La stratégie de lutte contre la Covid-19 repose sur une intensification de sa détection, grâce à la combinaison des tests PCR, d’une part, pour repérer les individus porteurs du virus, potentiellement « contaminateurs » et futurs malades et, d’autre part, les tests sérologiques, pour identifier les personnes ayant développé des anticorps contre le coronavirus et donc contracté l’infection, même sans avoir eu de symptômes. Selon l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), par la voix de sa présidente le Dr Moussayer Khadija: le problème est, qu’en dépit de ces tests, ce virus sait se « cacher » pendant la période d’infectiosité. Raison pour laquelle, il devient nécessaire de rappeler et préciser la portée de ces tests, leurs éventuelles limites et les moyens mis en œuvre par les autorités sanitaires pour contrecarrer justement ces limites.
Le test virologique (RT-PCR) : sa négativité ne garantit pas qu’une personne ne soit pas infectée
Le test PCR est une technique permettant à partir de fragments de matériel génétique de les reproduire en grande quantité pour que le virus soit plus facilement identifiable. Malgré sa très haute spécificité, c’est-à-dire sa capacité à ne détecter que les porteurs de ce type de virus, proche de 100 %, et sa bonne sensibilité à réagir à la présence du virus, sa fiabilité dépend de nombreux autres facteurs, y compris humain.
Le prélèvement exige en effet d’aller recueillir des cellules au fond des muqueuses de l’arbre respiratoire en enfonçant un écouvillon dans le nez jusqu’à l’arrière de la tête. Faute de quoi, le test risque d’être inopérant. Pour compliquer la situation, le virus est parfois indétectable dans les voies respiratoires supérieures mais présent dans les poumons !
A cause de ces deux « écueils » principalement, l'AMMAIS estime que la fiabilité du test se situe entre 60 et 80 %, des résultats d’ailleurs assez proches de ceux constatés dans d’autres infections comme la grippe (influenza).
L'association cite une étude, réalisée par des biologistes de la Johns Hopkins Medicine, confirmant les difficultés à partir des résultats de 1.330 prélèvements. Les chercheurs ont établi que les sujets infectés présenteraient : majoritairement un test négatif (67 % au 4ème jour de la contagion) dans les 4 jours suivant la contamination ;
-un taux de faux négatifs de 38%, le jour de l’apparition des symptômes ;-les tests les plus fiables 8 jours après la contamination et, en moyenne, 3 jours après la survenue des symptômes, avec un taux de faux négatifs qui reste néanmoins de 20%.Les Tests sérologiques : un outil de surveillance épidémiologique avant tout
Ces tests, par prise de sang, sont recommandés dans 3 situations , estime l'AMMAIS:
-en complément d’un test PCR négatif, pour confirmer une infectiosité dès lors qu’un patient présente des symptômes ;
-en détection d'anticorps chez les professionnels soignants et chez les personnels dans les grandes entités d’hébergement collectif et/ou de vie collective (établissements sociaux et médicosociaux, prisons, casernes, résidences universitaires, internats, entreprises, etc.) non symptomatiques, en complément du dépistage et de la détection de personnes-contacts par RT-PCR ;-et comme outil de surveillance épidémiologique de la présence du virus.