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« Cette pandémie majeure est peut-être une occasion à saisir pour, non pas reconstruire à l’identique, mais inventer un nouveau modèle de développement économique et social, plus inventif »

« Cette pandémie majeure est peut-être une occasion à saisir pour, non pas reconstruire à l’identique, mais inventer un nouveau modèle de développement économique et social, plus inventif »

L’édition 2020 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) montre que, pour la première fois depuis 2010, le niveau de gouvernance globale sur le continent africain recule. Comment expliquez-vous ces résultats étant donné que des progrès tangibles ont été enregistrés ces dernières années ?

Effectivement, et c’est important de le rappeler, le niveau de gouvernance globale sur le continent a progressé au cours de la dernière décennie. Ainsi, en 2019, 6 Africains sur 10 vivent dans un pays ou la gouvernance s’est améliorée depuis 2010.  On constate cependant que ces progrès ont ralenti depuis 2015, de sorte que, pour la première fois depuis 2010, on assiste à un recul du niveau global en 2019. C’est un recul léger de 0,2 points, mais il faut y prêter attention. Si on examine plus en détail les évolutions qui conduisent à cet état de fait, on constate que les progrès incontestables accomplis en termes de développement humain et d’opportunités économiques sont battus en brèche, ou en tout cas insuffisants.

L’indice Ibrahim signale que la pandémie de COVID-19 risque de détruire les gains acquis en termes de développements économique et humain. Pourriez-vous nous expliquer encore plus ce constat ?  

L’impact économique et social de la COVID-19 sur le continent est immense, plus préoccupant sans doute que l’impact sanitaire. La chute de la demande de matières premières, la mise à l’arrêt du tourisme et les retombées des mesures de confinement ont provoqué la disparition définitive de nombreuses entreprises et réduit encore davantage les perspectives d’emploi, voire de survie. La fermeture des frontières entre pays a accentué une crise alimentaire déjà très préoccupante. On prévoit d’ailleurs que pour la première fois depuis 25 ans, l’Afrique va entrer en récession. Face à ce choc exogène très fort, les ressources des gouvernements africains pour compenser les effets sont limitées, en tout cas beaucoup plus que dans les pays occidentaux ou asiatiques. Le risque est grand donc de voir s’arrêter, voire reculer, les progrès conséquents enregistrés depuis 2010 sur les plans du développement humain et des opportunités économiques.

Comment l’Afrique pourrait-elle gagner des points en la matière malgré le contexte actuel marqué par une crise sans précèdent ?

 L’histoire nous enseigne qu’aucun changement majeur de modèle ne se produit s’il n’est pas provoqué par une crise.  Cette pandémie majeure, qui a si soudainement mis à l’arrêt l’ensemble des économies du monde, est peut-être une occasion à saisir pour, non pas reconstruire à l’identique, mais inventer un nouveau modèle de développement économique et social, plus inventif, plus soucieux des personnes et de la planète, plus inclusif, plus équitable, plus vert. Je suis convaincue que l’Afrique, dont près de 70% de la population a moins de 25 ans, peut ici mettre à profit ses incontestables qualités de résilience, de dynamisme et d’inventivité.

Quelles sont vos recommandations pour emmener les États à combler les lacunes citées par l’Indice ? 

Faire confiance à la jeunesse, d’abord. Ensuite, assurer la progression équilibrée des dimensions relatives aux droits, a la démocratie, à l’espace de la société civile, et des dimensions relatives au développement économique et humain. Considérer que les avancées macro-économiques permettraient de compenser le reste est une erreur. Les résultats de l’édition 2020 de l’IIAG le démontrent avec force.

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