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Confinement-Déconfinement : Les Marocains entre devoir collectif et inquiétudes financières

Prolongement du confinement sanitaire obligatoire, ou pas prolongement ? that’s the question ! En tout cas, si beaucoup de Marocains ne sont pas contre un éventuel prolongement de l’état d’urgence sanitaire, vue la situation encore difficile de la pandémie, ils affichent tout de même leurs profondes inquiétudes à propos de leurs conditions financières qui se dégraderont surement davantage. Et si confinement il y aurait, mieux vaut qu’il soit rigoureux et efficace.

Confinement-Déconfinement : Les Marocains entre devoir collectif et inquiétudes financières

25 jours de confinement sanitaire obligatoire. Pas de visites familiales, pas de virées entre copains, pas de petits cafés «dans une tasse» au café du quartier, pas de matchs de foot au stade, pas de lèche-vitrines au mall, pas de sorties sans raisons valables, voire pas de travail pour plusieurs… Cloitré entre quatre murs, et dans les meilleurs des cas, des aller-retours hâtifs au marché, chez l’épicier, à la pharmacie, ou au travail : la période est vraiment longue et dure à supporter.

Et à l’approche très lente de la supposée fin de cette mesure de lutte contre la propagation du Covid 19, prévue initialement le 20 avril prochain, les espoirs de liberté grandissent. Finalement, l’on va peut-être re-goûter aux petites «évidences» de la vie quotidienne.

Hélas, les 125 nouveaux cas d’infection au coronavirus enregistrés lors des dernières 24 heures (mardi 14 avril à 18h), portant à 1.888 le nombre total des cas de contamination, les 126 décès enregistrés depuis le début de la pandémie, ainsi que les 22.542 individus interpellés par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) pour plusieurs violations des mesures de confinement en vigueur, nous rappellent tristement à l’évidence. La propagation croissante de la pandémie et le nombre hallucinant des décès à l’échelle internationale, surtout chez les voisins européens, nous rappelle incontestablement à l’ordre. Tout compte fait, la fin du confinement n’est probablement pas pour le 20 avril.

Autres indices annonciateurs du prolongement : Les allusions du Chef du Gouvernement Saâdeddine El Otmani qui a demandé aux citoyens de patienter quatre autres semaines, suivies du discours du Président français, Emanuel Macron, annonçant, le 13 avril dans la soirée, le prolongement du confinement dans l’Hexagone jusqu’au 11 mai prochain. Surtout que plusieurs décisions du Gouvernement marocain à propos de l’état d’urgence sanitaire donnaient l’impression qu’elles étaient calquées sur celles du Gouvernement français.     

Un «malheur» qui fera du bien

Bon gré, mal gré, les Marocains se préparent désormais au prolongement du confinement. Mais sont-ils vraiment d’attaque pour cette nouvelle épreuve ?  

«Je vais mourir ! J’étouffe et si cela va continuer, je crois que je dois faire appel à un psy», lâche, sans trop réfléchir, Ibtissam, jeune casablancaise, travaillant dans une grande entreprise. «Mais on n’a pas d’autres choix. Ca y va de la sécurité du pays», se rattrape-t-elle. 

Le prolongement du confinement ne surprend absolument pas Nihad, lauréate de l’ENCG et commerçante travaillant à son compte, surtout que la courbe des personnes touchées continue à progresser. «Je suppose que le prolongement serait une décision logique, surtout que plusieurs n’ont toujours pas compris la gravité de la situation. L’inconscience de certains citoyens rend la tâche difficile aux autorités dans leur mission de maintenir le bon déroulement du confinement. Et cela m’inquiète sérieusement», souligne Nihad.

Pour Mohamed, Manager d’une agence de relations publiques, la période de confinement doit être reconduite. «Cela nous permettra de minimiser les dégâts en termes de nouvelles contaminations».

Inquiétudes légitimes

L’acceptation du prolongement du confinement sanitaire par les Marocains, au vue de la gravité de la pandémie qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, est corrélée avec de sérieuses inquiétudes d’ordre financier de leur part. Certes les mesures d’accompagnement de l’Etat en vue de diminuer l’impact négatif et la pression sur les bourses des ménages sont louables, mais elles ne peuvent, en aucun cas, satisfaire à tous les besoins habituels des citoyens, surtout ceux qui sont carrément en chômage forcé, ou risquant la perte imminente de leurs emplois. «Je suis vraiment inquiet parce que, financièrement parlant, je ne peux pas supporter le prolongement du confinement. Je pense également aux autres citoyens des classes sociales démunie, et même moyenne, qui ne seront plus en mesure de maintenir le cap dès les premières semaines qui suivront le prolongement», reconnait Kamal, jeune cadre en congé forcé, qui avoue quand même qu’il reste compréhensif et persuadé que le confinement est la seule solution pour éradiquer le Covid 19.

Même son de cloche pour Marouane, père de famille travaillant dans l’informel. «Ce sont les personnes gagnant leurs vies au jour le jour qui seront les plus touchés. Le prolongement du confinement aura pour eux le même impact que celui de la confirmation de la sentence pour un accusé après qu’il ait interjeté appel. De toute façons, nous n’avons pas le choix, même si cela peut provoquer, en plus des soucis financiers, des crises psychiques pour certains», avance-t-il. Et de poursuivre : «Je pense également à tous nos combattants du front, notamment le corps médical et les éléments des forces de l’ordre, qui vivent déjà sous une pression énorme et avec un rythme dur et effréné. Le prolongement va accroitre leur souffrance et sera une rude épreuve à leur force physique et mentale».  

De son côté, Mohamed, le manager, voit la situation sous un autre angle, plus large.  «Un confinement prolongé affectera, sans aucun doute, l’activité économique du pays, qui est déjà instable depuis quelques semaines. Seules les entreprises les mieux structurées arriveront à maintenir un certain rythme de rentabilité grâce au télétravail», indique-t-il. 

Prolongement oui, mais aussi efficacité

Si les Marocains, conscients du danger, ne sont, plus ou moins pas, contre le prolongement du confinement, ils s’accordent en revanche à demander un confinement efficace. «Je suis d’avis de prolonger le confinement mais à condition que toute l’activité du pays s’arrête sans exception. Tous les citoyens, mais vraiment tous, doivent rester chez eux pour pouvoir cerner le virus, quitte à utiliser la force pour les en dissuader. Comme ça, après une ou deux semaines, nous pourrons revenir à nos boulots une bonne fois pour toute», propose Ibtissam. Même approche chez Marouane. «Si nous allons juste nous cacher dans nos maisons sans autres mesures de lutte contre la propagation du virus, notamment les tests massifs de dépistage, il vaut mieux nous laisser sortir. Parce qu’in fine, après la fin de la période du prolongement, on va se retrouver au point départ avec un autre re-prolongement», appréhende Marouane qui propose également des mesures rigoureuses et persuasives pour forcer le respect du confinement de la part des récalcitrants.

Youssef, fonctionnaire et père de trois enfants, résume bien les choses… par une citation : «Mieux vaut prendre le confinement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge». Bien dit Youssef.

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