tel qu’une faible émission de CO2 par rapport aux énergies fossiles, la création d’un dynamisme territorial à travers les emplois qui pourraient être engendrés en faveur des acteurs locaux et un coût d’investissement compétitif par l’augmentation continu du prix des combustibles fossiles, a-t-il poursuivi.
En plus d’être nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la biomasse constitue un atout pour l’économie des pays, notamment en termes d’indépendance énergétique, a soutenu Noureddine Ouazzani.
Les installations alimentent en chaleur et en électricité les personnes ou entreprises de proximité, ce qui permet de réduire leur facture énergétique, a-t-il poursuivi.
Outre leur production prévisible, disponible et modulable comme le besoin de chaleur stable en hiver, ces biomasses constituent un facteur stabilisateur d’un réseau électrique national, a-t-il ajouté, faisant état de la possibilité de stocker le combustible qui est un atout considérable pour moduler le volume d’électricité généré.
Selon lui, la valorisation de la biomasse ou les sous-produits industriels et agricoles de l’olivier est une condition sine qua non pour concevoir un plan de production oléicole durable.
Dans ces sens, Noureddine Ouazzani a insisté sur le rôle de la maitrise des nouvelles technologies et des innovations de trituration des olives et de valorisation des coproduits de l’olivier dans la mise en place d'une oléiculture durable respectueuse de l’environnement.
Le chercheur a indiqué que les innovations technologiques oléicoles actuelles offrent le système de trituration à deux phases qui n’est pas une contrainte pour les lois environnementales en vigueur au Maroc.
Il a relevé que le traitement des sous-produits de l’olivier issus de ce système devra, lui, faire l’objet d’une attention particulière puisque non concordant avec ces mêmes lois et connait un important retard.
En accord avec les lois en vigueur, ces sous-produits pourraient constituer une ressource non négligeable pour la production d’énergie, a-t-il fait savoir.
Noureddine Ouazzani a indiqué que le secteur oléicole marocain, dans les diverses régions oléicoles, en particulier à Meknès-Fès, qui génère une très grande quantité de ces sous-produits durant la trituration (industriels et agricoles), pourrait faire de ces sous-produits de l’olivier générés et non traités une ressource grandement exploitable pour la production de l’énergie.
Le chercheur a, par ailleurs, indiqué qu'au cours de ces dernières années, de nouvelles technologies ont fait leur apparition en matière de trituration des olives dans le but d’accélérer le rythme de transformation, de maximiser le taux d’extraction de l’huile d’olive et surtout d’en améliorer la qualité.
La filière oléicole marocaine s’est inscrite dans ce dynamisme international pour les innovations et les nouvelles technologies de la trituration des olives, a-t-il précisé.
Il a fait savoir que le secteur industriel marocain de l’huile d’olive a connu dernièrement une modernisation importante à partir des dernières innovations technologiques en la matière afin de répondre aux exigences actuelles de production d’huile d’olive de qualité répondant aux normes internationales.
De telles technologies aideraient à produire une huile de qualité chimique, physique et organoleptique, en conformité avec les normes de qualité et de sécurité sanitaire en vigueur, a expliqué Noureddine Ouazzani.
Il a souligné que l’un des défis actuels du secteur de l'huile d’olive marocaine réside non seulement dans la modernisation de l’outil de transformation, mais aussi dans la maîtrise du processus de fabrication de l'huile d'olive, à la fois du point de vue qualitatif et quantitatif, ainsi que la gestion durable des coproduits de l’olivier.
Dans ce sens, le chercheur a estimé qu'il est primordial d'aborder la formation technique professionnelle des responsables techniques impliqués dans le processus de production d’huile d’olive, aux exigences des bonnes pratiques de production d’huile d’olive de qualité (pratiques de récolte, de trituration, de stockage, de filtration et de conditionnement).
Cet atelier international, intitulé «Maestro des Moulins», est organisé du 16 au 19 mai par l’Agro-pôle Olivier ENA Meknès, en partenariat avec l’Université internationale d’Andalousie (UNIA) et en présence de 120 participants, représentant différentes sociétés industrielles oléicoles marocaines, des GIE et des coopératives oléicoles de diverses régions oléicoles marocaines, ainsi que des institutions étatiques et établissements privés.
Initié avec l’appui du ministère de l’Agriculture, l’Interprolive, la Chambre d’Agriculture Fès-Meknès, cet atelier se tient alors que le Maroc lance d’audacieux programmes de développement durable, dans le cadre de la perspective de la COP 22, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre en produisant plus de la moitié (52%) d’énergies «vertes», renouvelables et non polluantes, à l’horizon 2030.
L’objectif principal de cet rencontre est d’assurer une formation technique professionnelle aux opérateurs et personnel technique des unités de trituration des olives afin de leur permettre la maîtrise du processus de fabrication de l'huile d'olive, à la fois du point de vue qualitatif que quantitatif, ainsi que la gestion durable des déchets et des coproduits de l’olivier.
Cet atelier, conçu comme une plate-forme de transfert de technologies, de savoir et de savoir-faire en matière de technologie oléicole, se propose de faire le point, par des éminents experts internationaux en la matière, sur les acquis scientifiques et les dernières innovations techniques et technologiques du secteur de trituration des olives.
