La perspective d'un nouveau confinement prend corps en France face à une deuxième vague "brutale" du Covid-19 qui pourrait même être "plus forte que la première", s'alarme Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement.
"On avait prévu qu'il y aurait cette deuxième vague, mais nous sommes nous-mêmes surpris par la brutalité de ce qui est en train de se passer depuis 10 jours", a-t-il souligné lundi à l'antenne de la radio RTL.
"La deuxième vague va probablement être plus forte que la première" et "beaucoup de nos concitoyens n'ont pas encore pris conscience de ce qui nous attend", a jugé M. Delfraissy en parlant d'une "situation difficile, voire critique".
Un nouveau record a ainsi été battu dimanche avec 52.000 cas positifs enregistrés en 24 heures, et leur nombre réel pourrait même tourner "autour de 100.000 par jour", selon le professeur.
Le nombre de malades en réanimation continue quant à lui de progresser, dépassant les 2.500, des chiffres qui n'avaient plus été atteints depuis mai.
M. Delfraissy voit "deux hypothèses" pour tenter de juguler cette deuxième vague.
La première est "d'aller vers un couvre-feu plus massif, à la fois dans ses horaires, dans son étendue au niveau du territoire national, et qui puisse également être mis en place le week-end". Si cela ne suffit pas, un confinement pourrait ensuite être envisagé.
La deuxième hypothèse est "d'aller directement vers un confinement, moins dur que celui du mois de mars", qui "permettrait probablement de conserver une activité scolaire et un certain nombre d'activités économiques", avec un recours accru au télétravail.
Lors de la première vague au printemps qui avait fait 30.000 morts, la France avait connu un confinement général de la population de deux mois. Le bilan total de l'épidémie s'élève actuellement à 34.761 morts dans le pays.
Depuis la mi-octobre, un couvre-feu est en place de 21H00 (20H00 GMT) à 06H00 du matin dans de nombreuses villes et régions. Il a été étendu ce week-end et concerne désormais 46 millions de Français soit les deux tiers de la population.
"Un reconfinement paraît plausible, il a été fait en Israël, en Australie avec beaucoup de succès", a également jugé l'épidémiologiste Antoine Flahault sur la chaîne télévisée BFMTV.
"Si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas -10% de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie", a toutefois mis en garde le président du patronat français Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Lors de la première vague, des patients de régions très touchées avaient été transférés dans des endroits moins atteints pour réduire un peu la pression. Mais ces transferts sont plus compliqués à mettre en oeuvre cette fois-ci car la deuxième vague touche tout le territoire, avertissent les spécialistes.