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S.M. le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Casablanca la cinquième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, accompagné de S.A.R. le Prince Moulay Rachid et S.A. le Prince Moulay Ismaïl, a présidé, vendredi au Palais royal de Casablanca, la cinquième causerie du cycle des causeries religieuses organisées à l'occasion du mois sacré de Ramadan.

S.M. le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Casablanca la cinquième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan

Cette causerie a été animée par la professeure Safya Abderrahim Tayeb Mohammad, ancienne ministre, professeur à l'université Oum Darmane et membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Soudan, sous le thème «Les constantes de l'identité islamique en Afrique et les défis de sa préservation» à la lumière du verset du Saint Coran «Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux».

La conférencière a souligné, au début de la causerie, que l'Islam est considéré comme l'un des fondements de l'identité du continent africain où il s'est ancré au fil des siècles avec le Maroc comme point de départ, par l'entremise d'oulémas et de maîtres du soufisme dont les adeptes en Afrique sont nombreux.

Les Africains embrassent plusieurs religions, en tête desquelles figure l'Islam qui demeure la foi de 45% de la population du continent, contre 40 % pour le christianisme, a expliqué Mme Safya Abderrahim, soulignant que le rite sunnite reste la doctrine dominante bien que la situation ait commencé à changer relativement dans certains pays après 1980.

C'est la raison pour laquelle, a-t-elle fait remarquer, la présence du Royaume du Maroc en Afrique reste fortement sollicitée pour prévenir une crise d'identité, au même titre que son rôle sur le front de la politique et la coopération.

La conférencière a, sur ce registre, abordé la création de la Fondation Mohammed VI pour les Oulémas africains, relevant que c'est un projet pilote pour la "veille religieuse" dans le continent, dès lors que la mission d'encadrement longtemps assumée par les confréries soufies doit être perpétuée dans l'optique de la défense des constantes africaines.

Il appartient donc à l'Afrique, selon elle, de puiser dans la religion islamique pour faire face à deux types de défis, internes et externes. S'agissant des défis internes, a-t-elle précisé, ils portent sur cinq aspects se rapportant à l'identité, au nationalisme, à la langue, à l'analphabétisme et à l'Ijtihad. Quant aux défis externes, ils ont trait aux concepts du libéralisme, de la mondialisation, de la laïcité et du terrorisme.

Concernant le défi de l'identité, l'oratrice a expliqué que les musulmans africains ont en commun une identité religieuse bien constituée, source de paix et de sérénité. Tant et si bien que l'Islam offre un modèle permettant à l'individu de vivre dans l’harmonie au sein de la tribu, du peuple et de la nation qu'elle soit le pays ou bien le continent, le seul critère de référence étant la takwa (crainte de Dieu), a-t-elle ajouté.

Sur le plan de la langue, la conférencière a fait observer que la diversité linguistique ne peut constituer une source de problèmes ou de mésentente que ce soit en Afrique ou ailleurs. Elle a cité les études du chercheur Hassan Gambo consacrées à la carte linguistique en Afrique, en ce sens qu'il a montré que le colonisateur a introduit des changements dans le système linguistique du continent, à l'origine de la marginalisation des langues locales actuellement.

Évoquant la question de l'analphabétisme, elle s'est demandé comment les illettrés peuvent tirer le meilleur parti des valeurs de l'Islam, affirmant qu'il s'agit là d'un fléau qui prend de l'ampleur dans les sociétés musulmanes. Or ces mêmes sociétés continuent à concevoir un fléau de cette ampleur comme une problématique d'ordre éducatif et moral. Elle a jugé nécessaire à ce niveau d'élaborer des approches et des solutions qui tiennent compte des spécificités et des moyens limités des pays concernés.

Sur le plan de l'Ijtihad, la conférencière a relevé que la multitude des interprétations erronées sur la religion et ses enseignements et l'ignorance qui sévit parmi certains de ses adeptes sont parmi les plus grands défis dont pâtit l'identité musulmane en Afrique.

L'oratrice a d'autre part abordé le concept du nationalisme, expliquant que d’aucuns cherchent à minimiser l'identité musulmane, voire quasiment l'écarter, en arguant qu'il y a forcément des antagonismes entre l'ethnie et l'Islam en tant que religion. Par contre, ceux attachés à la religion affirment qu'une telle identité donne un sens à son existence dans ses acceptions spirituelle et morale. Elle a soutenu à cet égard que l'Islam bien qu'il souligne l'importance indéniable de la dimension ethnique dans l'identité de tout être humain, affirme que ce dernier a légitimement besoin de bien d'autres appartenances qu'elles soient familiale, tribale ou nationale.

En ce qui concerne le défi du libéralisme, elle a signalé qu'il n'est pas question ici du libéralisme dans sa signification économique, mais du système normatif et moral qui va au-delà des règles de la charia et différentes pratiques propres aux musulmans.

Ce concept du libéralisme, a-t-elle poursuivi, revêt ici une dimension plus globale et renvoie à la cohabitation positive empreinte de respect mutuel, loin de tout traitement dégradant ou attentatoire à la dignité de l'autre.

Au sujet du défi de la mondialisation, la conférencière a noté que ce concept ne signifie guère une quelconque tendance à promouvoir un monde uniforme, mais à promouvoir l'émergence d'un système où plusieurs peuples et cultures peuvent cohabiter dans une sorte d'interdépendance. Les musulmans africains, a-t-elle dit, sont invités à tirer profit d'une telle dynamique et ne pas confondre globalisation et domination parce que tout simplement l'Islam n'incite à aucune forme d'isolement.

Sur le volet de la laïcité, l'oratrice a indiqué que ce concept a vu le jour dans la civilisation occidentale dans le contexte des rivalités entre les institutions religieuses, lesquelles rivalités ont gagné différentes parties du monde. Elle a fait remarquer que certains États africains à majorité musulmane ont énoncé la laïcité dans leur Constitution, laissant à l'initiative privée le soin de gérer des espaces comme les mosquées et les écoles. Il s'avère cependant qu'une telle pratique peut entraîner des dangers, au point que des États tentent de nos jours de combler les lacunes constatées en nommant des responsables en charge des Affaires islamiques.

Pour ce qui est du péril terroriste, elle a affirmé que l'Afrique fait face à trois types de conflits ethniques, religieux et de doctrine. Pour transcender ces conflits de portée civilisationnelle, a-t-elle suggéré, il est nécessaire de lutter contre l'extrémisme qui ronge le continent en raison du faible encadrement religieux. Il convient de concilier entre approche sécuritaire et sensibilisation religieuse, tout en œuvrant à la promotion de l'enseignement et de la justice, à la lutte contre la corruption et à l'encouragement de l'intégration économique entre les pays de la région.

Faire face à tous ces défis, a-t-elle conclu, revient pour les oulémas et imams d'Afrique à mener une marche du grand Jihad tout en faisant montre de sagesse et de souplesse en vue d'immuniser les musulmans africains contre les dévoiements.

Au terme de cette cinquième causerie religieuse, Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par Mohamed El Medeni Mountagha Tall, membre de l’Association des oulémas de l’Islam du Sénégal, Hassan Bin Mohamed Safar, professeur à l’université du Roi Abdelaziz en Arabie Saoudite, Mahmoud Abdou Zobeir, chargé de mission au cabinet du président de la République du Mali et président de l'antenne de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains au Mali, Cheikh Aboubacar Fofana, président du Conseil supérieur des Imams et président de l'antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Côte d’Ivoire, Farhan Nizami, directeur du Centre des études islamiques à Oxford (Grande Bretagne), Ibrahim Ahmad, vice-mufti des Maldives et ministre adjoint des Affaires islamiques en République des Maldives, et Mohamed Ibrahim Mohamed Radoui, président de l’association des oulémas du Sri Lanka.

Le Souverain a été également salué par Amine-eddin Mohamed, président du Conseil islamique du Mozambique, Koutob Moustapha Sano, un Alem de Guinée, Omaro Camara Aboubacar, président du Conseil national islamique du Liberia et président de l'antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Liberia, Abdelouadoud Haroun, membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Ghana, Tchirnoa Mbalo, président du Conseil supérieur des affaires islamiques et secrétaire général de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Guinée Bissau, Omar Seck, président de la Cour d’appel et superviseur des tribunaux de Gambie et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains (Gambie), Houcine Mohamed Adam, un Alem d’Ethiopie et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains dans ce pays. 

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