Incontestablement, l’espoir fait vivre… même en temps de sale pandémie. Et ceux qui croient que toute personne atteinte du Covid-19 serait terrassée, déprimée ou morte de peur, seraient déçus par notre jeune homme (qu’on va appeler Anas dans ce témoignage, par respect pour sa condition de garder l’anonymat). Loin s’en faut. Hospitalisé avec son père, sa mère, sa sœur ainée (19 ans) et sa sœur cadette (8 mois), depuis une dizaine de jours dans un établissement sanitaire casablancais, Anas essaye de rester zen, garde le moral et, fait agréablement surprenant, suit ses cours à distance.
Hier mardi 14 avril dans l’après-midi, notre jeune lycéen en première année du baccalauréat (option Sciences expérimentales), a même passé un examen en langue française. Contre toutes attentes, Anass affirme qu’il se sent «très bien».
Pourtant, le quotidien d’Anas est loin d’être tout ce qu’il y a d’ordinaire pour un adolescent de 17 ans, habitué aux jeux vidéo, aux grands espaces et aux escapades avec les copains. Le tout agrémenter d’un zest de rébellion et de nonchalance.
Depuis son arrivée à l’hôpital, Anas essaye tant bien que mal de gérer sa situation. Heureusement pour lui, il passe son séjour hospitalier en chambre commune avec les quatre autres membres de sa famille, qui, Dieu merci, ne souffrent physiquement pas beaucoup de la maladie. «Nous sommes bien accueillis et le service est impeccable. Médecins et infirmiers s’occupent bien de nous, et surtout de ma petite sœur qu’ils trouvent mignonne», souligne Anas, dont tous les membres de la famille veillent, sous l’œil vigilent du corps médical, à suivre le traitement à la lettre et prennent un régime alimentaire spécial. Le reste de la journée, «le téléphone nous est d’un grand secours. Mon père et ma grande sœur passent leur temps à tapoter sur leurs GSM, ma mère à s’occuper de ma petite sœur, à dormir ou à consulter, elle aussi, son téléphone et moi à suivre mes cours à distance, à réviser mes leçons et, comme le reste de la tribu, à m’amuser avec mon téléphone», décrit-il. Et d’ajouter : «Nous essayons de garder le moral en nous éloignant des pensées négatives, en nous racontant des blagues et en nous amusant un peu. Les médecins nous ont également conseillé de faire un peu d’exercice physique pour rester en forme».
«Mektaba» !
Avant même d’être testé positif au Covid-19, Anas avait une peur bleue de la pandémie. Excepté son père qui devait continuer de travailler pour des raisons impératives, toute sa famille était complétement confinée, et ce depuis le tout début de l’état d’urgence sanitaire au Maroc.
Le quotidien d’Anas a changé le vendredi 3 avril quand son père a présenté des signes avant-coureurs de la maladie, notamment de la fièvre, des courbatures ainsi que la perte du goût et de l’odorat. S’en suivent angoisse, des tests qui s’étaient révélés positifs et, dans la foulée, hospitalisation le dimanche 5 avril.
Malheureusement, les mêmes symptômes sont apparus rapidement chez la maman, puis chez le reste des membres de la famille. Et rebelote : angoisse, tests, résultats positifs, puis hospitalisation collective le lundi 6 avril.
«Je n’étais pas du tout choqué, ni surpris. Et je n’ai eu aucune réaction», raconte Anas, qui aime bien afficher, en plus de son courage, son tempérament «froid et insensible», dus probablement à son jeune âge et son côté «je suis bad boy».
Par précaution, plus d’une trentaine des collègues du père d’Anas, avec lesquels il était en contact, ont par la suite subit des tests au Covid-19, qui se sont heureusement tous révélés négatifs. Quel soulagement.
Décidemment, le «mektoub» a des règles propres à lui, en plus de ses voies capricieuses impénétrables.
Vivement la liberté
Ennuyé ? Naturellement, répond Anas, qui reconnait que sa liberté, son confort quotidien et ses jeux vidéo lui manquent énormément. «Tout le reste, notamment amis, football, fast food… ne me manque pas beaucoup, puisque je sais que je vais le ré-avoir une fois guéri et sorti de l’hôpital», affirme-t-il, en précisant que la première chose qu’il ferait après sa sortie de l’hôpital est «crier à pleins poumons», en guise de délivrance. Puis, après la fin du confinement sanitaire obligatoire, il a une folle envie d’aller à la plage, courir un peu et peut-être piquer une tête.
Mais en attendant ce beau jour que nous espérons très proche, Anas ne manque pas de rappeler, à qui veut l’entendre, que le Covid-19 n’arrive pas qu’aux autres et qu’il est très facile d’être infecté. «S’il vous plait, soyez prudents avant de le regretter, parce que la maladie se propage d’une manière dangereusement rapide et vous pouvez l’attraper très facilement».
Récalcitrants au confinement, suivez mon regard !