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Mondial 2018 : Les joueurs musulmans vont-ils jeûner ?

La question du jeûne suscite un débat parfois vif dans les pays musulmans qualifiés pour le Mondial-2018. Preuve d'une grande sensibilité du sujet, le sélectionneur de l'équipe marocaine Hervé Renard a confié, lors d'un point de presse fin mai, qu'il "n'a pas voulu s'en occuper, délibérément, car c'est un sujet sensible". De son côté, le Conseil supérieur des oulémas, seul organisme religieux au Maroc habilité à émettre des fatwa, ne s'est pas prononcé sur la question.

Mondial 2018 : Les joueurs musulmans vont-ils jeûner ?

Peut-on jeûner quand on est un sportif de haut niveau ? La question suscite un débat parfois vif dans les pays musulmans qualifiés pour le Mondial-2018, opposant parfois religion et performance sportive.

Egypte, Tunisie, Arabie saoudite, Maroc : quatre pays musulmans qui joueront en Russie pour lesquels le jeûne du ramadan, dont la fin coïncide avec le coup d'envoi de la compétition jeudi, a parfois représenté un défi à relever pendant la préparation.

Rien ne filtre, en revanche, en Iran sur la manière dont les joueurs observent ou non le ramadan.

L'Egypte n'a remporté aucun match amical de préparation, à l'instar du dernier face à la Belgique mercredi où elle s'est inclinée (3-0), une performante vertement critiquée par les supporters.

Mais les Pharaons se sont dit "déterminés" à jeûner durant le ramadan, avait souligné la Fédération de football égyptienne fin mai dans un communiqué.

Le sélectionneur argentin Hector Cuper a ensuite effleuré ce sujet sensible en affirmant après un match nul contre la Colombie (0-0) lors d'une précédente rencontre de préparation, que "le jeûne pratiqué par les joueurs a affecté leur performance".

Par ailleurs, une polémique avait éclaté peu avant sur les réseaux sociaux, alors que Mohamed Salah, pieux de réputation, s'était dispensé de jeûner avant la finale européenne contre le Real Madrid, lors de laquelle les Reds se sont inclinés (3-1).

Sa blessure à l'épaule pendant ce match, a été interprétée sur Twitter par un cheikh koweïtien comme une "punition divine". Prenant la défense de Mohamed Salah, érigé en véritable mythe vivant en Egypte et au-delà, des internautes et des cheikhs ont abondamment conspué ce commentaire.

En Arabie saoudite, Adel Ezzat président de la fédération de football avait suscité la controverse au début de l'année en annonçant que les joueurs devaient "obtenir une licence" pour leur permettre d'éviter de jeûner pendant le ramadan. Beaucoup de Saoudiens avaient alors vivement critiqué la décision sur les réseaux sociaux.

Finalement, le célèbre responsable religieux Saleh Al-Maghamsi avait appuyé Adel Ezzat en affirmant que "les joueurs saoudiens qui vont à la Coupe du monde ont le droit de ne pas jeûner, s'ils veulent, car ils voyagent", une des conditions sous lesquelles les musulmans peuvent être dispensés de jeûne.

En Tunisie, où les joueurs ont aménagé leur emploi du temps en fonction du jeûne, s'entraînant avant la rupture du jeûne, la question de la conciliation de la religion et du sport est toujours présente à l'esprit.

"Sport et jeûne sont une difficile équation. C'est également un vieux débat qui ne prendra pas fin. La science ferait peut-être un jour des progrès et nous proposerait de nouvelles méthodes afin que les sportifs de haut niveau puissent faire le Ramadan sans que la question se pose trop", a écrit le quotidien francophone La Presse.

Preuve d'une grande sensibilité du sujet, le sélectionneur de l'équipe marocaine Hervé Renard a confié, lors d'un point de presse fin mai, qu'il "n'a pas voulu s'en occuper, délibérément, car c'est un sujet sensible". De son côté, le Conseil supérieur des oulémas, seul organisme religieux au Maroc habilité à émettre des fatwa, ne s'est pas prononcé sur la question.

Mais des prédicateurs sollicités par la presse locale ont souligné que les joueurs pouvaient être considérés comme des voyageurs, et que de ce fait, ils étaient dispensés du jeûne.

Devant une question aussi délicate, la prestigieuse institution sunnite d'Al Azhar, basée au Caire, s'est aussi montrée modérée.

"Si les athlètes éprouvent de la pénibilité et de la gêne, atteignant la limite de leur capacité à combiner le jeûne et l'accomplissement de leurs fonctions et devoirs, ils peuvent cesser de jeûner", a assuré à l'AFP le Centre international des fatwas (avis religieux) d'Al-Azhar.

La pratique du jeûne, si elle est bien encadrée, n'empêche pas une bonne préparation à une compétition de haut niveau telle que la Coupe du monde, a indiqué à l'AFP Chérif Azmi, médecin égyptien du sport et ancien consultant en nutrition pour des équipes professionnelles.

"Pour un sportif, et en particulier un footballeur, il est nécessaire pendant le ramadan de conserver un certain équilibre alimentaire", précise-t-il toutefois. Protéines, matières grasses, sucre, glucides et surtout eau doivent-être consommés dans des proportions adéquates au cours des trois repas décalés.

"L'une des directives sur laquelle insiste la Fifa est qu'aucun match ne doit se tenir avant trois ou quatre heures après l'iftar", a-t-il ajouté.

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