Et il faut dire que tout ce beau monde n’a pas été déçu. Car, le film en valait le détour. Vu les vifs applaudissements et les félicitations chaleureuses à la fin de la projection, on peut dire que Mohamed Ismail a gagné le pari. Il a encore une fois mérité l’estime de tous et confirmé sa réputation de grand réalisateur. « Je me sens libéré d’un lourd fardeau. Avant la première projection, il y a toujours cette appréhension de la réaction du public. Mais avec la joie que je vois dans les yeux du public et de mes amis cinéastes, toute cette fatigue va se dissipe et avec elle cette peur de ne pas pouvoir réaliser ce film. Ce sentiment m’avait accompagné tout au long de ce projet», souligne Mohamed Ismail qui est passé par des périodes très difficiles avec cette production. En effet, avec une subvention du CCM de trois millions de dirhams, il était difficile de mener à bien le projet de ce film. « Je devais refuser ce budget et ne pas réaliser le film, mais c’est un défi que je me suis lancé en réponse aux gros budgets alloués à des films qui ne les méritent pas ». Ainsi, c’est avec le peu d’argent qu’il a reçu et des efforts personnels, ainsi que ceux de toute l’équipe que le film « La Mora, l’amour au temps de guerre » a vu le jour. Car, il faut dire que l’entreprise de Mohamed Ismail n’était pas chose aisée. Ce dernier a frappé à plusieurs portes sans succès à telle enseigne qu’il se trouve à présent dans une impasse financière. Mais le jeu en valait la chandelle. Le succès que le film vient de connaitre lors de sa première projection au Festival National du Film dans sa 21ème édition est un petit rayon d’espoir qui illumine sa voie et l’encourage à aller de l’avant.
Un succès éclatant grâce au casting bien choisi et à l’histoire que le long métrage rapporte, se basant sur des faits historiques, racontant les péripéties des soldats marocains partis en Espagne pour combattre auprès de Franco lors de la guerre civile espagnole. Ces militaires étaient connus sous le nom de «Moros».
« Ces militaires, je les voyais chaque jour alors que j’étais encore enfant. Ils étaient presque tous invalides. Quand on m’a proposé le scénario, je n’ai pas hésité une seconde à le prendre pour rendre hommage à ces gens. J’espère que ce film pourra changer quelque chose. Sachant que le scénario raconte la participation de soldats marocains à cette guerre ».
Parmi ces soldats, dont parlait le film, il y avait Choaib qui s’est épris de Maria. Cette relation d’amour entre le soldat marocain et la jeune espagnole a donné comme fruit Rosa qui est née et qui a grandi en Espagne. Prenant connaissance d’une lettre laissée par sa mère décédée, elle décida un jour de se rendre au Maroc pour faire connaissance avec sa famille paternelle. Elle découvre par la suite les raisons atroces du décès de son père. Toute une réalité qui fait partie de l’histoire du Maroc et que le réalisateur a estimé qu’il était opportun de la faire découvrir aux Marocains. Et ce, à travers des personnages qui ont magnifiquement campé leur rôle, comme Farah El Fassi, Mehdi Foulane, Hajar Boulayoun, Mohamed Assou, Abdelilah Iramdane, Farouk Aznabet, Abbes Kamil, Salah Dizane et Morad Oussaadane. Un grand bravo à eux et à celui qui les a dirigés.