La pandémie de Covid-19 a des effets «dévastateurs» pour les finances du rugby mondial, a expliqué lundi Brett Gosper, le directeur général de World Rugby, transformé en «banque centrale» pour des fédérations en souffrance. La crise sanitaire «a été dévastatrice d'un point de vue des revenus», a déclaré l'Australien, N.2 de la Fédération internationale, en visioconférence.
Les pays européens, particulièrement touchés par le virus, l'ont aussi été économiquement en raison du huis clos imposé pour permettre la poursuite des compétitions. Les matches de la Bledisloe Cup entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où la circulation du virus a été plus maîtrisée, ont en revanche pu se dérouler devant du public.
«Les Fédérations avec les plus gros revenus sont les plus en difficulté, vu les pertes engendrées (..) Plus (leur trésorerie) repose sur les revenus tirés des hospitalités et de la billetterie, plus ce sera dévastateur», a résumé Gosper, qui espère qu'un retour à une certaine forme de «normalité, quelle qu'elle soit» en 2021 puisse sauver le rugby mondial.
Pour les aider, la fédération internationale agit «comme une banque centrale» en «avançant des liquidités» pour que ces fédérations puissent honorer leurs créances. «Nous avons provisionné 100 millions de dollars (86 M d'euros) que nous sommes en train de distribuer à environ 30 Fédérations», a indiqué le dirigeant de World Rugby.
Parmi les pays aidés, la «majorité» des fonds «va vers les fédérations du top 10 (les pays du Tournoi des six nations et du Rugby Championship, NDLR) parce que c'est là que se trouve la majorité des revenus» du rugby mondial, a justifié Gosper. Ces pays «génèrent beaucoup d'argent pour les autres fédérations, pendant la Coupe du monde ou ailleurs.»
Heureusement pour World Rugby, la Coupe du monde organisée au Japon fin 2019, la plus rentable de l'histoire selon le cabinet d'audit EY avec plus de 4 milliards d'euros de retombées économiques et 46.000 emplois créés ou conservés, a pu se tenir juste avant le début de la pandémie. «Nous sommes très chanceux, nous avons bouclé une Coupe du monde juste à temps», a souligné Gosper dont l'organisation a baissé de 10% ses dépenses sur son cycle quadriennal, auparavant à hauteur de 600 millions de dollars (516 millions d'euros).
Et le prochain Mondial ne se tiendra en France qu'en 2023, avec l'espoir qu'un vaccin ait d'ici là mis fin à la crise sanitaire. «Donc nous pouvons être relativement optimistes. Nous avons pris nos précautions, changé nos prévisions, coupé sensiblement dans les budgets», a-t-il ajouté.
Concernant les éditions 2027 et 2031, dont les organisateurs seront désignés simultanément, Gosper a apporté son soutien à une candidature des Etats-Unis. «C'est un marché avec un potentiel de croissance énorme, en termes de joueurs, de spectateurs comme de revenus commerciaux.»