Plusieurs études publiées mardi n'ont pas permis de trancher sur l'efficacité du tocilizumab, un médicament dont on espérait qu'il pourrait lutter contre l'hyper-inflammation responsable des cas les plus graves de Covid-19 et réduire la mortalité.
Les résultats de trois études de qualité ont été publiées mardi dans la revue américaine «Jama Internal Medicine» : une grande menée dans une soixantaine d'hôpitaux américains, et deux plus petites en Italie et en France, chez des malades relativement graves du Covid-19, mais pas en état critique requérant une intubation.
La conclusion, telle que résumée par le docteur Jonathan Parr, de l'université de Caroline du Nord, dans un éditorial: les études française et italienne «suggèrent un rôle potentiel pour le tocilizumab contre le Covid-19, mais ne fournissent pas de preuves claires d'efficacité», contrairement à l'étude américaine.
Mais l'étude américaine, dite «d'observation», n'a pas comparé le médicament, qui est donné en intraveineuse, à un traitement standard, ce qui aurait permis de conclure sur une éventuelle relation de cause à effet.
A l'inverse, les études française et italienne étaient «randomisées», c'est-à-dire que la moitié des malades ont reçu le médicament, tandis que l'autre moitié recevait les traitements habituels, ce qui a permis de réellement vérifier l'efficacité du tocilizumab.
«Ces résultats ne permettent pas de justifier l'utilisation de routine du tocilizumab contre le Covid-19 dans la plupart des centres», poursuit le docteur Parr, qui dit préférer attendre les résultats des cinq autres essais randomisés en cours, notamment le très grand mené au Royaume-Uni, l'essai Recovery.
Le tocilizumab (anticorps monoclonal) vise à traiter la deuxième phase de la maladie, quand le coronavirus provoque chez les patients une sur-réaction immunitaire aux conséquences potentiellement désastreuses pour les organes, notamment les poumons. Il est immunosuppresseur, et est utilisé par ailleurs contre la polyarthrite rhumatoïde.