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Mardi 19 Mars 2024
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Royal Air Maroc : La demande incroyable de l’AMPL

L’association des pilotes de ligne ne demande ni plus ni moins que réembaucher les pilotes déjà indemnisés pour un départ volontaire ou en vertu de la procédure légale de licenciement pour motifs économiques. Cette procédure a été prise par la compagnie aérienne, en parallèle à d’autres mesures, dans le cadre d’un plan de restructuration initié depuis le début de la crise et qui se poursuit en l’absence d’indicateurs positifs de reprise.

Royal Air Maroc : La demande incroyable de l’AMPL
Ph. shutterstock

C’est une évidence aujourd’hui. L’industrie du transport aérien traverse la crise la plus importante de son existence, qui aboutira certainement à une transformation en profondeur du business model du secteur pour aborder les défis à venir. De surcroit, la structure financière des compagnies aériennes est particulière, puisqu’elles ne disposent pas de réserves étendues de liquidités à l’image d’une bicyclette, si elle arrête de rouler, elle tombe.  « L’arrêt prolongé de l’activité aérienne ayant entrainé une interruption de l’approvisionnement en liquidités originellement limitées face à des charges lourdes et incompressibles, les compagnies se sont rapidement retrouvées en grave crise de liquidité », note une source informée. Et d’ajouter que « Ces insuffisances poussent les compagnies à réévaluer leurs modèles d’activités et à envisager des restructurations conséquentes pour survivre à cette période trouble ». En résumé, la réduction des effectifs, le redimensionnement des activités et délestage d’une partie de la flotte, font partie des mesures prises par l’ensemble des compagnies aériennes du monde. ». On estime le nombre d’avions d’occasion mis à la vente, à 18.000 unités. D’où une annulation des commandes d’avions neufs, ce qui a amené les constructeurs comme Boeïng et Airbus à déclencher des plans sociaux de réduction de dizaines de milliers de salariés, avec une tâche d’huile qui s’est étendue à leurs sous-traitants de par le monde.

Face à la crise, une restructuration s’est imposée

Une réalité à laquelle la RAM n’a pas échappé au vu de la situation épidémiologique du Royaume. « Les principaux indicateurs sont au rouge avec un CA prévisionnel de 7 milliards de dhs à fin octobre 2020 soit 9 milliards de moins par rapport à 2019. Le résultat net est de – 4 milliards de dhs », révèle la même source. Pour gérer cette situation de crise inédite, la compagnie a eu recours à un ensemble de mesures qui vont de l’ajustement de l’offre, à la réduction des charges fixes, au recouvrement des créances ou encore à la réduction de la flotte d’avions. Ainsi, et pour faire face à la baisse d’activité qui nécessitera au maximum 38 avions pendant les deux prochaines années, certaines mesures s’imposaient : annulation de la desserte de certaines destinations, fermeture d’agences et représentations à l’étranger, retrait de 20 avions de la flotte et une réduction de l’effectif salarié. Cette dernière mesure avait été lancée d’abord sur la base d’un plan de départ en engageant le dialogue avec les partenaires sociaux. Cette opération s’est soldée par le départ de 142 personnes en commun accord avec le management de la compagnie nationale. Mais, en raison de l’ampleur de la crise et constatant qu’aucune reprise n’a eu lieu et que le futur reste incertain, la décision a été prise de recourir au licenciement pour motifs économiques. Ainsi, et après l’obtention des autorisations des autorités compétentes, la compagnie a procédé aux licenciements en août dernier et au règlement des indemnités prévues par le code du Travail. Cette opération a concerné 140 personnes dont 65 pilotes. Ceux-ci ont reçu, selon les confirmations de la direction de RAM, des indemnités nettes totalisant 360 millions de dhs, soit une moyenne de 4 millions de dirhams par pilote.

Mais que veut l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) ?

Une question qui parait légitime si l’on est conscient de la situation de crise et que l’on constate les multiples réactions de l’Association, notamment, sa dernière revendication de revenir sur les accords dûment conclus avec l’entreprise qui s’est acquittée de son dû envers les pilotes. Plus encore, l’association, dans un acte sans précédent, somme la compagnie d’opérer des baisses de salaires pour l’ensemble des salariés et de reprendre ceux dont elle s’était séparée amiablement ! Solution peu réaliste et contreproductive aux yeux du management de la RAM, car elle aboutirait à rémunérer une partie des effectifs alors qu’il n’y a pas d’activité et à sous-rémunérer une autre partie des salariés qui travaille à plein temps, d’autant plus qu’il n’y a aucune visibilité sur une reprise éventuelle de l’activité. L’AMPL, qui rappelle notre source, a plutôt un statut d’association et non de syndicat, s’embarquerait dans un exercice étrange de rétropédalage que même le ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, ne semble pas admettre. Dans une récente intervention à ce sujet devant la commission des secteurs sociaux, le responsable indique que « la délégation provinciale de son département a fourni un travail énorme pour traiter ce sujet à l’amiable, et que, conformément à la loi, la compagnie a présenté une demande à Mme le gouverneur de Hay Hassani pour obtenir l’autorisation de licenciement économique. La décision a été prise et ces collaborateurs ont reçu l’intégralité de leurs indemnités dans le respect des dispositions du code de travail. Le dossier est clos selon le ministre ». 

Selon des sources bien informées, la compagnie aérienne marocaine, et face à la persistance de la crise, n’écarterait pas une deuxième vague de licenciement si la conjoncture ne montre pas des signaux positifs de reprise.

 

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