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L’héritage littéraire de Mohamed Choukri revisité à Fès

L’héritage littéraire du grand romancier et écrivain marocain, Mohamed Choukri, a été revisité vendredi soir à Fès, par une belle brochette de réalisateurs et écrivains.

L’héritage littéraire de Mohamed Choukri revisité à Fès
Mohamed Choukri a réussi à innover dans la littérature arabe, qui était longtemps restée figée dans le beau langage. Le public de la cité Idrisside a pu apprécier, une exposition de photographe professionnel Rachid Ouettassi sur la vie de Mohamed Choukri. Ph : MAP

Lors de cette rencontre-hommage intitulée «Mohamed Choukri, au temps présent», les intervenants, invités par l’Institut français, ont braqué les feux de la rampe sur l'œuvre d’un écrivain «sincère, qui n’avait rien à cacher».

Pour l’universitaire Mostafa Akalay Nasser, commissaire de cet évènement, l’une des particularités de l’œuvre de Mohamed Choukri, «c’est qu’elle révèle ce qui se cache dans une société avec tous ses simulacres».

«Il a écrit ce qui doit être inscrit sur le mur d'une réalité très difficile à imaginer dans son atrocité où l'être humain est broyé par l'incertitude d'arriver au bout du tunnel», a-t-il dit, ajoutant que Choukri «nous manque énormément en ces temps où l'écrivain n'affronte plus la réalité avec son corps et son âme, en ce temps qui recule devant la sincérité et la folie d'être en perpétuel conflit avec la vie».

De «l’immense héritage universel» de Choukri, la réalisatrice Farida Belyazid a dit retenir, elle, «la justesse du regard et des propos, la franchise, la sincérité». 

«L’écriture de Mohamed Choukri était en quelque sorte une manière de dénoncer, de protester contre la misère, contre les voleurs de rêves», a-t-elle estimé.

A ses yeux, Choukri a réussi à «innover dans la littérature arabe, qui était longtemps restée figée dans le beau langage», mais aussi à montrer que «la dignité peut être arrachée par le savoir et la culture».

Le cinéaste espagnol Driss Deiback, décrit Choukri comme un «homme sincère, entier, qui plaçait l’être humain au centre de l’univers». 

«Son style littéraire était à la fois simple et très difficile à imiter», estime-t-il, ajoutant que «l’influence anglo-saxonne était très présente dans son écriture, laquelle était considérée très moderne à l’époque».

«De tous les écrivains du monde arabe, il était le premier à adopter ce style d’écriture, qui va à l’essentiel, sans fioriture aucune», a-t-il poursuivi, notant que «rares les écrivains dont aussi bien la vie que l’œuvre étaient intéressants».

Le réalisateur espagnol a considéré que le meilleur hommage qu’on pourrait rendre à Choukri serait d’enseigner une de ses œuvres à l’école.

Un appel lancé également par Aziz Taghi, programmateur culturel à Tanger, pour qui l’héritage littéraire de Mohamed Choukri mérite d’être davantage mis en valeur.

Car, selon lui, le regretté écrivain a réussi à «revivifier l’écriture, à apporter une certaine touche d’originalité, à briser des tabous, à donner à travers ses écrits des leçons de vie».

«Grâce à son talent et son courage, Choukri reste un symbole de défi, de modernité et de création», a-t-il conclu. 

Cette table-ronde a clos une série d’activités en hommage à Choukri. Le public de la cité Idrisside a pu apprécier, mercredi, une exposition du photographe professionnel Rachid Ouettassi sur la vie de Mohamed Choukri.

L’exposition, installée à la galerie de l’institut Cervantès, donne à voir une sélection de photographies en noir et blanc du grand écrivain marocain, seul dans sa ville de cœur Tanger ou en compagnie d’amis, tels que le poète Abdellatif Laabi ou l’écrivain Mohamed Berrada.

Un documentaire intitulé «Choukri, un homme sincère» du réalisateur Driss Deiback a été également projeté à Dar Batha. Dans ce film, qui dure 48 minutes, le réalisateur revient sur la vie et l'œuvre de Mohamed Choukri. Tout y est abordé : L'exode de sa famille du Rif à Tanger, la violence de son père, son adolescence passée dans la rue, son apprentissage de la vie et son rapport à l'écriture (illettré jusqu à 20 ans).

Mohamed Choukri (1935-2003) fait partie des meilleurs écrivains et romanciers marocains. Certaines de ses œuvres ont été traduites dans une quarantaine de langues, en particulier son autobiographie «le pain nu», qui a rencontré un immense succès international. 

 

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