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"On a plusieurs contraintes au Maroc comme le budget qui reste insignifiant en comparaison avec d’autres pays arabes comme le Liban et l’Egypte."

Ce jeune producteur audiovisuel qui gère sous sa tutelle, un groupe de sociétés dont Public Events et Public Prod, nous confie les secrets de son succès, mais surtout ses contraintes.

"On a plusieurs contraintes au Maroc comme le budget qui reste insignifiant en comparaison avec d’autres pays arabes comme le Liban et l’Egypte."
Othmane Benabdeljalil

Le Matin : Vous produisez plusieurs émissions à succès. Quelle est le secret de cette réussite ?

Othmane Benabdeljalil: C’est une passion doublée d’une vocation. J’ai créé ma première structure en 2002 pour lancer la fête de la musique à Casablanca. Notre approche est de créer les évènements d’une certaine originalité et avec une différence entre ce qui se fait et ce qu’on est capable d’apporter.

On voulait créer une nouvelle approche de la scène marocaine artistique. S’en est suivi un certain nombre d’idée comme « Al Qadam Dahabi ». A l’époque il y avait la mode de la téléréalité et on voulait créer un concept qui correspond à la télévision marocaine. On a songé à la musique mais c’était compliqué. Et de fait, on a pensé au foot.

Il y avait aussi le projet de « Lalla Laâroussa ». On n’a pas été dans la copie ou l’achat de format. On s’est toujours inspiré ce qui plait au plus grand nombre de marocains. Entre le foot et le mariage on a touché deux institutions très fortes au Maroc.

On a eu une approche différente dans les projets Comme «Mama Chef» ou «Bghit Ndouz f 2m» ou « Coke Studio ». Nous avons une dizaine d’années dans le domaine de divertissement je suis fier de dire qu’on est parmi les entreprises les plus professionnelles dans le domaine du divertissement. La seule recette est de bien préparer ses projets. Dans le milieu des productions événementielles ou audiovisuelles, il y a une certaine ligne éditoriale à se fixer. On ne peut pas tout faire très bien.

Quels critères prenez-vous en considération avant de lancer un projet ?

 A part le fait de choisir des concepts aimés par les marocains, il y a des critères de métier. Il faut savoir qu’on a plusieurs contraintes au Maroc comme le budget qui reste insignifiant en comparaison avec d’autres pays arabes comme le Liban et l’Egypte.  Ceci influence les moyens humains et techniques à mobiliser pour avoir un beau projet. On a développé une expertise interne depuis 2003 et on a une dizaine de projets de moyenne et longue envergure qui nous permettent de maitriser les paramètres pour faire un beau divertissement. L’axe narratif est également important pour tenir le téléspectateur en haleine du début jusqu’à la fin. Chaque projet doit satisfaire le plaisir de l’œil.

Pourtant il y a beaucoup de concurrence avec les chaines satellitaires 

C’est là ou rentre en jeu la recette du made in Morocco. C’est par un manque de qualité, et de moyens qu’il y a une grosse fuite d’audience sur les chaines arabes. Si les marocains trouvent de bonnes émissions sur les chaines nationales ils vont y rester. A titre d’exemple, l’émission « Lalla Laâroussa » multiplie le nombre des téléspectateurs par quinze. Il faut qu’il ait le bon choix, la bonne recette,… c’est un ensemble de détails à prendre en considération.

Est-ce que vous pensez que les émissions de téléréalité telles qu’on les voit sur les chaines étrangères peuvent réussir au Maroc ?  

Le fait qu’on est un pays arabe, musulman on ne peut pas se permettre de diffuser une téléréalité format occidental ou européen par respect au téléspectateur. Mais, il faut savoir s’imposer en tant que producteur et en tant que chaine. De toute manière les chaines nationales font attention à ce volet. Il n’y a pas d’amalgame à faire entre la téléréalité marocaine et étrangère.  Néanmoins, je pense que les marocains sont plus demandeurs d’informations croustillantes en télé.

Par exemple, dans « Lalla Laâroussa », on se permet de tourner des images plus intimes qu’avant. On a joué un peu la carte du voyeurisme dans les coulisses et on a remarqué que les téléspectateurs étaient assoiffés de voir ce qui se passait derrière l’écran.

Notre manière de réaliser et de mettre en scène a évolué plus vers un modèle occidental tout en respectant la culture marocaine.

L’émission Coke studio était aussi originale pour le public marocain

C’est un format qui existe dans plusieurs pays. Le modèle marocain a été retravaillé et revisité par plusieurs consultants artistiques. L’idée est d’éveiller la curiosité des téléspectateurs qui peuvent chercher la version originale.

C’est un genre de téléréalité allégé. Les artistes étaient dans un univers décontracté. L’émission a été tournée comme elle a été vécue. Le téléspectateur a reconnu cette touche de transparence. Le même dispositif s’est fait en Algérie.

Est ce qu’on peut dire que les marocains ont des divertissements audiovisuels à la hauteur de leurs attentes notamment en mois de ramadan ?

Le mois de ramadan n’est pas le mois n’est pas un barème pour juger les créations audiovisuelles marocaines.

C’est une habitude installée depuis plusieurs années pour comparer les chaines. Dans toutes les chaines il y a du bon et du mauvais. Si on veut des indicateurs il faut les chercher durant toute l’année. Il faut dissocier la qualité de la production marocaine et celle qu’on voit uniquement durant ramadan. On peut avoir un ou deux programmes de qualité, noyés dans plusieurs autres qui ne sont pas à la hauteur.

A mon avis, le téléspectateur marocain regarde le même type de formats sur les deux chaines nationales. C’est un concours de qui va faire mieux et qui va gagner la part d’audience. Le téléspectateur est zappé dans tout cela. Il y a d’autres formats diffusés sur les chaines arabes au moment de la rupture de jeûne qu’on peut analyser pour enrichir le paysage audiovisuel national en créant une diversité dans l’offre. Il faut aussi voir les modèles de chaines arabes qui ont plus de moyens que nous mais qui ont en eu moins il y a 20 ans. Le moment est venu pour penser à des modèles économiques plus viables. Avec le digital il y a plusieurs possibilités pour avoir des complémentarités entre télévision et web.

Quelles sont les difficultés affrontées actuellement pour proposer un bon divertissement audiovisuel ?

Depuis 2013 avec l’arrivée du cahier des charges, la possibilité de créer des formats et les proposer à la télévision ne fonctionne plus. Ce système donne certainement plus de visibilité mais cela ne participe pas à l’épanouissement des métiers de l’audiovisuel. Les cellules de réflexion sont focalisées sur les appels d’offres. Il y a donc très peu de moyens humains et d’envie de développer des concepts dans l’incertitude totale. C’est une grosse difficulté pour le développement du format divertissement.

Que proposez-vous face à cette situation ?

On ne baisse pas les bras. On travaille sur des formats en créant la rareté et l’originalité en essayant de se convaincre qu’on trouvera des partenaires financiers et des chaines qui nous accompagneront car ils remplissent une partie des attentes des téléspectateurs.

Quels sont vos projets ?

On est en train de travailler sur des nouveaux formats qu’on présentera en 2018 si on trouve des partenaires.

On est sur la découverte avec un cachet particulier. L’idée est de faire découvrir à chaque participant sa ville ou son pays. C’est un mélange de découverte, de culture et de dépassement de soi.

 

 

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