Harvey Keitel se remémore ses beaux souvenirs avec le public du FIFM

La conversation a d'abord tourné autour du film «The Irishman» de Martin Scorsese. Pour Harvey Keitel, cela a été un plaisir de retrouver «ses amis de toujours» même si on n'a pas beaucoup médiatisé son personnage. Avec une carrière riche et diversifiée, Harvey Keitel a tenu à rappeler qu'il n'y a pas de petits et grands rôles. Pour lui, l’important est de participer dans un travail authentique et avoir la liberté de choisir. Harvey Keitel avoue qu'il s'est beaucoup «amusé», dans «The Irishman» projeté lundi soir au Palais des Congrès. L'acteur était surtout ravi de rejouer pour Martin Scorsese qui lui a donné son premier rôle en 1967 dans «Who’s that Knocking». Scorsese était alors étudiant à la New York University et Harvey passionné de cinéma et vendeur de chausseurs à mi-temps. Martin Scorsese faisait de la publicité pour son premier film qui devait être tourné en studio pendant les week-ends en hiver. Il n’avait pas vraiment de budget pour son film, mais beaucoup de jeunes acteurs se sont présentés aux auditions pour avoir de l'expérience. «On était un sacré paquet», raconte Harvey Keitel. L'acteur se remémore encore les détails de son premier passage devant Scorsese : «Son assistant me demande de descendre le corridor. C’était sombre. Dans la pièce, il y avait une petite lumière et un type assis derrière un bureau. Il me dit “asseyez-vous !” Je lui dis excusez-moi vous êtes qui ?... Il me le répète, je lui dis “F... you”. Il se lève, me redemande de m’assoir... » Dans un cadre lui rappelant l'interrogatoire de police, Harvey Keitel continue de tenir tête au «type» de l'audition. Ils sont en confrontation. Énervé, Harvey a failli lui mettre un coup de poing «dans la figure» quand il entend une voix qui hurle du fond de la salle obscure «Non, non». C'est Martin Scorsese qui explique à celui qui deviendra son ami jusqu'à aujourd'hui : «c’est un acteur, c’est une audition».» J'ai dit à Martin : «Quand vous faites des impros comme ça avec un acteur, ça pourrait être intéressant de lui dire avant, peut-être, que c’est une impro»», raconte Harvey Keitel. Ce grand acteur américain a collaboré avec Martin Scorsese dans plusieurs autres oeuvres dont «Street Scenes» en 1970, «Mean Streets» en 1973, «Taxi Driver» en 1976 et «The Irishman» en 2019. Assis à la salle royale au palais des congrès devant un large public de professionnels de cinéma, étudiants, journalistes et fans, Harvey Keitel s'est rappelé avec nostalgie les années où les jeunes venaient de toutes les régions des États-Unis à New York pour devenir acteurs. Il s'est également remémoré une leçon inoubliable d’Anthony Manino qui lui a demandé de compter des cintres. «Il me dit : “il y en a combien ?” J’ai dit : 30. Il rétorque : “Tu es sûr ?” Je réponds que non. Il me dit : “Pars et compte encore parce que devenir acteur c’est avoir un but et faire les choses avec sincérité. C’est la leçon que je donne encore aujourd’hui».