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L’innovation et la numérisation post-covid-19 ... plus qu'une nécessité

L’innovation et la numérisation post-covid-19 ... plus qu'une nécessité

Par Anwar Zibaoui, Coordinateur Général de l’ASCAME 

Douze ans après la crise financière mondiale, nous sommes confrontés à une situation inédite. Un tsunami sans précédent a confiné des millions de personnes dans leurs maisons, a secoué les marchés boursiers, a fermé des entreprises, des marchés, des restaurants et des rues, paralysant nos économies. Les précédents historiques révèlent qu'une telle situation pourrait modifier les systèmes politiques et économiques, reconfigurer les idées et les théories et imposer des changements radicaux à notre façon de vivre.

À cette occasion, l'innovation et la technologie numérique ont été les alliés inattendus qui ont contribué à alléger l'impact de la Covid-19 sur les personnes, les entreprises et les gouvernements. Au milieu du chaos, une nouvelle ère basée sur le numérique est en train d’émerger, créant de nouvelles opportunités. Mais les avantages de la technologie ne sont pas répartis de manière égalitaire, car plus de 3,6 milliards de personnes sur la planète n'ont pas encore accès à l'internet. Dans l'économie informelle, le télétravail n'existe pas. Pour des millions d'enfants, l'accès à l'éducation en ligne est un rêve lointain.

Il est temps de réagir de manière coordonnée aux nouveaux défis, car l'innovation et la numérisation sont là pour rester. Leur mise en œuvre s'est accélérée et il n'est plus possible de revenir en arrière. Elles ont changé notre façon de travailler, d'apprendre, d'acheter et d'établir des relations. Nous devons nous préparer à ce que l'on appelle la nouvelle normalité.

Jamais auparavant l'agenda numérique a été si nécessaire et vital. Il ne s'agit pas seulement d'une réponse immédiate à l'impact de la Covid-19, mais aussi d'un élément essentiel pour stimuler la recherche et l'innovation. Les modèles économiques actuels sont essoufflés par la rapidité du changement. Nous sommes dans l’époque de la mondialisation, du changement climatique, des pandémies, de la transformation numérique, de l’économie collaborative, de la concentration urbaine et de l’exode rural. Ce sont de nombreux changements que les gouvernements s'efforcent de réglementer. Cependant, cela implique également de nouvelles divergences et polarisations entre les économies et les sociétés. C'est pourquoi de nouvelles réponses sont nécessaires.

Le changement technologique menace l'emploi, mais il crée aussi des alternatives. Les relations au travail, entre les entreprises, les salariés, les services, la mobilité, sont en pleine évolution. La seule clé du progrès est d'améliorer l'innovation et l'éducation. Comme pour tout le reste, l'avenir de l'Europe, de l'Afrique et de la Méditerranée réside dans l'adaptation, le partage d'expériences et dans la collaboration.

Suivant le modèle actuel, les gouvernements méditerranéens se concentrent sur la création d'emplois plutôt que sur la création d'entreprises. Un modèle obsolète qui consiste à lancer des programmes publics d'emploi massifs au lieu de financer et d'investir dans des entreprises performantes qui créent des emplois. Il est évident que le progrès économique est directement relié aux activités de formation, de recherche et d'innovation, et qu'il existe une corrélation entre le progrès social et l'activité des entreprises.

Le cycle de vie des entreprises doit apprendre à des nombreux pays que le secret de la jeunesse éternelle réside dans l'innovation constante. Les gouvernements doivent équilibrer les dépenses et investir dans des infrastructures matérielles telles que les routes, les chemins de fer ou les ports. Toutefois, ils doivent également investir dans des actifs incorporels tels que l'éducation, la recherche et le développement. La R&D est le principal moteur de la construction et de la consolidation d'une économie de la connaissance et de la mise en œuvre d'une culture de la créativité dans laquelle les jeunes puissent s’inspirer, transformer leurs idées, élever leurs ambitions et poursuivre leurs rêves.

L'esprit d'entreprise et le secteur privé peuvent favoriser l'adaptation à la technologie et à l'innovation, être le moyen de faire participer les jeunes et de faire progresser. Un nouvel état d'esprit, une nouvelle attitude, la mobilisation de l'énergie des jeunes, des idées nouvelles, doivent être encouragés, car ils sont porteurs d'opportunités. L'innovation est un levier pour la création de valeur car elle transforme notre façon de faire des affaires et possède un effet multiplicateur sur la croissance d'une nation et de ses entreprises.

L'innovation est la voie du développement et de la survie. Le modèle de croissance d'une entreprise ou d'un pays. La technologie est déjà là, mais elle ne constitue pas à elle seule la réponse. Elle est un catalyseur et un accélérateur de nouvelles façons d'être et de faire. Pour pouvoir créer de la richesse et assurer un avenir, l'innovation n'est pas une option, mais une nécessité.

La région méditerranéenne devra créer des centaines de millions de nouveaux emplois au cours des trois prochaines décennies. Ce défi représente une opportunité pour la région de transformer ses économies et d'exploiter la créativité de son importante population de jeunes et le pouvoir perturbateur de la technologie pour créer de la richesse.

Qu'on le veuille ou non, les lignes de production nécessiteront de moins en moins de main-d'œuvre grâce à des machines plus efficaces, à l'automatisation et à la robotique. En outre, la prochaine vague apportera davantage d'intelligence artificielle, d'impression 3D et de nouvelles capacités qui rendront tout travail supplémentaire inutile. Nous savons déjà que 8 emplois sur 10 seront perdus en raison des nouvelles technologies (et non de l'immigration ou de la mondialisation), que 64 % des emplois existants aujourd'hui seront automatisés et que 66 % des emplois des 10 prochaines années n'ont pas encore été inventés.

La transition vers la quatrième révolution industrielle, combinée à une crise de gouvernance, rend impératif de reconsidérer en profondeur le capital humain et d'adapter l'éducation au marché du travail afin de parvenir à la prospérité et à la stabilité. Les nouvelles technologies numériques génèrent une nouvelle compétitivité qui, pour l'instant, n'atteint pas beaucoup de pays méditerranéens. Pour la région, une transition réussie garantirait la compétitivité des entreprises et serait un facteur déterminant pour la consolidation industrielle régionale. Ne rien faire risque d'avoir un impact négatif sur sa croissance et sa productivité futures.

Dans cette région, le défi économique le plus immédiat n'est pas la diversification ou de nouveaux régimes fiscaux, mais la création d'emplois productifs et durables pour sa jeunesse. Dans le même temps, elle doit être dotée de la combinaison de talents et de compétences qui fera de l'industrie 4.0 un générateur de richesse et de paix sociale. Nous devons nous préoccuper du niveau de formation de la main-d'œuvre et de son caractère quantitatif et qualitatif. Les facteurs qui nous permettent de mieux l'évaluer aujourd'hui sont le développement de la culture numérique, les compétences et la capacité à penser de manière créative.

La région dispose d'un énorme capital humain à développer. L'éducation, la stimulation du secteur privé et la compréhension de cette révolution technologique seront les ingrédients clés du succès. Il s'agit d'une tâche complexe qui nécessitera un large consensus social et une action déterminée des gouvernements.

Le potentiel numérique est illimité, ce qui représente une opportunité pour la Méditerranée. Un grand marché à croissance rapide. Un hub d'innovation, de créativité et d'esprit d'entreprise. Les jeunes disposent des ressources nécessaires pour trouver des solutions aux problèmes urgents.

Laisser la Méditerranée en arrière dans la transformation numérique n'est pas une option. Le rythme de la quatrième révolution industrielle n'attendra personne. À mesure que les États-Unis et l'Asie progressent, l'Europe et la Méditerranée doivent se forger leur propre identité. Aujourd'hui, le déséquilibre est évident, et tout ce qui empêche une amélioration de la capacité d'innovation conditionne l'avenir.

La principale clé de l'innovation est la formation. Les entreprises qui investissent dans leurs employés pour leur fournir les connaissances nécessaires sont celles qui se développent. Les gouvernements doivent faire de même, en améliorant les qualifications et en encourageant l'innovation dans tous les secteurs clés de l'économie et dans le système éducatif. S'ils cessaient d'investir dans l'éducation des nouvelles générations, ils les condamneraient à dépendre des autres pour la vie.

Il est indispensable de mettre en place une nouvelle plate-forme de partenariat qui rassemble les gouvernements, les entreprises et les autres parties prenantes de la coopération public-privé en Méditerranée, facilitant un dialogue progressif qui comprenne et respecte les valeurs et la culture de la région.

L'investissement dans la jeunesse est nécessaire pour débloquer le dividende démographique dans une région où les intérêts des gouvernements, du secteur privé et des organisations internationales sont pleinement alignés. Cela demande aujourd’hui une action commune de tous pour assurer la prospérité de la région à l’avenir.

Cette crie passera, mais nous ne devons pas oublier que l'innovation et la numérisation sont la voie de la survie et du développement, le carburant d'un progrès constant et le modèle de croissance d'une entreprise, d'une nation ou d'une région.

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