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La FGD dénonce «15 ans de galère» avec M’dina Bus

La FGD dénonce «15 ans de galère» avec M’dina Bus
M'dina bus dispose d'un parc vétuste composé de 770 bus d’occasion alors que l'âge de ses bus ne devrait pas dépasser 7 ans. Ph. Saouri

La situation du transport public à Casablanca préoccupe vivement la Fédération de la gauche démocratique (FGD). L’alliance a dressé un état des lieux des plus préoccupants de ce service à trois mois de l’expiration du contrat de gestion déléguée conclu avec M’dina Bus il y a une quinzaine d’années.

Dans un rapport présenté à la presse hier mardi, la FGD a fait un diagnostic sans appel de ce qu’elle a qualifié de «15 ans de galère» vécus par les habitants de la ville sous l’œil indifférent l’autorité délégante et des différents d’élus communaux qui se sont succédés aux commandes. «M’dina Bus a bénéficié durant ces 15 dernières années de subventions et de fonds publics de plus de 700 millions de dirhams sans pour autant fournir le minimum requis en termes de qualité et de sécurité», regrette la fédération.

Celle-ci a mis le doigt sur une série de défaillances enregistrées du côté du gestionnaire privé, notamment la couverture d’à peine 45% du réseau contrairement à ce qui a été prévu initialement, avec 75 lignes exploitées au lieu de 154 stipulées par le contrat et 866 bus en circulation contre un engagement contractuel de 1207 bus.

Sans parler du parc vétuste composé de 770 bus d’occasion en circulation alors que la société s’était engagée à ce que tous ses bus ne dépassent pas l’âge de 7 ans.

L’autre engagement non honoré se rapporte au montant d’investissement consenti par M’dina bus qui devait être en principe de l’ordre de 1.616 millions de DH alors qu’il n’a pas dépassé les 600 millions de DH. Un grand gap !

La liste des entorses au contrat ne s’arrête pas là. Le gestionnaire délégataire n’a pas non plus mis en place de la billettique pour laquelle il a empoché la subvention de 50 millions de DH, n’a pas assuré la couverture du transport pour l’enseignement primaire prévue dans le contrat et a imposé plusieurs augmentations et pénalités illégales atteignant les 128 millions de DH à fin 2014.

Outre les tarifs qui, comme l’a souligné la FGD, ont plus que doublé durant ces 15 ans même si la société qui transporte chaque jour plus d’un million de passagers, le fait dans des «conditions dégradées et d’insécurité totale».

L’Etat, à travers les 18 communes de Casablanca et les élus communaux, n’a pas échappé non plus aux critiques de la FGD. Il est accusé d’avoir failli à sa mission qui consiste à veiller au grain.

«Depuis 2008, et malgré les défaillances innombrables et manifestes du gestionnaire privé, aucun comité de suivi n’a été tenu, aucune renégociation du contrat n’a été effectuée, aucune évaluation de la qualité des services», a déploré la FGD qui ajoute que les différentes mesures prévues par le contrat, destinées à favoriser la fluidité de la circulation des transports collectifs, n’ont malheureusement pas été mise en place.

La FGD a également fustigé «l’amateurisme» avec lequel le Conseil de la ville a appréhendé le processus de sortie du contrat de gestion déléguée.

«Aujourd’hui et à 3 mois de la fin du contrat de M’dina Bus, le remplaçant n’est toujours pas connu et les bus ne sont pas commandés» puisque plusieurs appels d’offres ont été annulés ou reportés suite à une décision de la justice. Un manque de visibilité qui menace la continuité du service de transport en commun par autobus à l’issue du contrat actuel et hypothèque le sort de quelque 4.000 salariés que compte la société.

Cerise sur le gâteau, M’dina Bus a intenté un procès contre la ville pour la réparation d’un préjudice estimé à 4 milliards de dirhams par un rapport d’audit commandé par le ministère de l’intérieur et réalisé par le cabinet KPMG.

«M’dina Bus a porté l’affaire devant de la justice. Si le jugement se confirme, ce sera au contribuable casablancais de payer les 4 milliards de dirhams car les élus n’auront pas fait leur travail», s’insurge la FGD.

Face à cette situation somme toute alarmante, la Fédération a émis plusieurs recommandations, à savoir :

  • Un retour immédiat de la gestion du transport public par autobus de la ville de Casablanca à une forme publique donnant la priorité au bien être des casablancais. Cette gestion peut prendre la forme d’une nouvelle régie autonome à créer ou une SDL publique qui va directement gérer ce service.
  • Repenser le transport urbain comme un service public vital et un droit pour tout citoyen de se déplacer dignement et à un tarif accessible à tous.
  • Engager la réflexion conforme à la vision de notre fédération sur la gratuité du transport urbain, notamment pour les écoliers, les étudiants, les personnes à mobilité réduite et les personnes âgées.
  • L’implication des usagers et des citoyens dans l’élaboration et la gestion de ce service public ainsi que dans le suivi de sa qualité par la constitution de comités locaux d’usagers à intégrer comme partie prenante à part entière dans le nouveau schéma de gestion du transport urbain.

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