Tariq Ramadan,inculpé pour des viols qu'il réfute, lance une contre-offensive médiatique pour dénoncer un "traquenard", faisant un parallèle avec l'affaire Dreyfus, retentissant scandale français du XIXe siècle.
Après un silence médiatique, cette figure longtemps influente mais controversée de l'islam européen a exprimé, vendredi, sa volonté de "se battre", au cours d'une interview à la radio RMC et à la chaîne BFMTV qu'il avait lui-même sollicitée une dizaine de jours auparavant.
"Je me suis tu à un moment donné (...) puisque le tribunal populaire et le tribunal médiatique m'ont déterminé comme coupable", a-t-il expliqué.
Tariq Ramadan a balayé les accusations des plaignantes, s'appuyant notamment sur des SMS - qui figurent dans le dossier d'instruction - de l'une d'elles.
Alors qu'une autre femme affirme avoir été violée le 23 mai 2014 par l'islamologue et un de ses amis dans un hôtel de Lyon, il a assuré qu'il était ce jour-là "en train de donner une conférence à Baltimore devant 10.000 personnes". En fait, son intervention à ce congrès annuel s'est déroulée le 24 mai, selon le site internet des organisateurs.
Il s'est aussi posé en "victime d'un traquenard" en soulignant que plusieurs des plaignantes ou anciennes maîtresses ayant témoigné à charge se connaissaient.
Et bat en brèche toute idée d'"emprise" sur les plaignantes comme elles l'affirment. "La définition de l'emprise est devenue extensive. Dans le cas Ramadan, une femme consentante peut être violée avec son consentement", a-t-il dénoncé.
Disant avoir été "diabolisé" sur le plan intellectuel "pendant trente ans" avant d'être désormais dépeint comme "un homme violent", M. Ramadan a de son côté admis "une erreur" en mentant au sujet de ses relations intimes avec certaines plaignantes.
"J'ai voulu me protéger et protéger ma famille. (...) Mais mon mensonge est complètement différent du mensonge de femmes qui disent avoir été violées", a-t-il insisté.
La révélation de ses relations extra-conjugales avait fait voler en éclats l'aura dont Tariq Ramadan bénéficiait auprès d'une partie des musulmans.
"Dans ma vie, j'ai été en contradiction avec certains de mes principes. (...) Moi, j'ai fait mon examen de conscience et, à ceux que j'ai déçus dans la communauté musulmane, je leur présente mes excuses", s'est-il défendu.
"À côté de ceci, il y a un autre combat, il y a le combat pour l'innocence. Parce que, si on peut avoir des défaillances morales, ça ne veut pas dire qu'on est coupable", a-t-il ajouté.
Cette ligne de défense, il l'emploie également dans un livre à paraître le 11 septembre, intitulé "Devoir de vérité", dont l'AFP a pris connaissance. Il y relate la manière dont il a vécu l'affaire dans un texte teinté de méditations spirituelles.
Surtout, il y dresse un parallèle entre son cas et l'affaire Dreyfus, mêlant erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme à l'encontre du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort de haute trahison en 1894 avant d'être finalement réhabilité en 1906.